Ça l'a pris de manière soudaine : un jour, le procureur de la Suisse s'était mis à aimer les fleurs. La première fois qu'on a vu des ouvriers déposer devant la façade du tribunal des pots de fleurs par dizaines, on a été un peu surpris, mais on a pensé que le procureur de la Suisse s'était converti à l'écologie et que la vue de tous ces bourgeons, quand il arrivait le matin à son bureau, le décompressait et le rendait d'humeur joyeuse.Chacun prenait l'affaire très au sérieux, car on ne badine pas avec les effusions romantiques d'un procureur ! Régulièrement, des agents venaient arroser les fleurs et les bichonner amoureusement. Ils devaient avoir reçu des instructions pour en prendre soin comme la prunelle de leurs yeux. C'était presque comme si la bonne marche de la justice en dépendait.
Toute cette verdure, ma foi, rendait notre tribunal agréable. Il y flottait comme un petit air champêtre. Lorsqu'on y allait, par exemple, pour sortir un casier judiciaire, on se croyait en vacances à la campagne.
Puis un beau jour, tout a basculé. Le procureur de la Suisse a été démis de ses fonctions et arrêté, notamment pour abus de fonction, entrave au bon fonctionnement de la justice en Suisse et incitation à la fraude. Certains, qui étaient au courant des histoires pas claires qu'on chuchotait dans les couloirs, n'ont pas été choqués outre mesure. D'autres, par contre, manifestaient de l'inquiétude et se demandaient qui, désormais, allait s'occuper des fleurs '
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 22/01/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amine Bouali
Source : www.lequotidien-oran.com