Algérie

Le rapport accablant de l'UE



Il va falloir à court terme prendre en charge près de 13 millions de tonnes de déchets ménagersPar la faute du mauvais choix de leur site d'implantation certains centres d'enfouissement technique dont la durée de vie est de 30ans sont déjà saturés.
La problématique de la collecte et du traitement des déchets ménagers et assimilés (DMA), notamment dans les grandes villes du pays, continue à se poser avec beaucoup d'acuité. Et pourtant, des investissements importants ont été consentis dans le domaine. «Des projets dont le montant s'élève à près de 2 milliards de dollars» a indiqué la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, Fatma Zohra Zerouati lors de son discours à l'ouverture d'une Conférence nationale de présentation de la stratégie nationale de gestion intégrée et de valorisation des déchets à l'horizon 2035 qu' a abritée hier le Centre international des conférences(CIC).
Et si cette dernière a en outre rappelé au parterre de participants représentant de nombreuses institutions de l'Etat et autres experts sur les questions de l'environnement que son secteur a connu, ces dernières années, un saut qualitatif de grande ampleur, le chef d'équipe GIZ-EY (programme d'appui à la politique sectorielle de l'environnement en Algérie) le docteur Chérif Arif a, dans son exposé sur l'état des lieux de l'environnement en Algérie, remis en cause certaines appréciations positives de la ministre.
Ce dernier a cité en exemple les centres d'enfouissement technique (CET). Selon Arif, «les nombreuses visites sur site effectuées par nos équipes ont permis de déceler de nombreuses imperfections et irrégularités».
Pour le détail, il révélera qu'au registre de l'état des CET «que pour la plupart leur étude d'implantation a été établie sur la base de données locales non vérifiées. Toujours à propos de l'étude de faisabilité, il est apparu que le dimensionnement et la réalisation des casiers ont été estimés sans prendre en compte des paramètres incontournables. Ce qui a conduit à se retrouver avec des sites saturés alors que leur durée de vie était de 30 ans, ce qui est tout à fait regrettable dans le sens où ces sites ont été réalisés à coût de millions de dinars».
Autres imperfections révélées par le docteur: «Un mauvais drainage, une faible performance de compactage, un manque de traitement de lexiviat et du biogaz et enfin un faible suivi d'exploitation.»
Sur ce dernier point, le docteur a fait remarquer que «l'expérience et le savoir-faire techniques des Epic /CET se sont révélés insuffisants.
Quant à leur bilan d'activité, il n'a aucune relation avec la performance en termes de gestion des CE.» Toujours dans le cadre de la présentation de l'état des lieux, Chérif Arif a lancé au parterre que «si les acquis ont été importants, les défis sont aussi importants».
Et d'arguer dans ce sens:«Sur les 1 258 schémas directeurs de gestion des déchets ménagers élaborés, seulement 522 sont mis en oeuvre et même pour ces derniers, la démarche proposée est mal adaptée ou non-appropriée». De plus «sur les 302 CET et DC (déchetteries) programmés, seuls 172 structures sont opérationnelles, soit à peine 57%. Le reste est soit en cours de réalisation ou carrément non encore lancé». Abordant le volet des déchets spéciaux, le présentateur a averti que «si aucune mesure n'est prise pour leur collecte massive le pays pourrait connaître de graves problèmes environnementaux».
Et de faire remarquer que «c'est d'autant plus inquiétant dès lors qu'il existe un manque flagrant sur les quantités et les flux réels des déchets industriels et toxiques, ainsi que leur enregistrement».
Selon Arif «contrairement à ce que l'on pourrait croire la collecte et le traitement des déchets spéciaux relèvent du ministère de l'Intérieur et non pas de celui de l'Environnement». Et de lancer «une attention particulière doit être accordée à la gestion des déchets dangereux pour lesquels les progrès enregistrés jusqu'ici dans ce sens restent largement insuffisants». Le docteur a terminé sa présentation par des recommandations.
Pour ce dernier, «il existe un besoin pressant et urgent de professionnaliser la gestion des déchets si l'on veut atténuer et assainir les conséquences négatives sur les plans économique, environnemental et social des systèmes existants. C'est d'autant un défi à relever quand on sait que le volume de DMS va continuer à croître. Selon les dernières estimations, il va falloir à court terme prendre en charge près de 13 millions de tonnes de déchets ménagers. Il reste à espérer que la nouvelle stratégie en matière de collecte que compte mettre en place le ministère sera efficiente, mais cela dépendra aussi du niveau d'implications des citoyens. C'est là toute la question.


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