Algérie

Le professeur M. Reggabi parle du départ des chefs de service dans les hôpitaux à l'Âge de 65 ans



Le professeur M. Reggabi parle du départ des chefs de service dans les hôpitaux à l'Âge de 65 ans
Indispensables aujourd'hui et plus encombrants qu'utiles demain. Est-ce ainsi que l'on perçoit désormais les plus hautes instances médicales du pays 'Le ministère de la Santé, qui n'aime pas être dérangé dans son confort, voudrait les voir vider les lieux mais pas le ministère de l'Enseignement supérieur. Lui sait que s'il les mettait à la retraite, il serait bien en peine de les remplacer dans l'immédiat ou même dans le futur proche. Pour le ministère de la Santé, les inquiétudes ne sont pas de même nature. Poussé par de jeunes maîtres-assistants syndicalistes aux dents longues, il préfère céder à la pression que regarder les risques qu'engendrerait une mise à l'écart de tout ce que compte le pays comme maîtres chevronnés en la matière. Les centaines de postes vacants n'ont pas trouvé preneur que la tutelle travaille encore à en vider d'autres. Quelques jeunes loups se bousculent au portillon. On en a identifié une partie mais on ignore qui explicitement tire les ficelles. Le malaise qui règne dans la corporation, essentiellement chez ceux que l'on voudrait brutalement pousser dehors, autrement dit les professeurs chefs de service, aura fini par s'étaler au grand jour par la grâce de jeunes spécialistes hospitalo-universitaires impatients d'occuper les postes vacants et qui ne s'en cachent même plus, indifférents à l'allure que prend la fin de carrière de leurs aînés embarrassés par la tournure que prennent les évènements. Pour mieux comprendre ce qui se passe au cœur de la profession et du SNECHU(*), le syndicat censé défendre les intérêts de ses adhérents, nous avons approché certains professeurs dont le Pr M. Reggabi, professeur de toxicologie, ancien directeur de l'INESSM. Alger (Institut national d'enseignement supérieur en sciences médicales) et ancien doyen de la Faculté de médecine d'Alger, ex-chef de service du laboratoire du CHU Aà't Idir. Il a accepté de nous parler de ce que nous qualifions de bradage d'un important, pour ne pas dire indispensable pan de notre élite au bénéfice d'intérêts inavoués mais dont «l'agressivité» interpelle celles et ceux qui n'ont pas toutes les cartes en main.Le Soir d'Algérie : Professeur Reggabi, pourriez-vous nous expliquer ce qui se passe dans le milieu hospitalier ' Il y aurait comme une espèce de bras de fer entre le SNECHU et les chefs de service. Pourquoi ' Quels en sont les enjeux 'Pr Reggabi : Après avoir respecté depuis maintenant deux ans et demi l'obligation de réserve et le respect de soi que nous ont transmis nos aînés, je suis dans l'obligation d'accepter de répondre à vos questionnements.Ce qui nous préoccupe, aujourd'hui, c'est cet acharnement, ce harcèlement obsessionnel, ce matraquage quotidien contre les professeurs hospitalo-universitaires qui, je le répète encore, souhaitent partir à la retraite comme cela se passe universellement, dans la DIGNITÉ. Mes collègues et moi ne sommes nullement contre le principe du départ mais contre la forme et les conditions qu'on voudrait nous imposer.Je sais que ce que je vais vous dire m'amènera beaucoup d'inimitié mais c'est le prix à payer pour défendre mes convictions et celles des collègues de ma génération et de celle qui nous a précédés.J'ai toujours dit que si mon assistant(e) ne progressait pas jusqu'au grade et à la fonction de professeur-chef de service, c'est que j'aurais échoué dans ma mission d'universitaire. Posez la question aux enseignant(e)s qui m'entourent quotidiennement. Et il ne peut pas le devenir si je m'éternise à ce poste. Nul n'est éternel. Il faut transmettre le flambeau.Et tout ce que je vais dire est étayé par les textes réglementaires et les nombreuses correspondances. Et ce n'est pas une déclaration de guerre contre X ou Y. Le moment est tout simplement venu de rétablir l'ordre des choses et la vérité.Certains voudraient faire croire que les patrons de service s'accrochent à leurs postes et vous venez de dire que non. Où est donc le problème, Professeur ' Et surtout quel est-il 'Au sein du SNECHU (le syndicat censé défendre les intérêts de la corporation), nous avons toujours demandé que le problème de la retraite soit défendu. Et cela dès que l'on s'est aperçu que la retraite des professeurs et professeurs chefs de service était plafonnée, faisant en sorte que la retraite de ces derniers est égale à 54/55% du dernier salaire et pratiquement du même montant que celle de son maître assistant. Je ne comprends pas pourquoi rien n'a été fait pour corriger l'erreur comme je ne comprends pas cette attitude-là . La logique aurait voulu que l'on fasse le nécessaire en temps voulu.Et vous pensez qu'il y a chez vos potentiels successeurs une volonté de nuire que vous ne comprenez pas ' A quoi serait dû, selon vous, cet acharnement à vouloir se délester sans ménagement des aînés 'Il y a deux points fondamentaux. Il est tout à fait légitime d'avoir l'ambition de progresser, d'avoir en tête d'occuper un jour un poste de responsabilité. C'est le contraire qui serait anormal. Il y a, par contre, la manière d'y arriver et il faut, urgemment, régler ce problème. Cela fait 7 ou 8 ans que, personnellement, j'alerte par écrit, qu'à chaque assemblée générale du SNECHU, je dis «attention, on va avoir des problèmes !»Vous pensez que c'est le syndicat qui «complote» pour vous faire partir ' Je parle des professeurs chefs de service.Je ne suis pas un adepte du complot. Néanmoins, nous avons effectivement appris que certains collègues, des membres du syndicat actuel, auraient déclaré qu'ils ne prendraient en compte le problème de la retraite que lorsque leur tour arrivera. J'ai posé la question aux responsables, je n'ai eu aucun démenti officiel et je souhaite que chacun ait le courage d'assumer ses paroles et ses actes. Ce n'est pas sérieux de dire ça. Quand on intègre le conseil ou le bureau d'un syndicat, c'est pour défendre la corporation. Il y a quelques semaines, lors d'une assemblée générale, la nouvelle présidente du syndicat a dit : «Il faut qu'ils partent. C'est bon ! Les ministres ont signé», alors qu'il n'y a aucun document qui l'atteste ! Rien ! Il n'y a que la circulaire du chef de cabinet du Premier ministre aux deux ministres de tutelle, orientant vers un plafonnement des années et de l'âge des enseignants. Si c'est avec ces discours que l'on défend la corporation, bonjour les dégâts.C'est la façon cavalière avec laquelle on vous traite qui vous fait réagir. On voudrait vous débarquer comme ça sans préavis et c'est là que vous n'êtes pas d'accord.Oui ! Du jour au lendemain, vous recevez une décision vous informant que vous n'assurez plus la chefferie de service. C'est illégal. Dans nos statuts (décret n°08-129 du 3 mai 2008), pour accéder au grade de chef de service, il y a un concours sur titres et travaux mais il n'y a pas une seule ligne qui dise comment on met fin à la fonction de chef de service. Pourquoi ' Sans doute que dans l'esprit du législateur, cela devait correspondre à un départ à la retraite.En fait, en ce qui concerne des cas comme le vètre, il y a deux problèmes qui s'emboîtent. La chefferie de service que vous devriez quitter à 65 ans et le départ à la retraite dont on ne précise pas l'âge.Je reviendrai sur le gros problème qui se pose à la retraite plus tard si vous permettez, parce que si on voulait changer les textes, rien ne l'empêcherait. Ils pourraient même le faire très vite. Rédiger un décret et dire voilà les statuts des enseignants, ils doivent partir à la retraite à 60 ans et nous aurions respecté la loi en partant à cet age-là . Mais il faut qu'ils le fassent !Il y a cet autre aspect qui n'a jamais été pris en charge. On retire aux professeurs la responsabilité du service et ce n'est qu'après que l'on organise un concours. Dans les pays où la médecine est autrement plus respectée, un professeur, chef de service, devrait être informé à l'avance. Moi, par exemple, j'aurais aimé savoir 1 ou 2 ans, voire six mois à l'avance qui va me succéder parce que l'on aurait ouvert mon poste au concours en temps opportun. On désigne la personne qui a eu le poste, et qui prendra les rênes du service au moment où je m'en irai. Le jour J, mon remplaçant se présente et nous faisons la passation réglementaire. Je le sais à l'avance. Je sais que je dois partir à telle date, le jour de mes SOIXANTE ANS, je pars heureux à cette date.Les deux problèmes seraient, selon vous, interdépendants. La chefferie de service dont on vous retire les prérogatives et votre profession que vous pouvez continuer d'exercer mais sous les ordres d'un ancien subalterne, quelqu'un que avez formé, à qui vous avez enseigné. Et il y a la retraite que l'on ne vous oblige pas à prendre. Pourquoi 'Cela n'a pas de rapport mais c'est très gênant et à double sens. C'est une arme à double tranchant pour nous. Si vous restez et que le chef de service qui vient est quelqu'un avec lequel vous ne vous êtes jamais entendu, il va essayer de vous rabaisser devant tout le monde. Dans ce cas-là , vous ne pouvez pas rester. Si c'est quelqu'un que vous connaissez bien, que vous avez formé, que vous aimez bien et que vous restez, le personnel va continuer à s'adresser à vous. Ce qui sera gênant pour lui. Vous lui ferez de l'ombre alors que vous avez tout fait pour l'amener là où il est. Il faut donc, là aussi, partir.Cependant, il ne faut pas oublier que si la santé considère aujourd'hui qu'elle n'a plus besoin de ces compétences, il en est autrement sur le plan universitaire où la primauté va au mérite.Mais la retraite, telle qu'elle est calculée aujourd'hui, ne vous convient pas.Non ! Parce qu'elle est plafonnée à 15 fois le SMIG et qu'elle représente à peine 55% de notre salaire, le salaire des hospitalo-universitaires, bien entendu. Si nous avions une retraite de 80%, on n'en serait pas là . Je serais, pour ma part, en train de me promener, de cultiver mon jardin ou de courir les musées. Je ne serais jamais resté. Il y en a sans doute qui aiment le pouvoir, pas moi. Si les textes avaient précisé que je devais partir à 60 ans, je les aurais respectés et serais parti à cet âge-là . Je suis légaliste mais légaliste jusqu'au bout. Or, pour les collègues dont on a mis fin à leurs fonctions de chef de service, on ignore jusqu'à présent sur quels textes on s'est basé pour le faire. Sur quels attendus s'est-on appuyé et en faisant référence à quelle loi, à quels textes ' Personne ne peut le dire. Parce que dans nos statuts et dans ceux de la Fonction publique il n'y a qu'une seule chose qui permet de déchoir quelqu'un, c'est une faute du quatrième degré. C'est-à-dire une faute très grave.Partir à la retraite à 65 ans, cela vous gêne en quoi 'Ce n'est pas de partir à la retraite qui nous pose problème, je souhaite partir à la retraite et mes collègues également. Nous rappelons simplement qu'à partir du moment où les textes disent que le retraité perçoit 80% de son salaire (article 17 de la loi 99-01 relative à la retraite), il n'y a aucune raison pour que cela ne nous soit pas appliqué. La même loi , dans l'article 17bis, énonce «le montant maximum brut prévu à l'article 17 ci-dessus ne peut être supérieur à quinze fois le SMIG». Jusqu'à présent , nous l'avons respecté. Mais, à partir du moment qu'un texte (décret exécutif n°15-289 du 14 novembre 2015) vient de déplafonner les cotisations de la Casnos de six (6) à vingt (20) fois le SMIG, oui je dis bien de 6 à 20, il n'y a aucune raison pour que les pouvoirs publics ne le fassent pas pour la loi 99-0. Il est mentionné dans ce décret:- dans l'article : «Le montant annuel de la pension d'invalidité est égal à 80 % de l'assiette de cotisation prévue à l'article 14 ci-dessous» ;- et l'Art. 14 : «La cotisation de sécurité sociale des personnes non-salariées exerçant une activité pour leur propre compte est assise sur une assiette annuelle déclarée par l'assujetti conformément à la législation en vigueur, au plus tard le 31 janvier de l'année considérée. L'assiette de cotisation prévue à l'alinéa ci-dessus ne peut être inférieure au montant annuel du salaire national minimum garanti et ne peut excéder un plafond de vingt fois (20) le montant annuel de ce salaire».La seule chose que nous demandons, c'est la justice sociale. Ceci sans oublier que tous ceux qui sont appelés aujourd'hui «LES VIEUX» ont cotisé au minimum 40 ans, et parfois 45 ans, en lieu et place des 32 ans requis. Avant la loi 99-01, les fonctionnaires qui activaient au-delà des 32 ans avaient un bonus de deux points par année supplémentaire d'activité avec un maximum de 5 ans. En ce qui nous concerne, nous avons continué à cotiser à la Cnas et à la retraite 10 à 20 ans de plus, période pendant laquelle la CNR était dispensée de verser la pension de retraite. Voilà l'injustice dont nous sommes victimes et que nous dénonçons.Oui, sauf que public et privé comme vous venez de le dire ne dépendent pas des mêmes structures. Ils n'ont jamais été traités de la même manière.Nous n'appartenons pas à deux Etats distincts ! Les fonctionnaires que nous sommes sont imposés à la base. C'est l'administration de la faculté et celle de l'hôpital qui déclarent le salaire et qui ponctionnent du salaire les redevances de l'IRG et de la Sécurité sociale. Les médecins privés auraient payé à l'époque moins d'impôts que nous. Mais aujourd'hui qu'ils peuvent payer 20 fois le SMIG, je suis sûr qu'ils vont tout déclarer pour bénéficier d'une retraite proportionnelle. Il est clair que le privé qui cotisait au plafond de 6 fois le SMIG recevait une retraite à hauteur de ses cotisations même s'il gagnait x fois plus et ne devait pas payer pas le quart de ce qui nous était retenu à la source, mais aujourd'hui qu'il cotise à hauteur de 20 fois le SMIG, il réclamera et recevra une retraite à la hauteur de ses cotisations et je le répète, ce n'est que justice.Pour l'instant, vous ne savez pas à quel âge vous devez impérativement prendre votre retraite mais vous savez que vous n'avez droit qu'à 55% de votre salaire si vous partez.OUI, cela on ne le sait que trop aujourd'hui et c'est contre cette injustice que nous nous battons. Ce que je reproche personnellement au bureau du SNECHU, c'est qu'au lieu de déclarer que les collègues qui ont atteint 65, 70 ans ne partiront que lorsque les professeurs de droit, ceux de sciences islamiques, de lettres ou de mathématiques, d'espagnol ou de chinois, etc.'du même âge partiront, il ne le fait pas. Parce qu'il faut savoir qu'il y en a qui ont de 80 à 88 ans dans les autres facultés alors que nous avons le même statut. Si cela venait à se faire, on ne pourrait pas appeler cela autrement que de la discrimination.Le SNECHU pour l'instant'ne fait pas valoir l'absence de texte dans ce sens. Il est occupé à faire pression sur le ministère afin qu'il leur vide les chefferies de service. Dans notre naà'veté d'universitaires, nous pensions que le SNECHU allait poser et régler ce problème. Le revirement de la politique de son bureau a entraîné la démission du président de ce syndicat. Si nous partons, il faut que les choses soient faites dans la légalité. Il n'y a qu'à changer les textes. Si je vous montre les statuts, il n'y a pas une ligne où il est dit que les professeurs et les professeurs hospitalo-universitaires partent à la retraite à 55, 60, 65, 70 ans. Alors que si vous prenez le statut des magistrats, corps très respectable, il y est dit qu'ils peuvent partir à 60 ans et s'ils le désirent continuer à travailler jusqu'à 70 ans (loi organique n°04-11 du 6 septembre 2004).Pourquoi d'après vous cela n'était pas spécifié pour votre corporation 'Peut-être qu'ils ne l'ont pas fait parce qu'à l'époque, il n'y avait pas beaucoup d'enseignants de rang magistral, de professeurs et maîtres de conférences.Peut-être également que cela devait avoir comme pré-requis la nomination par décret, ce qui a fait reculer à l'époque à un syndicat autonome. Aujourd'hui, si l'Université d'Alger appliquait ces textes, si l'enseignement supérieur décidait de mettre dehors tous les professeurs de plus de 65 ans, de toutes les filières autres que les sciences médicales, il devrait se résoudre à fermer de nombreuses universités. Il faut dire que derrière tout cela, il y a des gens qui donnent de fausses informations.Il est donc déjà arrivé que l'on démette de leurs fonctions des chefs de service' Pourquoi, puisque le ministère de la Santé n'a pas le droit de le faire sans raison essentielle 'Il y a eu trois groupes qu'on a relevés pour ne pas dire trois fournées dans l'esprit de ceux qui ont poussé à cette situation. Le premier en décembre 2013, le deuxième un an après (décembre 2014) et le troisième en janvier dernier.Pour la première promotion, il y a eu un concours immédiatement après. Pour les autres, il n'y a pas encore eu de concours. Des chefs de service par intérim ont été désignés. Je peux vous affirmer qu'ils se sont étripés (au sens figuré du terme) pour prendre et occuper les postes d'intérimaire. Je vous passe sur les guerres que se sont livrées les maîtres-assistants et maîtres de conférences du service surtout que parfois on leur a signifié qu'ils ne pouvaient y prétendre parce qu'eux-mêmes avaient déjà 65 ans alors que les arrêtés sur les chefferies par intérim ne le précisent pas. Ceci sans parler du scandale du dernier concours de chefferie de service, où trois arrêtés successifs ont été signés en deux mois (26 décembre 2013 puis le 4 et le 27 février 2014) pour modifier, ajouter ou retirer des postes, ce qui dénote la précipitation dans laquelle s'est fait ce concours. Pire, du jamais vu dans les annales de l'Université algérienne : on a désigné un pharmacien pour présider, tenez-vous bien, le jury de médecine interne et de cardiologie, un médecin pour le jury de pharmacie, un gynécologue pour celui de chirurgie, un radiologue pour la médecine du travail, un clinicien pour la neurochirurgie, et j'en passe. On aurait pu donner les dossiers des candidats et les totaux à faire à la secrétaire du DRH qui a géré ce concours.L'incohérence réside dans le fait que l'on se soit empressé de les pousser dehors sans même prévoir de les remplacer.Exactement. Je l'ai déjà dit plus haut, on ne met pas la charrue avant les bœufs, on ne voit cela que chez nous. On aurait pu organiser un concours un an ou même six avant. Il est là le problème. Il faut que dans les statuts on dise que le professeur d'université doit partir à la retraite à tel âge. Et au risque de me répéter, il ne faut pas que cela soit spécifique aux hospitalo-universitaires.Parmi ceux qui sont partis, il y en a qui ont des problèmes à boucler leur fins de mois 'Oui ! De nombreux maîtres sont dans cette situation. Je vais vous citer le cas du professeur T. Il a aujourd'hui autour de 86-88 ans. Avec sa retraite, il descend, toujours, dans son cabinet pour assurer ses consultations. Vous trouvez normal qu'à son âge il soit obligé de faire cet effort ' Sa retraite est aujourd'hui de loin inférieure à celle versée actuellement à ses assistants partis après lui. Pourquoi n'est-elle pas réajustée ' Il a donné toute sa vie et au maquis et à l'hôpital. C'est révoltant, non ' En vous donnant cet exemple, j'ai honte pour le corps des professeurs auquel j'appartiensPensez-vous que vos problèmes soient inhérents au fait que vous releviez de deux départements différents, l'enseignement supérieur et la santé 'En fait, nous sommes dans une structure de formation hospitalière qui dépend du ministère de la Santé et une structure d'enseignement universitaire qui dépend du MESRS. Aux profs de maths, de physique, de chimie, de sciences islamiques qui sont responsables de leurs disciplines, personne n'a retiré la responsabilité.En ce qui nous concerne, il y a un problème de partage de l'autorité. Pour nous, le ministre de la Santé veut avoir son mot à dire puisque la formation se fait à l'hôpital, au lit du malade, dans la salle de consultation, au bloc opératoire ou à la paillasse. Il veut faire valoir une autorité qu'il a sur les services hospitaliers et que personne ne conteste. Il l'a, cette autorité, mais il veut maintenant montrer que c'est lui le seul responsable. C'est normal, légitime mais pourquoi, dans ce cas, le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière a-t-il accepté dans la grille d'évaluation faite sur mesure, par et pour certains, l'activité hospitalière, qui, dans le meilleur des cas, ne représente que 10% ' Je parle de la grille d'évaluation pour passer au grade de professeur chef de service hospitalo-universitaire. C'est une grille qui va permettre d'évaluer vos compétences et vos aptitudes, toutes vos activités hospitalières, universitaires et de recherche communications, vos publications et vos titres. On va prendre en compte les cours que vous donnez en graduation, en post-graduation et votre activité hospitalière. L'activité hospitalière ne vous octroie que 10 points et le reste entre 100 et 200 points. Ce n'est pas normal ! Il existe, sur le papier, une structure chargée de coordonner entre les deux tutelles, c'est la CCHUN, une structure qui a parfaitement fonctionné depuis sa création au début des années 1980 jusqu'à l'an 2000. Les personnes qui y représentent les enseignants ont été élues il y a des années, mais aucune réunion ou installation officielle n'a été faite. Cette structure, qui avait jusqu'en l'an 2000 la confiance des deux ministères (MSPRH et MESRS), aurait pu éviter tous ces problèmes.Vous parliez tout à l'heure de concours pour accéder au poste de chef de service. J'ai lu dans un document qu'au dernier concours qui a été organisé, plus de 500 postes étaient proposés à la chefferie de service dont plus de 300 ne sont pas pourvus. S'il y en a autant qui n'ont pas de chef à leur tête, pourquoi veut-on encore en vider d'autres 'Il y en a bien plus que ça. Pourquoi n'ont-ils pas été pourvus ' Vous savez qu'il y a des services avec 4, 5 ou 6 professeurs à Alger et ailleurs ' Pourquoi pas un à Alger, un à Laghouat, un à Batna ' Tout le monde veut être à Alger. Il n'y a peut-être pas un seul professeur à Laghouat en dehors des responsables de la faculté.En 84/85, il y avait un texte qui limitait le nombre de professeurs à un maximum de deux par service. Celui qui voulait être professeur devait aller à Tizi Ouzou, à Batna, à Annaba et ils sont partis. Là, ils ne sont plus obligés de partir. Prenez le concours qui vient de s'ouvrir, on a ouvert 4 ou 5 postes dans ma discipline à Alger, Annaba, Oran, Constantine. Il y a un seul candidat. Ce n'est pas normal et c'est la même chose pour de nombreuses spécialités. On pourra toujours se vanter d'avoir ouvert 650 postes. Mais pour les postes en question, seuls 50% au maximum seront pourvus faute de candidats. Il ne faut pas exagérer. Je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine-là .Pour les postes de professeur, au dernier concours, il y avait 120 postes ouverts, il y a eu 41 enseignants qui ont acquis le grade de professeur. Pour les postes de docent, maître de conférences, par contre, on trouve 530 postes ouverts. Seuls 348 ont été pourvus. Il restait quand même 200 postes et pour la chefferie de service il y a plus de 300 postes qui sont vacants. Comment avec tout ça on veut libérer d'autres postes ' Nous sommes tous d'accord pour partir mais nous partirons dans la dignité et dans la légalité. C'est surtout dans la légalité. La dignité suivra inexorablement.Que s'est-il passé entre le moment où l'on a décidé de faire partir les professeurs à 70 ans et celui où l'on voudrait revenir dessus et abaisser l'âge de la retraite à 65 ans 'En fait, officiellement et personnellement, je n'ai vu aucun texte, je vous l'ai déjà dit au début. Est-ce que vous pouvez me citer un syndicat au monde qui demande le départ de ses adhérents ' Et pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit ! Le SNECHU, à croire qu'il est débordé, pousse ses adhérents vers la porte de sortie. Vous pensez bien que si j'avais adhéré au Syndicat national des professeurs et docents lors de sa création, c'est parce que j'étais d'abord enseignant de l'INESSM. Si j'étais marchand de légumes, je serais encarté ailleurs.M.'b.* Le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (SNECHU).


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