Le Puits, premier long métrage de Lotfi Bouchouchi, est en course pour les Oscars. Avant la grande cérémonie californienne de février 2017, il faut convaincre les votants américains. Un intense travail de promotion et de persuasion doit être mené pour que le film algérien soit inclus dans la short list et consacré.«Nous avons choisi le meilleur film algérien», déclare Mohamed Lakhdar Hamina, président du Comité de sélection des films pour les Oscars. Le Puits de Lotfi Bouchouchi représentera l'Algérie dans la catégorie «Meilleur film en langue étrangère», une section créée en 1947. Le long métrage doit être d'abord sélectionné par les votants américains avant d'être pris dans la très convoitée short list avant le podium. «Le film évoque une période difficile pour nous, la Guerre de Libération nationale.Il s'agit également d'une histoire de femmes. Un bel hommage leur est rendu. Le Puits est un film sensible qui s'adresse au coeur et aux tripes. J'ai pu transmettre aux membres du comité cette obsession d'algérianité et de sentiments que j'avais pour ce film», confie la Palme d'or de Cannes 1975. En juillet 2016, le public du Festival international du film arabe d'Oran avait réservé un accueil particulier à Lotfi Bouchouchi et à son film, dont le scénario a été écrit par Yacine Mohamed Benelhadj.Un tonnerre d'applaudissements et des youyous ont secoué la salle Maghreb. Du jamais vu ! Le cinéaste, qui en est à son premier long métrage de fiction, a eu les larmes aux yeux. «Le Puits est l'une des suprises du cinéma algérien de ces deux dernières années. Beaucoup de films ont été produits à la faveur du cinquantième anniversaire de l'indépendance, des films historiques, mais personne n'attendait Lotfi Bouchouchi à la direction d'un long métrage. Il a réussi grâce à un bon scénario, une bonne distribution et d'excellents comédiens comme Nadia Kaci.Tout cela démontre que la relève existe», estime le critique Salim Aggar. La sortie nationale du film, en mars 2015, n'a, malheureusement, pas été suivie d'un grand travail de promotion et de communication. La course aux Oscars exige beaucoup d'efforts en interne et en externe pour maximiser les chances. «Le combat ne fait que commencer pour les Oscars. Il faut passer plusieurs semaines à faire du marketing et du lobbying pour être dans la short list et ensuite décrocher l'Oscar.Il y a donc deux batailles à mener, celle des votants pour la liste des cinq meilleurs films étrangers et celle des votants de l'Académie pour être le meilleur des cinq. Le combat sera dur puisqu'à côté, il y a également de beaux films, notamment d'Amérique du Sud et d'Europe de l'Est. La force des Oscars est que la qualité et le sujet priment sur la taille de la production», explique Salim Aggar. Nabil Hadji, critique et universitaire, qualifie de très importante la candidature d'un film algérien aux Oscars.Il rappelle que Le Puits a déjà décroché plusieurs prix à l'international. «C'est déjà un acquis pour le cinéma algérien. Par sa narration et son esthétique visuelle, Le Puits s'est distingué des autres films algériens dans l'évocation de la Guerre de Libération nationale. Mais il est encore difficile d'évaluer ses chances aux Oscars. Il y a déjà beaucoup de films étrangers en course dans cette catégorie. Le défi aujourd'hui est de soutenir Le Puits pour qu'il rassemble le maximum de voix. J'estime que toutes les institutions officielles doivent appuyer le long métrage dans la campagne promotionnelle tant sur le plan politique que médiatique. Les Oscars ont toujours caché des surprises», souligne Nabil Hadji.SoutienMohamed Lakhdar Hamina a regretté que son film Le Crépuscule des ombres, candidat aux Oscars dans la précédente saison, n'ait pas eu les soutiens nécessaires pour être plus visible auprès des votants. Aussi appelle-t-il l'Etat algérien à appuyer la candidature du film de Lotfi Bouchouchi. «Aux Oscars, un film ne représente pas un metteur en scène ou un producteur, mais un pays, un Etat. Et l'Etat doit mettre la main à la poche.500 000 dollars ou un million de dollars, c'est rien pour un Etat quand il s'agit de défendre les couleurs algériennes à Hollywood, dans le territoire de la culture cinématographique, ou à New York», relève-t-il, en faisant un parallèle avec la participation de l'équipe algérienne de football dans les compétitions internationales. «La particpation algérienne au Mondial du football coûte quelques milliards. Et je suis sûr qu'un film qui va aux Oscars fera parler autant la presse internatinale.C'est pour cela que ce soutien est important», insiste Mohamed Lakhdar Hamina. Avant la grande cérémonie des Oscars, les producteurs, les distributeurs et les studios organisent des conférences de presse, des réceptions, des dîners, des conférences, des débats, des interviews autour des films candidats.Le travail promotionnel fait à l'intérieur du pays est tout aussi important. A cet effet, Lotfi Bouchouchi, qui a eu des promesses de soutien financier de la part du ministère de la Culture, souhaite fédérer les algériens autour du film et de sa candidature aux Oscars. «Un mini-Omdurman comme en 2009 avec l'équipe nationale de football», confie le réalisateur. La 89e cérémonie des Oscars est prévue en février 2017 au théâtre Dolby, sur Hollywood Boulevard, à Los Angles.
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Posté Le : 23/09/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fayçal Métaoui
Source : www.elwatan.com