«Le Qatar accomplit à merveille la tâche qui lui a été confiée par les Occidentaux» L'universitaire Baba Sayed, à propos des transformations politiques dans le monde arabe

«Les monarchies du Golfe sont derrière les changements survenus dans le monde arabe depuis janvier 2011», selon l'universitaire Baba Sayed, chercheur en sciences politiques et enseignant à l'Université d'Alger. Intervenant au Forum géostratégique d'El Moudjahid sous le thème «l'Islamisme et les transformations politiques dans le monde arabe», le conférencier a mis en évidence le fait que «les monarchies du golfe se mettent à programmer des révolutions alors qu'il n'existe pas de partis politiques chez elles». Ce qui a donné, selon lui, des raisons à ce que l'islamisme politique né avec, devient sujet à suspicion auprès des opinions. Se gardant, tout au long de son exposé, de nommer le pays instigateur des «révolutions», Baba Sayed, finit par lâcher, durant le débat, que «le Qatar a une tâche précise» dans ce qui se passe dans ces contrées. Sur sa lancée, il indique que «l'émirat du Qatar accomplit à merveille cette tâche qui lui a été confiée par les Occidentaux». Sur la question relative à l'accession des partis d'obédience islamiste au pouvoir institutionnel dans des pays arabes, le conférencier ne met pas les changements survenus dans la même catégorie. Baba Sayed parle d'expériences différentes à propos de ce qui s'est produit en Tunisie, en Egypte et en Libye. Pour le chercheur, «la différence entre les trois expériences est manifeste». S'agissant du cas libyen, il dira que c'est l'Otan qui a décidé de renverser l'ancien régime qui ne servirait plus ses intérêts. A propos des implications de l'intervention de l'Otan en Libye, le conférencier est convaincu que l'instabilité dans laquelle est plongée la région du Sahel a été aggravée par la situation imposée dans ce pays. Concernant la Tunisie, Baba Sayed évoque principalement «un effet Boomerang» qui a emporté le régime policier de Ben Ali. «L'ancien régime tunisien a voulu, pendant plusieurs décennies, faire abstraction de toute appartenance civilisationnelle de tout un peuple», dira-t-il. Et d'ajouter que «dans ce pays, on a orienté les gens sur un modèle francisant, ils ont fini par dire non».
A propos de l'Egypte, Baba Sayed évoque une convergence de plusieurs facteurs pour que les choses changent et pour que le changement consacre une victoire des Frères musulmans auxquels appartient l'actuel président, Mohamed Morsi.
Le conférencier convoque, par ailleurs, un discours de Condoleezza Rice prononcé au Caire, afin d'appuyer l'idée que les Etats-Unis ne sont pas sans rôle dans la chute de Hosni Moubarak.
«Nous avons privilégié, pendant 70 ans, la stabilité à la justice. Aujourd'hui, nous devons changer», avait déclaré l'ex-secrétaire d'Etat américaine. L'universitaire ne doute pas que «le sort de tous les pays arabes est tributaire du sort de l'Egypte de par sa situation géostratégique». Une réalité, soutient-il, que «les Occidentaux n'ignorent pas». L'invité d'El Moudjahid terminera son intervention en suggérant plus de prudence dans la lecture de tels événements.
A. Y.