"Plus de quinze années après on en est encore à discuter de l'opportunité ou pas d'une introduction en Bourse." Cette remarque d'un expert, hier, en marge de la tenue du premier colloque du conseil scientifique, de la Commission de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) consacré aux enjeux et avantages de l'introduction en Bourse résume à elle seule l'état dans lequel se trouve la Bourse d'Alger et le retard mis dans le développement du marché financier.La capitalisation actuelle de la Bourse d'Alger, qui est de l'ordre de 14 milliards de dinars (207 millions de dollars), est insuffisante au regard des potentialités du marché algérien. Ce niveau de capitalisation est dérisoire comparé à celui des Bourses de Tunis et de Casablanca. La promesse de l'admission de titres supplémentaires de sociétés éligibles en Bourse est comme l'Arlésienne. En 2013, le Conseil des participations de l'Etat (CPE) algérien a donné son feu vert à l'introduction en Bourse de huit entreprises publiques. Toutes les entreprises s'y préparent, mais pour l'heure aucune n'a déposé son dossier à la Commission de surveillance des opérations de Bourse. Beaucoup d'entreprises privées s'y préparent aussi. Le président de la Cosob annonce, en revanche, le lancement, "peut-être", d'un emprunt obligataire cette année. Intervenant à l'ouverture du colloque, le chef de cabinet du ministère des Finances, Farid Tiaïba, a indiqué que la dynamisation de la Bourse d'Alger passe, entre autres, par la formation des chargés de clientèle censés se rapprocher des émetteurs d'actions et des investisseurs. M. Tiaïba indique que le conseil scientifique de la Cosob aidera au développement et à la promotion de la place financière d'Alger.Le président de la Cosob a expliqué que ce conseil est un "mécanisme de réflexion académique et de veille stratégique, à l'instar de ce qui se fait au niveau international". Le conseil scientifique est composé de professeurs reconnus et d'experts du monde de la finance. Abdelhakim Berrah a indiqué que le thème retenu pour ce premier colloque, à savoir "l'introduction en Bourse, gouvernance et transparence, quels enjeux '" , constitue une des préoccupations majeures des parties prenantes du marché financier. Il a rappelé que le ministre des Finances a annoncé, il y a deux jours, un approfondissement des réformes, notamment de la présence et de la proportion des administrateurs indépendants, le cumul des mandats, le fonctionnement de l'assemblée générale des entreprises et les critères de performance ainsi que la prise de risque du manager. Le professeur Ali Boukrami, membre du conseil scientifique de la Cosob, estime que le financement budgétaire de l'économie n'est pas soutenable à terme, soulignant la nécessité de passer au financement par le marché.Dans son analyse, le professeur Boukrami a insisté sur "la relation bizarre entre l'évolution des prix du pétrole et celle du dollar et des taux d'intérêt". Chaque fois que la valeur du dollar et les taux d'intérêt augmentent, les prix du pétrole baissent. M. Boukrami prévoit une forte appréciation du dollar et une augmentation des taux d'intérêt, doublées d'une baisse probable des prix du pétrole qui va s'accentuer. "Ces derniers temps, malgré les turbulences de l'économie mondiale, les prix du pétrole ont perdu une douzaine de dollars par baril", a-t-il constaté.Le professeur relève également une forte déconnexion entre l'effort d'investissement et la croissance économique. "En 2009 le taux d'investissement par rapport au PIB a été de 38%, le taux de croissance économique n'a été que de 1,7%. En 2003 le taux d'investissement n'était que de 24%. On a fait le meilleur taux de croissance de l'économie algérienne (7,3%). En 2005, le taux de croissance était de 5,2% alors que le taux d'investissement était légèrement inférieur à 20%", a-t-il souligné. M. Boukrami a plaidé pour l'élargissement du consensus. "Les véritables entrepreneurs doivent être associés à la politique économique", a-t-il estimé.NomAdresse email
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Posté Le : 18/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Meziane Rabhi
Source : www.liberte-algerie.com