Algérie

Le rapt des Autrichiens était une erreur stratégique


Le GSPC du Sud se rebelle contre Droukdel La décision de prendre en otage les deux touristes autrichiens, kidnappés en Tunisie, a vite fait de révéler l’existence de dissidences au sein de l’organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. L’affaire des otages autrichiens est loin d’être résolue, du moins si l’on espérait la possibilité d’une négociation directe avec l’organisation de Abdelmalek Droukdel, alias Moussaab Abdelouadoud. Wolfgang Ebner, 51 ans, et sa compagne Andrea Kloiber, 44 ans, sont portés disparus depuis février dernier, alors qu’ils circulaient dans le Sud de la Tunisie. Leur kidnapping a été très vite revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb qui, au départ, avait exigé la libération d’un nombre de terroristes détenus en Algérie et en Tunisie. Mais ce qui devait être une démonstration de force destinée à faire oublier le cinglant échec de l’affaire des 32 otages européens (qui avait valu sa capture à Abderrezak el Para), devait devenir un facteur aggravant de la dissidence des katibate du GSPC opérant au Sud du pays, plus exactement dans la bande saharienne de la frontière avec le Mali. Des sources diplomatiques autrichiennes avaient maintes fois confirmé, sans pouvoir l’expliquer, que les négociations ont pu se faire avec des intermédiaires. Mais ces autorités n’ont, à aucun moment, expliqué pourquoi les exigences des ravisseurs passaient, tour à tour, du caractère politique (libération de détenus, puis d’un couple détenu à Guantanamo ou, ensuite, comme cela a été dit, le retrait des forces de l’OTAN de l’Afghanistan), à des considérations purement financières, avec la demande d’une rançon de 5 millions d’euros. Cela, tandis que l’ultimatum pour l’exécution des otages si Vienne n’abdiquait pas à leur chantage ne cessait à chaque fois d’être reporté, sans que les autorités autrichiennes n’en saisissent le stratagème. Enfin, en dernier recours, le dernier communiqué publié sur un site Internet par Al-Qaïda au Maghreb, à propos de cette affaire, ne donnait plus aucune suite et accusait Vienne d’être responsable en cas d’assassinat des otages. «Nous n’avons plus rien à nous reprocher. Nous avons fait tout notre possible, mais il semble que l’Autriche n’a pas agi avec sérieux pour préserver la vie de ses citoyens. Après avoir été saisie depuis un certain temps des nouvelles revendications (...), elle est maintenant responsable, en premier et dernier lieu, de la vie et du sort inconnu des otages», avait averti l’organisation de Abdelmalek Droukdel. En réalité, l’ex-GSPC ne faisait qu’essayer de masquer des divergences qui vont en s’aggravant. Au courant du mois de juin, les dernières informations provenant de Vienne faisaient état de mésententes entre «l’émir national» et ses lieutenants chargés de garder les otages en lieu sûr. Ce que corroborent d’autres éléments qui indiquent que le groupe à qui avaient été confiés les deux otages, pour les acheminer dans un lieu de détention inconnu au Nord du Mali, serait entré en dissidence. Ce ne serait pas n’importe quel groupe, mais l’une des plus importantes katibate du GSPC au Sud. C’est d’ailleurs avec ses «émirs» que l’Autriche tente d’entrer en contact par le biais d’une mission de quatre personnes déployées depuis mi-mars au Mali où les otages seraient détenus. Il s’agit, plus exactement, des deux principaux adjoints de «l’émir» Mokhtar Belmokhtar, dit Laouar, à savoir Abdelhamid Abou Zaïd et un certain Yahia Abou Ammar, responsable de la zone du Sahara au sein de l’organisation. Ces deux derniers, après avoir noué de solides contacts avec d’autres groupuscules terroristes et des groupes de soutien logistique des groupes terroristes au Mali, au Niger, au Tchad et au sud de la Libye, tentent de s’imposer comme des décideurs autonomes dont Abdelmalek Droukdel, coincé au Nord, ne pourrait se passer. Cela, d’autant que le trafic des armes et des explosifs, achetés avec le produit des véhicules volés revendus au Mali et d’autres opérations de contrebande, passe par eux. Depuis, l’approvisionnement du maquis, au Nord, qui profitait des grandes étendues désertiques et des vastes régions montagneuses, ne se fait plus. En première analyse, c’est cette division de l’ex-GSPC entre katibate du Nord et celles du Sud qui était derrière la tentative de reddition de Mokhtar Belmokhtar, annoncée comme effective par de nombreux articles de presse. Il n’est pas à exclure que cette reddition a été abandonnée au dernier moment par l’émir natif de Ghardaïa, qui n’a plus d’emprise sur ses troupes. Cela, d’autant qu’il ne pouvait rejoindre les acolytes d’Abou Moussab Abdelouadoud dont il ne partage pas le mode opératoire. Mais la véritable source de dissidence ne vient pas de l’affaire des otages autrichiens, ni de la rançon attendue. En réalité, c’est le leadership de Droukdel qui n’est plus accepté en tant que tel dans les rangs des terroristes, ce dernier voulant engager un rapport de force, évidemment défavorable, avec les services de sécurité et s’offrant trop souvent le luxe de prendre au sérieux son image de «célébrité» du monde du djihad en prêchant dans les maquis à la manière de l’Egyptien Ayman al-Zawahiri...   Amine B.
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