La colère gronde en TunisieDes marches de protestation ont aussitôt été organisées, comme hier sur l'avenue Habib Bourguiba, relançant la campagne «Maniche Msemah» (Je ne pardonnerai pas). Partie de la statue d'Ibn Khaldoun, cette marche a eu lieu au milieu d'un important dispositif de sécurité.Un attentat terroriste a été déjoué par la brigade spécialisée, visant trois emplacements stratégiques sur l'avenue Mohammed V à Tunis. Selon certaines sources sécuritaires, l'attaque visait le siège du parti politique Machrou Tounès, celui de Nessma TV ainsi qu'une école qui se trouve à proximité. Le quotidien Al Chourouk a précisé dans son édition de vendredi dernier que le plan de cet attentat a été révélé par un élément de la cellule terroriste à la suite de son arrestation. Passé aux aveux, il appartient au groupuscule Ansar al Chariaâ. Le groupuscule d'extrémistes a choisi l'avenue Mohammed V parce qu'elle est un pôle fondamental avec ses banques, ses grandes sociétés, les sièges de plusieurs partis politiques et plusieurs centres culturels. Toujours selon la même source, le plan a été élaboré en étroite coordination par des extrémistes se trouvant au Moyen-Orient et en Tunisie.C'est dans un climat sécuritaire et socio-économique tendu que la Tunisie a accueilli le dernier discours du chef de l'Etat, Béji Caïd Essebsi, qui a annoncé une décision cruciale, le recours à l'armée pour protéger les sites industriels devenus la cible de toutes les contestations et des manifestants qui réclament un emploi. Depuis plusieurs semaines, de nombreuses villes, qu'elles soient dans la zone utile ou dans le pays profond, connaissent une grogne spectaculaire, parfois assortie d'affrontements violents entre les protestataires et les forces de l'ordre comme à Tataouine, à Bizerte et à Ben Guerdane.Ajoutée à cette agitation qui va grandissante, la remise à l'ordre du jour d'un projet de loi sur la réconciliation économique et financière devant les députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a constitué un nouveau sujet de polémique. Des marches de protestation ont aussitôt été organisées, comme hier sur l'avenue Habib Bourguiba, relançant la campagne «Maniche Msemah» (Je ne pardonnerai pas). Partie de la statue d'Ibn Khaldoun, cette marche a eu lieu au milieu d'un important dispositif de sécurité. Plusieurs participants du Front populaire, du Courant démocratique, du Parti républicain, de la Ligue tunisienne des droits de l'homme et de l'Association des femmes démocrates étaient présents. Les participants ont exigé le retrait définitif de ce projet de loi pour «garantir le bon déroulement du processus de réconciliation engagé par les différents mécanismes de la justice transitionnelle». Ils ont également critiqué le discours du 10 mai que le président de la République Béji Caïd Essebsi a prononcé, y voyant une volonté d' «instrumentalisation de la peur» et «un projet élitiste destiné à blanchir les personnes proches de la présidence de la République. Toute exploitation de la majorité numérique au sein de l'Assemblée des représentants du peuple pour faire passer ce projet de loi risque d'avoir de graves conséquences sur le pays», ont affirmé certains responsables politiques à cette occasion. Soumis le 26 avril 2017 à l'examen de la Commission de la législation générale, le projet de loi avait été déposé en juillet 2015 par la présidence de la République au bureau de l'ARP. Nombreux sont les chefs de file des partis et des associations qui s'opposent à la tentative du gouvernement, instruit par le président Caïd Essebsi, d'amnistier les détenteurs de capitaux douteux en échange de certains engagements. De là, vient l'accusation adressée aux auteurs du projet de loi taxés de «protecteurs de la corruption».Du côté de la coalition, le président d'Ennahda Rached Ghannouchi a salué le discours du chef de l'Etat qui pose la question de la transition économique, le rejet d'une propagation de l'anarchie et l'impératif de faire respecter la loi pour relancer la production. Il n'empêche que l'opposition qui compte organiser de nouvelles manifestations contre le projet de réconciliation économique maintient son refus d'un «faux consensus politique» et parle déjà de «l'échec du gouvernement Youcef Chahed», responsable selon elle de l'instabilité et des problèmes de gouvernance. A cet égard, la malencontreuse sortie «italienne» du ministre des Affaires locales et de l'Environnement, Riadh Mouakhar, est brandie comme la preuve de l'amateurisme des nouveaux dirigeants de la Tunisie. Et c'est Ridha Belhadj, membre de l' «instance dirigeante» de Nidaa Tounès, qui enfonce le clou en observant que «le discours de Caïd Essebsi est bien en dessous des attentes» et qu'il est venu «ajouter de nouveaux problèmes au lieu de trouver des solutions à ceux qui existent déjà» au risque de provoquer l'ire de l'Ugtt dont l'appel à l'élargissement du dialogue national est toujours en souffrance.
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Posté Le : 15/05/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com