Le quartier: Bab El-Hadid entre hier et aujourd'hui

Le quartier de Bab El-Hadid, une des portes importantes de l'ancienne médina de Tlemcen, est un quartier historique. La forteresse de Bab El-Hadid, restaurée située devant l'entrée nord du lycée Ahmed Benzekri, reste debout malgré l'âge et les guerres et imprime le contour de la capitale des Zianides (1236-1567).

Les Français en voulant moderniser la vieille médina ont fait une percée dans ce vieux quartier appelée rue de Paris, devenue après l'Indépendance rue Docteur Tidjani Damerdji (chahid de la Révolution). Cette rue connaît actuellement une intense activité commerciale ajoutée à la circulation automobile à double sens qui n'a «aucun sens!» car la rue est étroite ce qui rend le déplacement difficile et dangereux pour les nombreux piétons qui aiment faire leurs emplettes dans cette rue où tous les commerces existent (habillements, pâtisserie, crémerie, gâteaux traditionnels, librairies, etc.).

Cette rue coupe l'ancien quartier en deux parties grâce aux deux venelles ou ruelles; Rue Hamzaoui Mounir qui donne sur le quartier de la Mosquée Sidi Brahim et la ruelle Meziani Mohamed qui permet aux piétons par une «akiba» (montée) de se trouver devant l'ancienne caserne Miloud, devenue faculté de médecine Dr. Benzerdjeb.

Bab El-Hadid cache et conserve jusqu'à présent des monuments célèbres tels que les deux mosquées: Sid'Ahmed Benzekri (décédé en 1493 un grand savant, et un peu plus loin la mosquée Sidi Bouabdallah Cherif Tlemçani où notre honorable feu Cheikh Bekar a enseigné le Coran.

Le plus grand vestige que garde jalousement ce quartier en pleine transformation, car plusieurs maisons seront en ruine, est sans conteste la mosquée de Sidi Brahim El Mesmoudi restaurée dernièrement et qui est un véritable joyau d'architecture en face de la maison de la Culture avec ses façades en béton! Cette mosquée historique fut construite en 1363 par le Roi Abou Hammou II avec la Medersa El-Yacoubia (nom du père du même roi Yacoub) et ses mausolées où sont enterrés trois émirs du roi Abou Hammou, Abbou Saïd, Abou Tabet et son père Abou Yakoub.

Ce complexe religieux (mosquée et médersa) a été bâti en honneur au savant Ibrahim El-Mesmoudi (décédé en 1401) en hommage à sa vaste culture et surtout ses connaissances scientifiques et religieuses. Cette mosquée du XV siècle était classée la deuxième après la grande mosquée Djamaâ El-Kébir construite en (1141) par Youcef Ibn-Tachfine, Emir des Mourabitin (Almoravides) et a été sauvée in extremis par les autorités locales et l'architecte Bentchouk qui ont pu dompter l'affaissement géologique de ce trésor du passé médiéval.

Nous espérons que le projet d'extension de cette mosquée par une nouvelle médersa Yakoubia à l'endroit des ruines de l'ancienne soit «la copie conforme» de la belle architecture de la mosquée de Sidi Brahim restaurée et sauvée par nos responsables locaux. Une prouesse il faut le reconnaître...

Sur le plan social, ce quartier de Bab El-Hadid n'est pas mort malgré la disparition des fours banals, la fermeture de plusieurs échoppes d'artisans tels que celle de feu Kalaïdi ancien compagnon de Cheikh feu Redouane Bensari qui jouait à la mandoline (un ancien cordonnier connu pour son humour et ses belles chansons rythmées en français (Ivous Etiez), des brodeurs, des ébénistes, des coiffeurs et même des cyclistes...

La reconstruction des maisons en ruine est une bonne chose, espérons seulement que les anciennes «arcades» soient maintenues par respect à Sidi Brahim - Sidi Ahmed Ibn Mohamed Benzekri, Sidi Bouabdallah, ces savants enterrés au quartier de Bab El-Hadid et qui résisté au temps et aux tempêtes!

Le proverbe populaire est clair à ce sujet: «Al Djedid malou djedda wal bali la t'farat fih (il n'y a pas mieux que le neuf mais l'ancien il faut le préserver!).