Algérie

Le projet de rapatriement des centres d'appels français du Maghreb suscite le scepticisme



Le projet de rapatriement des centres d'appels français du Maghreb suscite le scepticisme
Le souhait du ministre français du redressement productif, Arnaud Montebourg, de rapatrier les centres d'appels français installés au Maghreb est peu apprécié au Maroc. Plus de 40.000 emplois sont en jeu dans un secteur qui génère un chiffre d'affaires de 8 milliards de dirhams. Le ministre français semble agir en idéologue de la « démondialisation » en ciblant des activités délocalisées pour des raisons évidentes de cout et de rentabilité.
L'annonce le 13 juin dernier du ministre français du Redressement productif de ''rapatrier'' les centres d'appels a été mal accueillie au Maroc, où plus de 180 centres d'appels prospèrent. Ils sont surtout français, mais également espagnols, portugais et même américains. L'offshoring bat son plein au Maroc où plus de 40.000 télévendeurs travaillent 7jours sur 7 pour le compte de plusieurs donneurs d'ordre européens. A court terme, le gouvernement marocain table sur plus de 100.00 télévendeurs. L'annonce d'Arnaud Montebourg de relocaliser les centres d'appels français en France a fait réagir le gouvernement marocain. Le ministre marocain de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles Technologies, Abdelkader Amara, espère que la France "en restera au niveau des souhaits". "Au-delà des relations franco-marocaines privilégiées, il faut d'abord voir l'offshoring comme servant la compétitivité des entreprises françaises", a-t-il expliqué au journal économique français Les Echos. Youssef Chraïbi, président de l'Association marocaine de la relation client (AMRC), estime de son côté que ''les entreprises françaises seraient les premières perdantes et se tireraient une balle dans le pied''. Quant au directeur délégué de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Mounir Ferram, il faut parler d'"une cohérence globale des échanges et de la présence des grands groupes du CAC 40 au Maroc".
« C'est trop tard ! »
Les Echos relèvent que le « souhait » d'Arnaud Montebourg n'est pas prêt d'être réalisé et il faudra lever bien des obstacles avant. « L'heure d'exploitation coûte 14 euros dans un centre marocain mais plus du double (30 euros) dans un centre situé en France. Sans compter que l'économie de certains pays concernés (Maroc, Tunisie) est fortement tributaire de ce secteur, rendant difficile d'envisager la suppression des centres d'appels qui s'y trouvent déjà''. L'argument massue est avancé par Muriel Florin, directrice du centre d'appel B2M. « Le coût du travail est indéniablement plus bas qu'en France, (...) le Maroc est un gisement de travailleurs francophones qualifiés qui cherchent un emploi, vous ne trouverez pas de bac+4 dans un centre d'appel en France''. Dans un entretien à Usine Nouvelle, Eric Dadian, président de l'Association française de la relation client (AFRC), estime qu'il est « impossible de ramener ces emplois en France. Cela entrainerait de lourdes conséquences en matière de politique internationale et d'échanges commerciaux entre les pays. Le Maroc, la Tunisie ou le Sénégal feront inévitablement pression sur l'Etat français pour ne pas perdre ces emplois de service fortement reconnus. Cela est déjà arrivé par le passé. Par ailleurs, je ne suis pas certain que forcer les opérateurs télécoms à rapatrier leurs centres d'appels en France soit pleinement conforme avec les règles européennes sur la concurrence ». Selon lui, il est déjà « trop tard pour rapatrier les centres d'appels en France". Avant Montebourg, il y avait déjà eu en 2004 et en 2010, des velléités chez Jean-Louis Borloo, puis Laurent Wauquiez. Tous deux avaient envisagé, sans résultat, de faire relocaliser les centres d'appels des opérateurs.
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