Algérie

«Le Ramadhan, à l'origine d'une baisse de 80% du chiffre d'affaires en 2011»


«Le Ramadhan, à l'origine d'une baisse de 80% du chiffre d'affaires en 2011»
La Fédération nationale des hôteliers a été créée il y a deux mois, en s'assignant trois objectifs principaux : défendre la corporation et les intérêts des hôteliers, les accompagner en termes de formation et participer en tant que partie prenante du secteur à la promotion de la destination Algérie.
-Promouvoir la destination Algérie, on en parle depuis toujours, pourtant les résultats ne sautent pas yeux en termes d'affluence touristique. Comment l'expliquez-vous '
On nous dit souvent que vu les potentialités, le gisement touristique et les richesses de notre pays, il n'est pas normal que l'Algérie ne soit pas au niveau de ses voisins immédiats. Il est tout à fait clair que la Tunisie et le Maroc ont développé une vraie politique stratégique en termes de développement du tourisme depuis plus de 40 ans. Il est donc clair que nous ne pouvons pas en Algérie, un pays qui vient de s'ouvrir au tourisme, ces dix dernières années, aller concurrencer ces pays. Il y a un certain nombre de contraintes dont la plus importante est la décennie noire qu'a connue le pays parce que le paramètre essentiel dans le choix du tourisme c'est d'abord la sécurité et la confiance. Maintenant, les choses se sont améliorées et on commence à poser les jalons d'une vraie politique du tourisme. Il faut savoir que le tourisme est d'abord une culture et un état d'esprit, une mentalité. Ce n'est pas simplement d'avoir des infrastructures hôtelières. Le tourisme commence d'abord par la capacité à avoir des liaisons aériennes suffisantes.
Le tourisme de masse ne peut pas venir avec l'obligation que l'on fait aux touristes étrangers d'avoir un visa. Je comprends tout à fait que la politique de réciprocité du pays, à laquelle j'adhère complètement, veut cela, mais il n'empêche que ça constitue un frein énorme, sachant que dans des pays comme le Maroc et la Tunisie, les ressortissants européens viennent avec leur carte d'identité. Le coût du visa est relativement important et quand vous avez une famille de 4 personnes, surtout en cette conjoncture de crise que vit l'Europe, ça donne à réfléchir quand on choisit un pays par rapport à un autre.
Il y a aussi l'environnement du tourisme en termes d'artisanat, de guide touristique, le touriste ne vient pas uniquement pour descendre dans un hôtel, il cherche à découvrir. Il y a tout un travail qu'il faut faire, et ça c'est aussi un frein. Il y a aujourd'hui au niveau des pouvoirs publics une vraie volonté politique de développer le secteur et d'en faire une vraie alternative à la dépendance aux hydrocarbures, mais il y a beaucoup de travail à faire et nous sommes là pour fédérer l'ensemble des hôteliers, et voir quelles sont les contraintes à tous les niveaux. Notre travail c'est de faire une plateforme qui va regrouper l'ensemble de ces contraintes et de proposer un certain nombre de solutions et d'aide à l'initiative pour faire que ce secteur décolle véritablement.

-La saison estivale sera très courte cette année. Avez-vous réfléchi à la manière de l'optimiser quand même '
C'est vrai qu'en matière de tourisme, le Ramadhan est un facteur handicapant et pas seulement pour cette année et on en a encore pour quatre à cinq ans avant de pouvoir bénéficier d'une saison estivale complète. Par exemple, l'année dernière, un certain nombre d'hôteliers ont essayé pendant le Ramadhan de faire des promotions sur les prix pour pouvoir drainer une clientèle familiale, mais fondamentalement, il me semble que la culture algérienne particulièrement pendant le Ramadhan, est tournée vers la famille, et les hôteliers, qui ont essayé, ont eu du mal à drainer une typologie de clientèle familiale pendant le mois sacré. Je vois ce problème au niveau de certains hôteliers à l'Ouest par exemple, qui ont fait des politiques très agressives en termes de prix, et en faisant des abattements de plus de 60% et malgré tout, le retour n'a pas été à la hauteur.

-Le manque à gagner durant le mois sacré se situe à combien '
Le Ramadhan a été pour nous à l'origine d'une baisse de 80% du chiffre d'affaires l'année dernière.

-Après les événements en Tunisie et en Egypte qui sont des destinations prisées pour les touristes étrangers, y a-t-il une destination Algérie comme alternative '
Il y a des indices qui tendent à faire penser que la destination Algérie est en train de devenir non pas intéressante, mais qui attire des curiosités. J'étais avec un certain nombre de voyagistes étrangers et c'est vrai que depuis les événements de Tunisie et l'Egypte, il y a un intérêt particulier pour l'Algérie. Est-ce qu'il va se traduire par une vraie captation de flux touristique, il est encore un peu tôt
pour le dire.


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