Algérie

Le public, un baromètre de la qualité artistique peu fiable



Le public, un baromètre de la qualité artistique peu fiable
Il serait hasardeux de répondre à ces questions par l'affirmative, tant le désert culturel ayant régné en Algérie pendant de longues décennies a laissé des traces incommensurables dans l'esprit des Algériens. Malheureusement, l'Algérie ne dispose pas d'un public culturel capable de jouer un rôle déterminant dans une opération de classement des artistes de toutes les disciplines.Et la faute n'incombe évidemment pas aux Algériens qui ont subi deux contraintes majeures qui les ont éloignés de la chose culturelle et artistique. Toute la responsabilité de la mauvaise formation du public incombe en premier lieu aux pouvoirs publics qui ont complètement abandonné l'éducation artistique, et ce, depuis de longues années. L'école qui était une véritable pépinière d'artistes dans les années soixante et soixante-dix a fini par tourner le dos à la culture et aux arts pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la pédagogie. Seuls les établissements scolaires ont cette capacité d'inculquer à un plus grand nombre de personnes les bases culturelles et artistiques, susceptibles de faire des bambins de futurs artistes ou hommes de culture, sinon de futurs adultes capables de discerner entre des produits de qualité et des ?uvres médiocres. Des adultes capablesde s'intéresser à tous les aspects du produit culturel.Comme dans la musique et la chanson colonisées pendant près de deux décennies par le festif et le rythme, par la grâce justement d'un public qui avait cessé de s'intéresser à la beauté de la note musicale et aux messages que pourrait transmettre le texte d'une chanson. Comme s'il avait juste besoin de s'exorciser avec du rythme, qu'importe le message véhiculé par l'?uvre. Pire encore, à l'époque, il n'y avait que la chanson qui attirait le public qui n'était intéressé par aucune autre discipline artistique comme les arts plastiques, le cinéma ou le théâtre. Surtout qu'à l'époque, les salles de cinéma étaient toutes fermées alors que le théâtre communal (actuellement régional) était dans un état de délabrement avancé qui ne permettait pas aux troupes théâtrales d'en bénéficier.Les années quatre-vingt-dix étaient aussi une période caractérisée par un désert culturel et artistique inouï, dans la mesure où les meilleurs artistes se sentaient menacés et préféraient s'exiler ou se mettre en veille, en matière de production. Les artistes de pacotille n'ont pas hésité à occuper le terrain et s'imposer sur la scène artistique devant un public occupé plutôt par les conditions sécuritaires et socioéconomiques exécrables qui régnaient à l'époque. Le choix était entre le médiocre et le très médiocre, pour rester gentil avec tous ces pseudo-artistes qui ont régné en maîtres sur le champ culturel pendant plus d'une décennie. Donc, le choix du public était et est réellement limité. Et pas uniquement avec les artistes mais aussi avec des éditeurs qui ont relégué au second plan les ?uvres de qualité pour d'évidentes raisons commerciales. Mais si l'école ne fait pas dans l'éducation artistique, le public semble aujourd'hui, et ce depuis quelques petites années, décidé à se prendre en charge en matière d'intérêt artistique et culturel. Un public de plus en plus jeune s'intéresse effectivement à la belle musique et aux belles paroles. Il n'a pas encore constitué une majorité capable de faire disparaître la médiocrité de la scène culturelle, mais il arrive déjà à réduire l'influence de la chanson festive et la culture fast-food. Et si cette tendance se confirme et se développe, le public pourra devenir dans quelques années un baromètre de la qualité artistique. Il saura être un bon jury pour des productions artistiques, des compétitions et des émissions télévisées.M. B.




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