Algérie

Le ramadhan à El Milia : Les diouls, les figues de Barbarie et le couffin de solidarité



Le ramadhan à El Milia : Les diouls, les figues de Barbarie et le couffin de solidarité
Des enfants se font vendeurs et prennent la route du marché pour aider à subvenir aux besoins de leurs familles. A peine le premier jour de Ramadhan entamé, que la cohorte des laissés pour compte, accompagnée d'enfants en bas âge, a pris d'assaut les principales artères commerçantes de la ville pour proposer au jeûneur les babioles dont ils disposent pour subvenir aux besoins de leurs familles. Des bambins de 8 à 15 ans se sont positionnés à la rue du 20 Août, auussi grouillante de monde que celle de Zighout Youcef, pour exposer des feuilles de diouls, des figues de Barbarie, des figues et bien d'autres produits que les jeûneurs ne se privent pas d'acheter dans un brouhaha digne des grands souk. La sortie précoce de ces enfants à la rue pour lutter de front contre la pauvreté dans laquelle ils vivent avec leurs familles, renseigne, on ne peut mieux, sur la situation de détresse sociale qui a réduit à la grande paupérisation des pans entiers de la société dans cette ville. Celle-ci fait face, faut- il le dire, à des conditions de chômage extrême ou les postes d'emploi, même précaire, comme celui du filet social, sont devenus un luxe. Les fonctionnaires peinent eux aussi à joindre les deux bouts dans un contexte d'inflation galopante qui a poussé les bas revenus à se résigner à leur triste condition en se privant du minimum de base qu'ils pouvaient s'offrir dans le passé.La viande à 68 DA le kilo ou le poulet à 360 DA, tout comme la tomate à 50 DA, le raisin à 110 DA, pour ne citer que ces produits, n'encouragent guère les petits fonctionnaires à s'en approcher. Les sans-revenu sont dans une situation de détresse qui les oblige à tendre la main aux bienfaiteurs ou à attendre l'hypothétique couffin de Ramadhan distribué à des familles méritant d'avoir plus de dignité dans un contexte d'aisance financière pour le pays. Ces laissés pour compte, qu'on désigne sous le vocable de « démunis » n'ont d'autre choix, dans ces circonstances, que d'envoyer leurs progénitures en bas âge à la rue vendre des diouls et des figues de Barbarie, le petit fruit que le pauvre peut s'offrir. A la rue du 20 Août, fermée à la circulation pour caser les marchands informels, des enfants visiblement peinés par le poids d'une misère que leur petit âge ne supporte pas sollicitent les passants, non sans les implorer, pour qu'ils achètent quelques feuilles de diouls confectionnés à la maison par leurs mères. D'autres enfants, plus rodés à l'exercice du métier de vendeur à la sauvette, bousculent les adultes et marquent leur territoire pour vendre ce qu'ils peuvent aux jeûneurs.Le soir venu, après la rupture du jeûne, c'est un autre « métier » de la rue qui prend le relais, lorsque des enfants, les mêmes ou d'autres, installent des barbecues sur les trottoirs pour proposer, dans des conditions d'hygiène qui laissent à désirer, des merguez et des brochettes au passant. Dans le noir de certains quartiers, d'autres enfants et des adolescents s'adonnent à certaines « activités », tels les jeux de hasard, ou jouent au vélo non sans provoquer des escarmouches et autre désordre sur la voie publique. Ainsi va leRamadhan, tout un mois au cours duquel les disparités sociales sont plus marquées, laissant apparaître au grand jour les dures conditions de vie des familles défavorisées au moment où d'autres font étalage d'un excès de dépense.


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