Algérie

Le rassemblement des ex-militaires réprimé


Des membres de la Coordination nationale des retraités, blessés, radiés et ayants droit de l'ANP ont été réprimés, dans la matinée d'hier, après leur tentative de rassemblement devant l'APN.Ces ex-militaires ont été violemment chargés dans un fourgon cellulaire stationné devant le siège de l'APN, boulevard Zighoud Youcef. Des blessés sont déplorés parmi la dizaine de protestataires. Les images, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent le visage ensanglanté et tuméfié de l'un des coordinateurs du mouvement.
«Les policiers ont été sans pitié. Pourtant les gens s'étaient rassemblés pacifiquement. Ils ne pouvaient même pas être violents, même s'ils l'auraient, puisqu'ils sont sans jambes, ni bras?», enrage un membre de la coordination, ayant requis l'anonymat, faisant remarquer, en fin de journée, que quatre protestataires sont toujours retenus par la police.
Ces derniers jours, à l'appel de la Coordination nationale des retraités, blessés, radiés et ayants droit de l'ANP, des ex-militaires ont tenté de se rassembler dans la capitale. Objectif : soumettre leurs revendications à la tutelle liées, entre autres, à la revalorisation de leurs pensions de retraite, à la prise en charge médicale et à l'octroi de licences de taxi ou de café, de logements et des crédits bancaires à taux zéro. Postant une vidéo sur les réseaux sociaux, un membre de la coordination précise que l'«action rapide» devant l'APN a été décidée en cercle restreint. «Tenez-vous prêts. D'autres actions seront organisées», lance-t-il.
Une autre catégorie d'ex-militaires a tenté également de se rassembler, le 27 janvier, à Alger : les radiés. «Neuf membres de notre coordination ont été arrêtés. Ils ont été libérés au bout de trois jours. D'autres militaires ont été embarqués et ??refoulés'' vers leurs régions», signale Mustapha Midoun, originaire de Saharidj (Bouira), engagé dans l'armée au début des années 1990.
Membre actif de la coordination des radiés, cet ex-militaire, âgé de 46 ans et père de trois enfants, a été, signale-t-il, dans les effectifs de la 3e BFM ayant rejoint Alger en 1992. Envoyé dans la région de Zbarbar, il s'installe un moment à Alger, où il est intervenu à Heuraoua, Aïn Taya?, fiefs des sbires de Hassen Hattab (GIA). «On nous a transportés dans la région de Tadmait pour combattre dans les maquis de Sidi Ali Bounab.
J'y ai toujours des amis? A cette époque là, nous n'entendions même pas parler de congé. Certains ont fini par lâcher. Moi j'ai eu une dépression. Je me suis planqué à l'université de Tizi Ouzou, avant d'être arrêté par les services de sécurité et déféré à deux reprises devant le tribunal militaire», raconte Mustapha.
«La reconnaissance, rien que la reconnaissance !»
Ayant eu trois victimes du terrorisme dans la famille, Midouni a été incorporé, par la suite, dans le corps de la police communale, mais là aussi, il démissionnera de son poste d'adjoint chef du détachement «pour les mêmes motifs». «Nous sommes des moudjahidine. Nous portons notre pays dans le c?ur. Nous sommes les premiers à revendiquer nos droits en 2011, avant toutes les autres coordinations.
Nous voulons une chose : que la justice soit rendue à cette catégorie de militaires radiés», lance Midouni qui devait reprendre son poste à la police communale. D'autres actions de protestations sporadiques sont organisées dans certaines wilayas par les militaires «maintenus, appelés également 18+6». Mardi, la route reliant Constantine à Skikda a été fermée.
Dix jours plus tôt, un rassemblement a été organisé à Béchar. La Coordination nationale chapeautant ces ex-militaires retenus durant la période 1992-1996 annonce l'organisation d'un rassemblement national le 3 mars prochains à Alger. «Notre mouvement se prépare pour un rassemblement national dimanche prochain.
Il y aura avec nous les membres des six Régions militaires (RM). Les gens de la 6e RM, à Tamanrasset, sont dispensés. Ils organiseront sur place leur action, vu l'éloignement», signale Mourad Magoura, membre de la Coordination nationale des militaires maintenus, dont les effectifs sont importants : 120 000 à 140 000 hommes.
Les ex-militaires ont soumis au haut commandement de l'armée leurs revendications liées, entre autres, à la revalorisation de leurs pensions. «Nous avons les mêmes revendications que les rappelés. Mais nous exigeons, au-delà de ces préoccupation matérielles, la reconnaissance des sacrifices de notre catégorie.» «Nous sommes des gens pacifiques. D'ici la date de la protestation (dimanche), si le haut commandement annonce des mesures, nous renoncerons à se rassemblement à Alger», promet Magoura.
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