Algérie

«Le quota des accréditations presse accordé à l'Algérie est correct»



«Le quota des accréditations presse accordé à l'Algérie est correct»
Il est le patron absolu des centres de presse au cours de cette Coupe du monde brésilienne. Son équipe et lui-même s'occuperont des installations et de l'organisation qui permettront aux journalistes du monde entier accrédités au Brésil de travailler dans des conditions convenables. Plus que soixantenaire, Alain Leiblang est un ancien journaliste qui a débuté sa carrière en 1970 à l'hebdomadaire sportif français But, avant d'être impliqué dans la création du quotidien Libération, actuellement en grande difficulté. Aujourd'hui, il est le «Monsieur média» de la FIFA, tâche dont il s'acquitte «avec beaucoup de plaisir et de passion». Au cours d'une grande manifestation internationale où il a eu à faire un exposé sur la Coupe du monde et les médias, nous avons rencontré Alain (tous les journalistes l'appellent par son petit prénom), un homme simple, volubile, attachant, communicatif?- Un ancien journaliste sportif, de près de trente ans de pratique quotidienne, qui se dévoue de son plein gré au service de ses congénères lors des grands événements dans une instance aussi prestigieuse que la FIFA. Comment en êtes-vous arrivé là 'Après une fin de carrière rondement menée au sein de la revue Onze (1976-1989), j'ai rejoint en 1994 le comité d'organisation de la Coupe du monde organisée en France où j'y ai occupé les fonctions de chef de presse jusqu'en 1998, c'est-à-dire au terme de celle-ci. J'ai, par la suite, c'est-à-dire en 1999, rejoint la FIFA et me suis occupé d'assister en tant que collaborateur Michel Platini jusqu'à son élection à la présidence de l'UEFA en 2006. Entre-temps, et outre ma responsabilité sur les centres de presse du Mondial français de 1998, j'ai eu à occuper les mêmes fonctions en 2002, 2006, 2010 et aujourd'hui en 2014.- Chef des opérations médias à la FIFA, ce rôle vous implique-t-il dans l'octroi des quotas des accréditations pour la Coupe du monde 'Oui, mais en fait, c'est un travail collectif en commission. Sur ce chapitre, on bénéficie des expériences en la matière des autres Coupes du monde pour ce qui est du nombre de journalistes, les commodités qui sont mises à leur disposition, ainsi que leurs déplacements dans les zones mixtes et les camps de base des équipes participantes. D'un Mondial à l'autre, les données peuvent changer, mais les mécanismes complexes sont assez bien maîtrisés aujourd'hui. Au final, nous parvenons à générer plus de satisfactions que de doléances de la part des fédérations nationales, soumises elles-mêmes à la pression de la demande intérieure des médias.- Donc, la FIFA assure un certain suivi régulier des réalités nationales en matière du nombre et de l'audience de ces médias locaux ?'Parfaitement. Si pour l'audiovisuel ce sont les détenteurs des droits qui accréditent leurs clients, nous connaissons et suivons régulièrement à la FIFA l'évolution des médias locaux (presse écrite et photographes, Internet). Non seulement cela, mais nous jetons également régulièrement un ?il intéressé sur le baromètre mesurant la passion pour le football dans chaque pays. Il est évident que les pays dont le football n'est pas le sport favori et suscite donc peu d'enthousiasme n'est pas mis sur un même pied d'égalité qu'une nation dont les m?urs locales sont «dingues» de foot, et où les médias papier accordent une large place à la Coupe du monde.- Les pays qualifiés sont évidemment favorisés dans la répartition des quotas d'accréditations par rapport aux nombreuses autres nations non admises dans le tournoi final du Mondial. En Algérie, des voix au sein de la corporation se sont élevées pour dénoncer l'offre insuffisante de la FIFA en matière d'accréditations par rapport à la grande demande intérieure. Avez-vous un retour d'écoute et auquel cas, libérez-vous une rallonge supplémentaire lorsque les doléances sont avérées 'Bien entendu. De ce point de vue, nous distinguons trois catégories de nations participantes. Celles qui sont régulièrement inscrites au calendrier du tournoi quadriennal. On n'a pas besoin, par exemple, de se poser des questions sur le nombre d'accréditations à accorder à des pays traditionnellement mondialistes comme l'Allemagne, le Brésil, l'Argentine ou l'Italie, pour ne citer que ceux-là. La seconde catégorie concerne des équipes connues mais alternativement qualifiées : Chili, Australie, Croatie, Equateur, par exemple. Nous refaisons pour celles- là une analyse des médias locaux tenant compte de leur nombre (en régression ou en progression) et de la qualité d'écoute accordée à la Coupe du monde dans ces pays (tirage des journaux et publications, indices d'écoute, etc.) en relation avec les fédérations nationales qui sont les interlocutrices de la FIFA. Ces pays peuvent voir leur quota évoluer en fonction d'appréciations favorables ou être préservé en l'état. La dernière composante concerne des pays qui se sont peu qualifiés ou dont c'est la première participation au tournoi final. Le Costa Rica, le Honduras, l'Iran, dont les qualifications sont très espacées, ou la Bosnie, dont c'est la première qualification, ont fait l'objet de consultations avec leurs fédérations respectives qui nous ont exprimé leurs besoins et avec lesquelles nous avons trouvé un terrain d'entente réaliste et raisonnable. Donc, globalement, à ce niveau, nous pouvons dire que la FIFA maîtrise jusqu'à présent la situation.- Pensez-vous que le quota d'accréditations presse attribué à l'Algérie est «réaliste et raisonnable» 'Plus que ça, je dirais honnête, correct en tous les cas et suffisant au regard de l'absence ou du peu de contestations émanant des médias algériens. Avec la Fédération algérienne de football, nous avons ?uvré sur la base du quota d'accréditations accordé a votre pays au cours de la précédente Coupe du monde en Afrique du Sud. Cela nous a facilité la tâche pour avoir une photographie stabilisée de la presse algérienne. Mais, nous a-t-on argumenté, le nombre de publications et de sites étaient ces dernières années en augmentation en Algérie et si l'on ne s'en tenait qu'au quota sud-africain, la pression soumise par la demande des médias risquait de monter d'un cran. Nous avons eu des échanges directs et avons fini par être convaincus d'accorder un quota supplémentaire à la presse algérienne. Ceci dit, nous n'aimerions pas voir le scénario de 2010 se renouveler. Nous avons été informés de pratiques marchandes autour de certaines accréditations accordées à des journaux algériens dont les responsables se sont empressés de les revendre à d'autres publications locales. Nous n'avons pas pu avoir de preuves de ce genre de méfaits, mais j'en appelle à votre corporation pour ne pas porter atteinte, par ce genre de tricherie, à la bonne crédibilité de la presse algérienne au sein de la FIFA- Vous qui êtes le grand patron des centres de presse Coupe du monde, comment jugez-vous le comportement des journalistes algériens dans ces grands rendez vous 'J'ai eu à côtoyer de nombreux journalistes algériens (dont vous-même en France en 1998) au cours des Mondiaux, que ce soit en 2002, en 2006 ou particulièrement en 2010 en Afrique du Sud, et je ne peux dire que du bien d'eux. J'ai de nombreux amis. Ils sont sympathiques, dévoués à leurs organes et ils se tiennent bien. Au cours de toutes les manifestations, nous n'avons pas eu à déplorer le moindre incident, que ce soit aux centres de presse, au niveau des box en tribune ou autour du terrain d'évolution, s'agissant des photographes. Mes chefs de presse (Ndlr les responsables des centres de presse dans la douzaine de sites) entretiennent de bonnes relations avec les journalistes du monde entier. Compte tenu des aléas linguistiques (les Brésiliens ne parlent que le portugais, très peu l'espagnol et pas du tout l'anglais), j'ai décidé de faire assister les journalistes algériens d'un chef de presse FIFA expérimenté pour leur faciliter la tâche, les guider, les orienter?- Le pays organisateur vous impose-t-il une certaine restriction du nombre global d'accréditations au regard des capacités installées 'Le pays organisateur, aujourd'hui le Brésil, ne nous limite pas le nombre de journalistes et assimilés accrédités. Nous le faisons nous-mêmes, en toute conscience, en fonction justement des capacités installées (centres de presse, tribunes et périphérie) afin d'offrir le meilleur confort et les meilleures conditions de travail aux envoyés spéciaux qui transiteront par ces centres. Notre hantise est de voir des centres de presse surchargés, dépassant les normes admises retenues par la FIFA, que ce soit au niveau du nombre de places ou celui du plateau technique.- Les accréditations concernent combien de journalistes, assimilés et techniciens au cours de ce Mondial 'Nous avons accordé des accréditations pour 3000 journalistes presse écrite et Internet, 900 photographes, en plus des 10 à 12 000 éléments radio-télévision (reporters, techniciens, cameramen, preneurs de son, etc.) En tout, 15 000 représentants des médias. Notre crainte est de constater que des journalistes dûment accrédités ne fassent pas le déplacement sans se décommander. Cela voudra dire que les contrevenants auront privé d'autres journalistes dans leur pays d'assister à l'événement. Nous avons convenu avec la FIFA de ne pas donner suite pour les prochaines échéances aux demandes d'accréditation aux journalistes qui n'auront pas prévenu de leur absence et annulé en conséquence leur accréditation auprès de nos instances. C'est en somme un carton rouge que nous leur adresserons.- Au-delà des installations de presse qui s'améliorent avantageusement, qu'appréhendent, selon vous, au Brésil, les représentants des médias internationaux 'Je vous le dis sans hésiter : l'immensité du territoire brésilien. Ce n'est ni la violence, qui est déjà jugulée, ni les mouvements sociaux, qui sont d'ailleurs l'apanage de tous les pays, mais ce à quoi doivent s'attendre les journalistes du monde entier ce sont les incessants déplacements qu'ils doivent effectuer pour suivre les matches programmés, des rendez-vous distants souvent de plusieurs centaines de kilomètres. Comme ils doivent revenir à chaque fois au camp de base de leur équipe nationale, cela fera des allers-retours incessants. Au Brésil, les routes sont aléatoires et le train pour les voyageurs n'existe presque plus. Reste l'avion qui est un moyen coûteux. Ajouté aux prix des hôtels qui flambent au cours de cette Coupe du monde, l'envoyé spécial est assuré de débourser à peu près entre12 000 et 15 000 euros pour mener son travail convenablement jusqu'au terme de la finale de ce Mondial.- L'évolution des technologies et la crise de la presse papier commandent-elles à la FIFA de revoir le système des accréditations et le profil des accrédités 'Vous savez, jusqu'à aujourd'hui, nous évoluions sur un schéma classique. A l'avenir, il faudra réfléchir et s'adapter à un nouveau type de journalistes en fonction de l'évolution rapide de l'Internet et des nouvelles technologies de l'information. C'est une tendance qui s'est imposée à nous, d'autant plus que les sites sportifs professionnels sont aujourd'hui une réalité incontournable. La difficulté, demain, sera de concilier une accréditation pour plusieurs casquettes. Je m'explique : la FIFA aura en face à l'avenir non pas un journaliste sportif spécialisé (journal, télé, reporter radio, cameraman, photographe), mais un agent de presse qui cumulera à la fois les fonctions de journaliste papier, journaliste web, cameraman, photographe sur le terrain, et intervieweur dans la zone mixte.Il travaillera donc en même temps pour le journal, le site web, la télé et la radio du groupe de presse qui l'emploie. Le problème pour nous sera posé au niveau de la circulation au sein des structures d'évolution sportives et médiatiques de cet envoyé spécial qui cumule plusieurs casquettes et des commodités techniques à mettre à sa disposition. C'est l'un des chantiers à venir de la FIFA.




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