Algérie

Le programme du gouvernement et son efficacité



Aujourd'hui, il est important de constater que la survie de l'Algérie, comme celle de chaque pays dans le monde, doit passer par l'action gouvernementale, et que les débats et les discours doivent être fondés pour pouvoir conduire ce pays à la réussite. En effet, les exigences d'efficacité et de rapidité de l'action politique au niveau du gouvernement sont de plus en plus demandées, ce qui va consolider encore la puissance exécutive et l'anticipation positive. L'action du gouvernement doit être considérée comme étant une pratique permanente de décisions et d'élaboration de politiques ayant pour objectifs d'entretenir la structure organisationnelle des différents secteurs de l'Etat et de réaliser des actions en faveur de la protection de la société, et de l'amélioration ressentie des conditions de vie des citoyens. Lorsque l'on associe dans notre politique l'exigence d'efficacité et le mouvement du changement d'acteurs décisionnels et politiques, on verra bien la possibilité de monter en puissance l'action d'un modèle de gouvernement qui s'attache à résoudre toutes les difficultés économiques, sociales et politiques. C'est une logique qui veut que le gouvernement soit responsable devant les institutions politiques et devant la nécessité de développer le pays par l'action comme demande publique ou sociale. Il s'agit d'exiger que les réflexes politiques traditionnels soient dépassés et que la nouvelle action de l'Etat recommande d'aller au-delà des recettes classiques en utilisant une méthode renouvelée où les autorités publiques doivent projeter leurs finalités concrètes dans un processus de fabrication des politiques publiques ayant des résultats positifs.  L'objectif consistant à passer d'une logique de moyens à une logique de résultats devrait être au coeur du programme gouvernemental : il s'agit de s'intéresser davantage aux résultats concrets obtenus ou devant être obtenus grâce aux moyens attribués à une politique. Autrement dit, les débats devraient porter non seulement sur les moyens nécessaires pour atteindre les objectifs d'un programme, mais aussi sur l'efficacité des dépenses relatives à ces objectifs. En admettant que les différents acteurs de la politique publique soient responsabilisés sur les objectifs à atteindre, on se doit d'attendre en retour une efficacité et une performance accrues de l'action publique.  Pour le programme gouvernemental, il s'agit de définir des objectifs au niveau national et de les traduire en objectifs opérationnels pour les services et les opérateurs chargés de la mise en oeuvre des politiques. Pour chaque objectif, il s'agit de construire des indicateurs pertinents et fiables, afin d'évaluer les résultats des actions menées. Afin d'augmenter la performance des actions, les responsables de programmes devraient se baser sur des valeurs cibles associées aux indicateurs. Ainsi, chaque responsable, du responsable de programme gouvernemental au responsable de service opérationnel sur le terrain, devrait rendre compte des résultats relatifs à son niveau de responsabilité.  Les responsabilités doivent être clairement réparties et la proposition de programme du gouvernement doit tenir compte de la volonté exprimée par les citoyens. Les pouvoirs publics ont pour charge de créer et de maintenir un cadre global stable et efficace de la société, et de mener des politiques pour préserver ce cadre. Ils doivent respecter les principes de fonctionnement d'une démocratie efficace et les systèmes d'une rénovation économique et sociale, et s'engager pour les normes de comportement qu'ils entendent respecter au niveau des différentes administrations publiques, notamment concernant l'évolution de leurs services et leurs recettes. Le gouvernement a pour charge d'exécuter le programme du gouvernement et même de l'adapter si cela s'avère nécessaire. Mais en contrepartie, le Parlement doit être efficace par une surveillance et un contrôle énergiques de cette exécution.  Par ailleurs, le principe de primauté de l'intérêt général doit être respecté, notamment en ce qui concerne les dispositions des grands décideurs et pour les mesures d'application du programme de gouvernement. Ainsi, il faut souligner la mise en place nécessaire d'une autorité d'évaluation indépendante chargée de veiller au respect de ce principe et de suspendre les dispositions ou projets incompatibles avec l'intérêt général. Cette autorité devrait également tenir les citoyens informés de ses conclusions et recommandations.  Un gouvernement algérien stable et efficace doit tout simplement être en mesure de réaliser son programme électoral. Ainsi, un gouvernement efficace doit pouvoir accéder à un grand nombre de données et les analyser avec le concours des meilleurs cadres et conseillers de la nation. Le principal défi consiste à mettre en oeuvre des actions qui apportent des solutions aux problèmes restés jusqu'à maintenant irrésolues. Il s'agit de s'intéresser au processus de mise en oeuvre du programme gouvernemental qui doit prendre la forme d'un « flux tourbillonnaire » comprenant la formulation de l'action (une ébauche de solution aux problèmes), la reformulation de l'innovation en fonction des ressources disponibles et des réactions des acteurs, et l'observation des effets avec la possibilité de reconsidérer l'action initiale. Un tel objectif met bien en évidence la dérive qui intervient toujours dans la mise en oeuvre d'un programme gouvernemental (réduire la différence entre les déclarations et les réalisations). Ceci dit, la réussite d'un programme gouvernemental dépend toujours des tentatives de réduction de sa dérive. C'est pour cela que l'objectivité politique est supposée conduire les acteurs de la décision à reformuler en permanence les objectifs et les méthodes de l'action. Il est vrai que la gestion d'un pays comme l'Algérie, qui connaît souvent des problèmes au niveau de l'application du programme gouvernemental, de son suivi et de ses vrais effets sur le terrain, doit s'identifier à la stature de toute l'équipe gouvernementale mais doit obéir aussi et surtout à la qualité de toutes les interventions et les actions de tous les acteurs publics du plus haut au plus bas.  Pour la réussite du programme gouvernemental, il est aussi important d'encourager, comme c'est le cas dans bon nombre de pays développés, la mise en place d'organisations indépendantes de la société civile, basées sur un statut privé, dans lesquelles les citoyens poursuivent les intérêts communs sans interférence des pouvoirs publics. Ces organisations informent périodiquement sur l'avis des citoyens concernant les problèmes fondamentaux de la vie économique, sociale et politique, publient les éléments incompatibles avec l'intérêt général, réalisent des analyses macroéconomiques à moyen et long terme, donnent des critères d'appréciation des projets de programmes des partis politiques et d'autres propositions politiques importantes, formulent des propositions de réforme qui prennent en compte les situations actuelles et les développements prévisibles, et créent des incitations pour un comportement constructif et conforme à l'intérêt général.  En effet, les partenaires sociaux ont pour charges de fixer par exemple les conditions sur le marché du travail et d'adapter l'évolution de ce marché à la situation des entreprises, secteurs et régions (besoin de postes de travail, part de la population en âge de travail, productivité du travail, intensité de capital fixe, degrés de modernité du stock de capital, problèmes écologiques, compétitivité internationale...). Il est clair que les débats sur le programme-bilan du gouvernement qui se sont poursuivis ces derniers jours pour l'adoption de la politique générale du pays ont axé leurs analyses sur les thèmes de l'institutionnel, du chômage, de la justice et de la privatisation... Mais en outre, il est important de dire qu'il faut mettre l'accent sur les conditions de vie des citoyens, en insistant sur le fait qu'aucun programme gouvernemental performant ne peut atteindre la concrétisation et la réussite si les citoyens et la population ne s'y reconnaissent pas. Ceci dit, un programme gouvernemental ne peut pas signifier quelque chose dès lors qu'il n'apporte pas de changement pour ces citoyens.  Enfin, pour réussir un programme gouvernemental, il est essentiel d'avoir les meilleurs éléments qui seront responsables du champ cognitif nécessaire à sa gestion, bien sûr avec le souci d'améliorer son exécution et son application sur le terrain : pour mieux et bien avancer en Algérie, il s'agit d'examiner en continuité les pratiques de gestion du programme gouvernemental et ses réalisations. *Docteur en sciences politiques (politologue)


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