On pourrait, comme Mahmoud Darwich, dire «que la révolution est ample, que le voyage est étroit, que l'idée est grande et que petit est l'Etat» palestinien tant attendu ! L'Etat palestinien viable et souverain dans des frontières reconnues, n'est certes pas encore là, mais le chemin qui y mène semble être désormais moins long. Oui, la Palestine n'est pas encore un Etat, mais elle est désormais plus qu'une idée, de moins en moins un rêve inaccessible. Elle n'est plus une «entité» ou bien des «Territoires palestiniens», mais, depuis le 29 novembre 2012, un Etat reconnu à l'ONU en qualité d'observateur non-membre. A l'image de la naissance de l'Etat d'Israël, tout a commencé et tout a fini aux Nations unies. Le 29 novembre 1947, l'AG de l'ONU adoptait en effet la résolution 181, recommandant le plan de partage de la Palestine en deux Etats. L'un qui allait devenir Israël, avec 55% de la terre octroyés, l'autre attribué aux Palestiniens. A l'époque, pour justifier le viol et le dol, le concert des nations avait fait sienne la formule de propagande sioniste selon laquelle la Palestine était finalement une «terre sans peuple (attribuée) à un peuple sans terre». On sait ce qu'il advint de cette partition qui n'est toujours pas réalisée puisque seul Israël a vu le jour. Depuis, et malgré les importantes concessions palestiniennes, rien de rien, pas d'Etat palestinien nulle part' On parle des 'Territoires palestiniens occupés' et Israël récuse même le terme, ne les considérant que comme des 'terres disputées'. 'Accords d'Oslo', 'Feuilles de route' et autre Quartette n'y ont rien fait, tout au contraire : jamais la colonisation israélienne n'a atteint une telle ampleur et l'amplitude entre les droits des Palestiniens et la réalité du terrain n'a jamais été aussi grande. Les Territoires sont aujourd'hui une somme de petits îlots, une peau de léopard, sans liens entre eux ni souveraineté terrestre, maritime ou aérienne. Devant ces impasses névralgiques, il fallait donc que l'OLP, qui représente l'ensemble des Palestiniens des Territoires et de la diaspora, mette enfin l'ONU devant ses responsabilités historiques. C'est fait depuis que la Palestine est un Etat non-membre de l'ONU disposant de tous les attributs d'un Etat membre, sauf le droit de vote. Ce qui n'empêcherait pas les Palestiniens de demander à tout moment le statut d'Etat membre de plein droit. Les hyperréalistes diront alors que cela ne changera en rien la vie des Palestiniens sur le terrain. Pas un soldat israélien de moins, peut-être même d'autres en plus, pas un check-point de moins, pas un morceau du Mur de séparation de moins, pas de levée du blocus à Ghaza' Et pourtant, le symbole est fort car il s'agit d'un pas en avant considérable. Il sera dit désormais qu'un Etat onusien, en l'occurrence Israël, en occupe un autre, qui a un siège et une voix qui s'exprime sans pour autant voter. En effet, ce statut ouvre aux Palestiniens de nouvelles capacités d'intervention sur la scène mondiale. Aussi, n'ont-ils pas tort d'estimer les choses ainsi, vu la farouche hostilité d'Israël et des Etats-Unis qui ont notamment brandi la menace de représailles économiques et financières. De fait, après avoir obtenu une centaine de reconnaissances bilatérales, les Palestiniens pensent que ce néo-statut leur ouvre une palette bien plus vaste de possibilités de présence et d'action au plan international. En tant qu'Etat observateur, il leur permet de participer de plein droit aux débats de l'ONU et aussi de siéger dans ses diverses agences. Plus encore, et c'est là un point d'une grande importance pour eux, il leur donnerait le loisir de saisir la Cour pénale internationale (CPI) qui n'accepte d'ouvrir des procédures que sur des demandes émanant de l'ONU ou des Etats par elle reconnus. Par exemple, sur la question de la légalité des colonisations israéliennes en Cisjordanie ou sur des crimes de guerre commis à Ghaza, les Palestiniens comptent bien pouvoir s'appuyer sur des arbitrages de la CPI. Ce statut de transition a eu aussi pour effet de renforcer en Israël le camp du «oui» à un Etat palestinien dans les frontières de 1967. Sur un blog israélien, l'ancien Premier ministre Ehud Olmert a estimé que «la demande palestinienne est conforme au concept d'une solution de deux Etats». A la suite de la reconnaissance par l'ONU, «nous, en Israël, devrons nous engager dans un processus de négociations, afin de nous entendre sur des frontières spécifiques sur la base du tracé de 1967 et résoudre les autres questions» en suspens. Olmert ne semble pas prêcher dans le désert, bien d'éditoriaux en vue et de tribunes dans la presse israélienne finissant par 'Reconnaître un horizon diplomatique' nouveau. Tel Haaretz qui souligne qu'un «Etat palestinien reconnu donnera à Israël un partenaire responsable, ayant un soutien international, qui va représenter l'ensemble du peuple palestinien.» Jusqu'à plus ample inventaire, et sous réserve d'évolutions ultérieures, on observe déjà que ce statut a ramené la cause palestinienne sur le devant de la scène internationale et replacé le droit international au centre des discussions. De même qu'il renforce le Fatah de Mahmoud Abbas, très affaibli et la dynamique politique enclenchée par le cessez-le feu à Ghaza, qui a notamment accentué les chances d'une réconciliation entre Palestiniens.
N. K.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 30/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Noureddine Khelassi
Source : www.latribune-online.com