Le centre américain Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l'homme (RFK Center) a dressé lundi un rapport accablant sur le Maroc pour sa violation des droits de l'homme des Sahraouis et a appelé à l'urgence de l'instauration d'un «mécanisme international permanent afin de protéger les droits de l'homme du peuple sahraoui», a rapporté hier l'APS.
Ce rapport consacré à l'évaluation de la situation des droits de l'homme du peuple sahraoui a été établi à l'issue d'une visite effectuée récemment dans les territoires occupés du Sahara occidental par une délégation de RFK Center conduite par sa présidente, Kerry Kennedy, et composée notamment de juristes et d'experts mondiaux en matière de droits de l'homme ainsi que de l'ex-secrétaire général de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Erik Sottas.
Le document note que depuis que le dossier du Sahara occidental fut porté devant le Comité de décolonisation de l'ONU, «plus d'une centaine de résolutions de l'ONU ont réaffirmé le droit à l'autodétermination des Sahraouis».
Tenant à préciser «ne pas prendre position quant au statut du Sahara occidental», RFK Center souligne que si les deux parties en conflit (Front Polisario et Maroc) ne sont toujours pas parvenues à une solution sur l'avenir du Sahara occidental, cette situation ne doit pas occulter la question du respect des droits de l'homme dont plusieurs traités internationaux, souligne-t-il, ont été, pourtant, signés et ratifiés par le Maroc.
Le rapport préliminaire souligne que la délégation de RFK Center «reconnaît les changements positifs apportés à la Constitution marocaine tels la criminalisation de la torture, des détentions arbitraires et des disparitions forcées ainsi que le respect de la liberté d'expression».
Cependant, préconise-t-il, «ces changements constitutionnels devraient être mis en place à travers des mécanismes appropriés pour permettre le plein exercice des droits des personnes qui sont sous juridiction marocaine, et ce, sans distinction» entre les Marocains et les Sahraouis.
La délégation conduite par Kerry Kennedy souligne avoir rencontré des organisations de la société civile et des personnes de plusieurs villes du Sahara occidental, dont El Ayoun, Dakhla et Smara, qui leur ont fait part des cas de disparitions, de tortures, de détentions arbitraires, de brutalités des forces policières, de menaces, d'intimidations et d'exécutions extrajudiciaires.
La délégation a également reçu des plaintes au sujet de la violation des droits à la liberté d'expression, de réunion et d'association. Au cours de sa visite à El Ayoun, lit-on dans le rapport, la délégation constatait «la présence de plusieurs véhicules militaires ou de police stationnés presque à chaque coin de rue».
En outre, la plupart des Sahraouis, avec qui la délégation s'est entretenue, «manifestaient des inquiétudes face aux intimidations suscitées par la forte présence des militaires et des policiers, en uniforme et en civil, qui les suivaient et proféraient contre eux des propos déplacés».
Brutalité et répression
La délégation de RFK Center affirme que pendant tout son séjour à El Ayoun, elle avait été elle-même «constamment surveillée par des agents de sécurité en civil marocains».
Rapportant les témoignages de Sahraouis sur de nombreux cas de brutalités policières contre des manifestants pacifiques, la délégation note avoir constaté de visu un tel incident au cours duquel des policiers ont attaqué une femme sahraouie qui manifestait pacifiquement. Les forces de sécurité marocaines, poursuit le rapport, sont allées jusqu'à «tenter d'empêcher la délégation d'être témoin de cet incident en recourant à des agressions verbales et physiques».
Tout en dénonçant les assassinats d'indépendantistes sahraouis par les forces de sécurité marocaines, ainsi que les cas de tortures et de disparitions, RFK Center souligne que «la préoccupation majeure pour la délégation est l'impunité quasi-absolue pour violation des droits de l'homme» des Sahraouis perpétrée par les forces de l'ordre marocaines.
S'exprimant sur la violation des droits des Sahraouis à la liberté d'expression, de réunion et d'association, la délégation rapporte le cas de plusieurs Sahraouis poursuivis pénalement après avoir été arrêtés et accusés de trahison pour avoir critiqué le gouvernement marocain durant un séjour en Algérie.
Une des principales préoccupations exprimées par les défenseurs sahraouis des droits de l'homme, souligne le rapport, est «le refus des autorités marocaines de l'octroi d'agrément aux organisations de la société civile et particulièrement celles dont les opinions sont en opposition avec celle du gouvernement marocain». Le rapport du centre américain Robert F. Kennedy constitue un appui indéniable à la cause sahraouie et à la résolution de ce conflit.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 04/09/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : F B
Source : www.letempsdz.com