Algérie

«Le projet de la FAF plaît à Gourcuff»



«Le projet de la FAF plaît à Gourcuff»
Ancien rédacteur au Miroir du football et professeur de lettres à la retraite, Loïc Bervas a écrit une biographie sportive sur la carrière de joueur et d'entraîneur de Christian Gourcuff (Christian Gourcuff, un autre regard sur le football, Liv'Editions). Tout au long de ce récit initiatique, l'auteur nous fait découvrir un homme passionné par le ballon rond et un technicien attaché à des principes de vie et de jeu.- Dans la préface de votre livre, Christian Gourcuff cite Albert Camus, un autre passionné de football. Son arrivée en Algérie dans la patrie de l'écrivain vous surprend-elle 'Nous avons la même admiration pour Camus, mais je ne suis pas sûr qu'il y ait un lien entre les deux.Il a répondu à une sollicitation de la Fédération algérienne de football. Au départ, j'ai été étonné par le poste de sélectionneur, puis j'ai su qu'il y avait un autre volet dans son contrat. Il y a six mois, il m'avait dit qu'il ne voulait pas rester dans le football français. Quand l'air devient irrespirable pour lui (il était en conflit avec son président à Lorient, ndlr), il part à l'étranger.- La passion du foot est parfois débordante en Algérie. Est-ce le type de contexte qu'il affectionne 'Il a reçu un très bon accueil de la part de la fédération. Je crois que c'est le projet qu'on lui a proposé qui lui a plu. Il s'occupera de l'équipe première, de la sélection espoirs. Il aura par ailleurs une influence sur la politique liée à la formation auprès de la DTN. Quand il m'a dit qu'il était intéressé par la proposition algérienne, il a toujours expliqué qu'il fallait qu'il laboure en profondeur. Il a besoin de la confiance de son président et d'installer ses conceptions dans la durée. Ce n'est pas un homme de coups. La seule crainte, c'est qu'on ne lui laisse pas le temps. Avec toute la passion qui entoure le football en Algérie, sera-t-il conservé s'il n'a pas, d'emblée, des résultats probants '- La fonction de sélectionneur est une nouveauté dans la carrière du technicien breton. Est-ce un rythme de travail qui peut convenir à un gros bosseur comme lui 'Il prendra à c?ur ce rôle. C'est un travailleur acharné. Il sillonnera aussi les terrains en Algérie pour voir les matches de championnat.- Un autre regard sur le football est le titre de votre livre. Quelle est sa spécificité par rapport aux autres techniciens 'Il ne croit pas aux résultats par tous les moyens. Il ne supporte pas l'expression «la culture de la gagne» dans laquelle on met tout ce qu'on veut. Pour lui, le sport a des valeurs. Il ne met pas de signes contraires entre la manière et le résultat. Quand cela ne marche pas, il ne change pas de méthode. Au contraire, il dit qu'il faut revenir aux fondamentaux. Il est prêt à mourir pour ses idéaux. C'est une vision qui est peu partagée par d'autres entraîneurs.- Pourquoi les notions «d'état d'esprit, d'investissement et de responsabilisation des joueurs» sont primordiales chez lui 'Il aime parler de «sensibilité du football». Il pense qu'il y a une intelligence du jeu. Dans un cadre intériorisé, le joueur, qui n'est pas un pion à ses yeux, doit pouvoir libérer son potentiel. Ce n'est pas un professeur qui donne des leçons et l'élève qui applique sans comprendre. Il recherche cette synergie profitable au collectif. Le problème dans le football d'aujourd'hui, c'est l'individualisme. Il se bat contre cet état d'esprit.- Quel type de manager est-il dans ses relations avec les joueurs 'Quand il était entraîneur-joueur, c'était le copain. Aujourd'hui, certains lui reprochent une certaine froideur et une distance avec les joueurs. Il est très réservé, mais il est capable d'apprécier les joueurs individuellement. C'est un Breton finistérien. Il est taiseux. Il a de l'autorité. Il dit souvent que les regards valent plus que les paroles. Cela ne veut pas dire qu'il n'a pas d'émotions. Dans le domaine du football, il est bouillonnant. C'est un vrai scanner. Sa vie, ses réseaux, son ouverture au monde s'organisent via le médium football.- Il a eu sous ses ordres plusieurs joueurs algériens. Quelle était sarelation avec eux 'Je me souviens qu'avec Saïfi, cela s'était bien passé. Quand il jouait avec Vahirua, on a eu droit à des accents brésiliens. Karim Ziani a par ailleurs été élu meilleur joueur de Ligue 2.- Le public algérien, à l'instar du sélectionneur quand il était joueur, est connu pour aimer le beau geste. En conférence de presse, il a déclaré vouloir jouer l'offensive. Pensez-vous qu'il peut ressusciter le style de jeu qui a marqué le football des années 1970 et 80 en Algérie 'Si les joueurs s'y prêtent, il sera comblé. Mais cela ne pourra se faire que dans la durée. Ce n'est pas un magicien. A très court terme, il essaiera de faire passer ses grands principes. Il aura Mansouri comme relais et il ira voir des matches de championnat. Cela pourrait aussi lui donner des éléments.




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