Algérie

Le programme «RHP» n’a rien changé à Ain El-Beïda et sa population



Des milliards déboursés pour des actions presque fictives Neuf années écoulées depuis le lancement effectif par la Banque mondiale du programme «RHP» (Résorption de l’Habitat Précaire) à Oran pour deux sites défavorisés, en l’occurrence, Aïn El-Beïda et El-Hassi, mais rien n’a changé dans le décor hideux de ces agglomérations urbaines. L’habitat précaire continue à pousser et l’esthétique de l’espace urbain ne cesse d’être agressé, jour après jour. Pour le cas des deux expériences pilotes sus-indiquées, la réalisation du programme «RHP» a été confiée à deux promoteurs publics, en l’occurrence, l’Agence d’Amélioration et du Développement du Logement «AADL» qui a pris en charge le site d’El-Hassi et l’agence foncière attributaire du projet d’Aïn El-Beïda. Cette dernière avait assuré, elle-même, les plans et études techniques des sites qui abritaient les douars «El-Arabe et El-Marouk». Ces études comprenaient les réalisations de la voirie, les équipements publics de première nécessité, les réseaux d’AEP, l’éclairage public et le gaz de ville. L’enquête socio-économique avait été confiée au bureau d’études «URSA» qui, rappelons-le, a réalisé le premier recensement du site des Planteurs pour le compte du projet de transfert de sa population.En effet, et pour le cas d’Aïn El Beïda, l’opération de recensement avait ressorti le chiffre de 1161 habitations précaires. Une donnée confirmée par le président du comité de quartier, qui est membre de la commission de la daïra chargée du dossier et qui comprend dans ses rangs, également, des représentants de la daïra, de la direction de l’urbanisme et de l’habitat, et ceux de l’agence foncière et de la commune. Sur ce total, il a été décidé l’éradication de 309 habitations, dont l’étude technique avait imposé sa suppression, du fait qu’elles constituaient une entrave devant la réalisation de certains travaux, telle que la voirie. L’opération de relogement de la population avait commencé en 2003 et elle s’est déroulée sur plusieurs phases. La première, comprenait le relogement de 193 familles, la seconde, l’attribution de logements à la cité 05 juillet pour 63 ménages, tandis que la troisième phase concernait, initialement, le relogement de 56 familles, mais elle n’a toujours pas été mise en œuvre. Parmi elles, 18 familles qui affirment posséder, depuis 2003, les décisions d’attributions et elles se sont, même, acquittées du premier apport dans le montage financier de ce projet, estimé à 18 millions de centimes pour chaque bénéficiaire, versés au compte de l’agence foncière. Ces familles n’ont pas été relogées à ce jour, nous dit-on. Selon des informations recueilles auprès de la daïra, la première étude technique réalisée sur ce projet, a été remplacée par une autre qui a ressorti comme donnée, la préservation et maintien des habitations qui devaient être éradiquées par nécessité technique. Ainsi, les familles à qui on a remis des décisions d’attribution et qui ont payé la première tranche du montage financier des logements, seront indemnisées. Ceci intervient, alors, au moment où l’agence foncière a demandé à l’ensemble des ménages qui habitent le site, de s’acquitter de la somme de 700 dinars pour le mètre carré, comme frais de régularisation des actes de propriété. Une estimation financière rejetée, presque, par la majorité des ménages dont une bonne partie habite des caves et des ravins. Ce qui a compliqué davantage la situation, c’est bien le relogement de 256 familles dont les habitations n’ont pas été démolies à ce jour, même si les autorités locales ont chapeauté, elles-mêmes, les travaux de démolition de 06 unités dont celle du président du quartier. Le hic dans l’histoire, vient du fait qu’il a été demandé aux familles ayant bénéficié d’un logement ailleurs, de procéder, elles-mêmes, à la démolition de leurs demeures en matérialisant cette action par des photos de l’ensemble des étapes de la démolition. Cette situation a ouvert la voie à toutes sortes de magouilles et spéculations financières. C’est ainsi que certains bénéficiaires ont vendu leurs nouveaux logements, avant même de les habiter, d’autres ont cédé leurs anciennes demeures à de nouveaux «débarqués» sur les lieux, dans l’espoir de bénéficier, à leur tour, d’habitations neuves dans le cadre de ce programme. Une situation qui a conduit la commission de la daïra, en charge du dossier, de geler l’attribution 18 personnes soupçonnées de spéculations foncières, pendant qu’aucune trace des noms de 16 familles qui étaient portés sur les listes, n’a été retrouvée. Selon le président du comité de quartier, on impute à la nouvelle commission ces défaillances et lacunes qui, selon lui, n’a pas fait un travail approfondi. «Les familles dont on ne trouve aucune trace sur les listes, tel qu’ils l’affirment, existent bel et bien et elles occupent, toujours, leurs domiciles», dira-t-il, avant d’ajouter que la première réunion de la commission de daïra, en présence de l’ensemble des instances intervenant dans la réalisation de ce projet, la commune s’était engagée à consacrer 04 milliards de centimes pour la réalisation de la voirie et des travaux d’aménagement dans les sites 193, 63 et 56 logements. Une somme qui s’ajouterait à la participation des citoyens, évaluée à 06 milliards de centimes, à savoir que le coût total de chaque logement était estimé, alors, à 54 millions de centimes. Avec tout ces chiffres et ces promesses, rien n’a vraiment changé, ni dans la vie, ni dans le décor, ni dans l’esthétique urbain de ce site qui incarne plus que jamais, la misère et l’exclusion. S.A./Benmeriem


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