Algérie

"Le PT ne participera pas aux législatives"



Pour la première fois depuis les législatives de 1997, le Parti des travailleurs fait le choix de boycotter le scrutin législatif. Louisa Hanoune a estimé que le rendez-vous du 12 juin prochain est une tentative malheureuse de maintenir le système.Ce qui était dans l'air du temps a fini par être entériné par la direction : le PT n'ira pas aux élections législatives. "Le comité central a pris la résolution, à la quasi-unanimité de ses membres, de ne pas participer aux législatives. C'est une décision stratégique et non pas tactique. Notre plan d'action d'étape s'articule autour des luttes populaires. Nous voulons que la révolution réussisse", a affirmé, hier à Alger, à l'occasion d'une conférence de presse, Louisa Hanoune.
La secrétaire générale du parti a clairement expliqué les raisons qui motivent le boycott du scrutin du 12 janvier 2021. "Les élections législatives anticipées sont une tentative malheureuse de maintenir le système. Ce n'est pas une revendication populaire. Le parti des travailleurs s'est rangé du côté du peuple depuis l'éclatement de la révolution le 22 Février 2019", avance Louisa Hanoune, avant d'égrener des arguments qu'elle dit imparables : résultats du scrutin prévisibles ; fermeture des médias à l'opposition ; atteintes aux droits de l'Homme et aux libertés ; conditions sociales difficiles...
"Des obstacles infranchissables ne permettant pas la confrontation des idées et des programmes", soutient-elle, en abordant aussi les contraintes posées par la Constitution et la nouvelle loi ordonnance portant régime électoral. Selon elle, le financement public des listes indépendantes est discriminatoire et illégal. "De quel droit dispose-t-on ainsi de l'argent public pour créer une société civile sur mesure ' Cela va encourager l'opportunisme et le clientélisme.
Ce sera la foire avec des milliers de listes électorales à financer. Un système qui ne veut pas partir ne peut que créer des monstruosités", pronostique-t-elle. Pessimiste, elle appréhende des pratiques plus outrancières. "Le pouvoir va essayer d'acheter les consciences. Il a déjà tenté de soudoyer nos militants engagés", rapporte la femme politique. Ne plus siéger dans le temple parlementaire impacterait-il sur la visibilité du parti sur l'échiquier politique ' "Ce n'est pas la première fois que le PT boycotte des élections législatives.
Nous n'avons pas pris part à celles de 1991 car nous avons senti l'odeur du sang. Nous avions raison. Nous nous sommes retirés des locales de 1990 et n'avons pas participé à la présidentielle de 1995. Nous avons constaté que notre place n'est plus à l'APN en 2019, car nous prêchions dans le désert", rappelle-t-elle. Elle précise que la formation politique qu'elle dirige a payé le prix fort pour la démission de son groupe parlementaire de l'Assemblée nationale.
"C'est en partie à cause de cette démission que j'ai été incarcérée. Le parti a subi des pressions de toutes parts. Il a résisté", assure-t-elle. Eprouvée par neuf mois de détention à la prison militaire de Blida, Louisa Hanoune a retrouvé un parti au creux de la vague, hors des institutions élues, en marge du mouvement citoyen qu'il a pourtant soutenu dès son émergence.
Elle dresse, à l'occasion, un bilan sans complaisance du Hirak. Elle reproche aux activistes de vouloir étouffer la demande sociale et les revendications afférentes aux droits des femmes. "Empêcher l'expression des revendications sociales, égalitaires et idéologiques est un facteur de démobilisation et de démoralisation.
Le Parti des travailleurs rejette les appels à reporter ces questions à après le départ du régime. C'est un piège fatal pour la révolution, car il favorise la pensée unique", estime-t-elle. De son point de vue, expurger le mouvement citoyen de la diversité et du débat contradictoire sert les visées des pouvoirs publics, à "caporaliser les institutions élues et à l'atomisation du pluralisme politique".

Souhila H.


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