Le Temps d'Algérie : Dans son dernier rapport, le département d'Etat américain évoque un risque élevé de menace terroriste et d'enlèvements, non seulement dans le sud, mais également dans le nord de l'Algérie. Quel constat faites-vous d'une telle évaluation '
Cherif Driss : Il faut savoir que le département d'Etat américain publie annuellement des rapports d'évaluation de la situation sécuritaire à travers le monde, basés, dans la plupart des cas, sur des critères subjectifs. Ces rapports en question sont souvent accompagnés de mise en garde à l'adresse de leurs ressortissants à qui on déconseille de se rendre dans certaines régions à haut risque sécuritaire. Le dernier document US traitant du même sujet évoque, pour ce qui est de l'Algérie, que le niveau de la menace terroriste et des enlèvements reste «élevé».
C'est ce qui est peut-être valable pour le sud du pays compte tenu de la guerre au Mali et aussi du dernier attentat terroriste ayant ciblé le site gazier de Tiguentourine. Cependant, le fait que le département américain souligne dans son rapport que les terroristes du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad pour l'Afrique de l'ouest) sont actifs dans tout le pays et fait état d'un risque d'enlèvement des diplomates US en poste dans le nord du pays, relève, à mon avis, d'une exagération. Le nord de l'Algérie est stable au plan sécuritaire, contrairement aux conclusions à caractère subjectif du dernier rapport du département d'Etat US, qui a tendance à faire croire que l'Algérie est de nouveau plongée dans la sphère de la violence qu'elle a vécue durant la décennie 1990.
Peut-on dire que le sud du pays est désormais épargné de nouvelles attaques terroristes de l'ampleur de celle qui a ciblé le site de Tiguentourine, après que le ministre de l'Intérieur ait assuré, à partir d'Illizi, que les frontières du sud du pays sont protégées par l'ANP '
On ne peut être sûr à 100%. Il est vrai que l'attentat de Tiguentourine a amené les autorités algériennes à consentir davantage d'efforts pour sécuriser les frontières du sud du pays. Néanmoins, il ne faut pour autant perdre de vue que ces mêmes frontières sont vastes et que leur protection relève d'une mission très difficile. Cela passe nécessairement par le déploiement de beaucoup d'efforts humains, logistiques et aussi financiers. Ce qui est tout de même certain, c'est qu'on ne peut dire que les frontières sud de l'Algérie sont définitivement immunisées contre une nouvelle attaque terroriste.
A votre avis, quel sera l'avenir de la région du Sahel au lendemain du parachèvement de l'opération des forces militaires au Mali '
Difficile de se prononcer sur cette question dès lors que l'intervention militaire est toujours en cours et vu que l'issue de la crise dépend de la fin de l'intervention militaire au Mali. Il y a cependant une crainte d'enlisement de la situation dans ce pays, notamment au lendemain du retrait des troupes militaires françaises.
Le retrait de la France peut s'expliquer par le respect d'un agenda, à la fois national et international, mais aussi pour des raisons d'ordre financier. Toujours est-il qu'après le retrait de la France, les forces africaines devront assurer elles seules la stabilité au Mali. D'où la question de savoir si elles seront à la hauteur d'une telle mission. Il convient de souligner par ailleurs que la solution militaire ne peut résoudre à elle seule la crise qui sévit au nord du Mali. Ce genre de solution devrait permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale, mais il n'apportera aucune solution à la question des Touaregs, qui nécessite une réponse d'ordre politique.
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Posté Le : 20/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K A
Source : www.letempsdz.com