Algérie

Le produit algérien peine à se frayer un chemin



Le défi est immense tant ce dernier est réputé à  forte concurrence avec des exigences réglementaires très strictes. Autant dire que pour les entreprises algériennes qui exportent bon an, mal an pour un milliard de dollars de produits, dont une grande partie est constituée de dérivés des hydrocarbures, la mission est des plus compliquées. D'ailleurs, certains représentants de ces entreprises l'ont longuement souligné la semaine dernière à  l'occasion de la tenue à  Alger d'une rencontre sur les opportunités d'exportations algériennes sur le marché américain. Pour les participants à  cette réunion, il ne fait aucun doute que les produits agricoles ou agro-alimentaires sont ceux qui ont le plus de chance d'accéder au marché américain, encore faudrait-il qu'ils répondent aux normes et exigences américaines en matière de sécurité alimentaire. Dans ce domaine, la FDA (Food and Drugs Administration), fait office de véritable épouvantail pour les producteurs algériens. Il s'agit en effet de l'autorité en charge de veiller au respect des normes et exigences de sécurité et sans laquelle aucun produit de consommation alimentaire n'est susceptible d'être introduit sur le sol américain à  moins d'y àªtre préalablement enregistré. La FDA est responsable de l'application de la législation en matière alimentaire, phyto-sanitaire, vétérinaire et médical. L'organisme est réputé avoir des règles très strictes, non sans raison. Selon un document du ministère français des Affaires étrangères, les produits qui passent par la FDA représentent un volume d'affaires de 1000 milliards de dollars chaque année. L'exigence des normes Les Etat-Unis «importent beaucoup de l'étranger», a expliqué Kurt Seifarth, attaché agricole à  l'ambassade américaine à  Alger. «C'est un marché ouvert qui a un grand appétit pour les produits alimentaires», a-t-il ajouté, en précisant que son pays importe «75% des produits de la mer, 20% de légumes et 30% de fruits». Le flux important de produits importés et le risque que cela peut engendrer pour le consommateur américain justifie donc le caractère strict de la réglementation en la matière.
Pourtant, selon le représentant de l'ambassade américaine, il ne faut pas s'inquiéter plus que cela des difficultés réglementaires. «Les questions de transport, d'échange et de compréhension posent plus de difficultés que la réglementation existante». Preuve en est que certains producteurs algériens ont pu placer leurs produits durant les dernières années sur le marché américain, à  l'image de Hamoud Boualem, Cevital, Sim, VitaJus, ainsi que certains producteurs d'huile d'olive et de dattes. Autrement dit, la mission n'est pas impossible, même si les exportateurs algériens vers les Etats-Unis se comptent sur les doigts d'une seule main et que leur volume global d'affaires ne dépasse pas les 30 millions de dollars. Certains vont même jusqu'à dire que les produits algériens sont de meilleure qualité que d'autres produits en provenance de certains pays et entrant sur le sol américain. Marketing coûteux Pour les connaisseurs du marché américain, le problème du produit algérien est d'abord un problème de marketing. La difficulté n'est pas dans l'obtention du quitus de la FDA, mais d'avoir accès à  la grande distribution américaine, ce qui est loin d'être une mince affaire. Cela passe, dit-on, par des bureaux conseils qui ont leurs contacts directs au niveau des distributeurs et qui se chargent eux-mêmes de leur trouver et de leur proposer les nouveaux produits. Certes, ce service rémunéré fait gagner du temps, mais il présente le désavantage d'être très coûteux pour des entreprises algériennes de taille petite ou moyenne. Outre ce problème, se pose également celui de la qualité et de la quantité. Les distributeurs américains réclament la régularité et la continuité aussi bien en termes de qualité qu'en termes de volume. Or, comme l'ont souligné certains experts, «les produits algériens sont parfaits la première fois qu'ils arrivent aux Etats-Unis, seulement ils deviennent moins bons dans les expéditions suivantes. Or, quand une compagnie est listée avec un problème une fois, elle est soumise à  des contrôles plus détaillés par la suite». Sans compter que les distributeurs américains ne voudront pas d'un produit qui «viendrait à  manquer». Mourad Bouatou, directeur du marketing à  l'entreprise des boissons Ifri a reconnu que «la production algérienne reste faible, notamment pour l'huile d'olive», alors que des pays comme l'Espagne font dans «la production intensive». Pour certains conseillers en export, l'Algérie ne peut se contenter d'exporter des excédents de production, mais gagnerait à  dédier des surfaces de production entières à  l'effet de l'exportation. Les opportunités sont importantes notamment aux Etats-Unis à  condition de savoir les saisir. Gary Hirsh, expert américain a affirmé à  ce sujet qu'avec «leur croissance démographique et leur diversité ethnique, les Etats-Unis dépendront toujours, pour la satisfaction de leurs besoins grandissants, des produits venus de l'étranger comme l'Algérie par exemple ». Certes, a-t-il reconnu, «le coût du transport est élevé, mais l'Algérie est plus proche de la côte est américaine que de l'Asie ou de l'Amérique du Sud». Selon lui, l'Algérie a « la possibilité d'exporter des produits agricoles, des produits agricoles transformés ou de se placer sur des niches de marché comme les produits bio par exemple». Pour cela, l'exportation ne peut àªtre le fruit de l'improvisation. «Il faut faire des études de marché, aller sur place, prospecter, élaborer des stratégies et par la suite se positionner», a résumé M. Bouatou. Toute une stratégie à  mettre en place et pour une fois, les hommes d'affaires algériens ne peuvent pas prétexter des entraves en matière de circulation des personnes. Ils ont en effet été unanimes à  reconnaître qu'il était plus facile d'obtenir un visa d'affaires pour les Etats-Unis que pour la France. Selon le consul des Etats-Unis, Jennifer Noisette, «plus de 1000 visas d'affaires ont été délivrés en 2010 avec une durée de validité qui est passée de 1 à  2 ans».               
 


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