Le procureur adjoint du tribunal de Larbâa (wilaya de Blida) s'est déchaîné, jeudi, contre Abane Ramdane, qu'il a accusé d'avoir "trahi" ses principes et d'avoir "détourné" la Révolution algérienne. La scène s'est déroulée jeudi au tribunal de Larbâa (wilaya de Blida). Un collectif d'avocats s'est déplacé pour défendre Hocine Harrag, un détenu d'opinion, arrêté en septembre 2019."À un certain moment, le procureur fait sa plaidoirie. Il s'en prend au hirak. Il dit que les promoteurs du slogan ?Etat civil et non militaire' sont actionnés par des cercles occultes qui veulent porter atteinte à la sécurité nationale et affaiblir notre système de défense", raconte un avocat. Une fois son discours achevé, le représentant du parquet requiert "un an de prison ferme" et "reprend sa place".
Dans leurs plaidoiries, les avocats rappellent que "le principe de la primauté du civil sur le militaire est inspiré du Congrès de la Soumamm" et qu'"Abane Ramdane en avait fait un principe cardinal" dans la conduite de la guerre et, plus tard, pour l'Algérie indépendante.
"Soudainement, contrairement à la réglementation, le procureur adjoint reprend la parole", raconte un avocat. Puis le représentant du parquet s'en prend à "cet homme, que vous connaissez tous et dont je ne veux pas citer le nom", faisant allusion à Abane Ramdane.
"Cet homme s'est retourné contre ce même principe en fuyant en Tunisie dans des conditions connues de tous. Plus que cela, tout le monde sait que cet homme a dévié la Révolution de son cours et il n'est pas opportun d'en dire plus ici", a fulminé le procureur adjoint.
Cette tirade a poussé les avocats à réagir violemment en perturbant la séance. "Pour nous, il n'est pas question de nous taire devant cette infamie. Nul n'a le droit d'attenter au symbole qu'est Abane Ramdane et nous n'allons pas nous taire", témoigne Me Ali Fellah, un des avocats présents.
Puis, dans la confusion, la présidente du tribunal a été contrainte de lever la séance et "le procureur adjoint a pris la fuite", témoigne un autre avocat. Les avocats et les familles des détenus sont choqués par le comportement "gratuit" du procureur adjoint.
En plus d'aller à contre-courant du discours officiel qui fait l'éloge du hirak, il s'est attaqué à l'un des illustres dirigeants de la Révolution. Cela rappelle la sortie polémique de l'ancien directeur de la culture de la wilaya de M'sila, qui s'en était pris à Abane Ramdane qu'il avait qualifié de "traître".
Cette attaque a fait réagir les militants des droits de l'Homme, la classe politique et même les autorités qui, après avoir limogé le responsable, l'ont mis en prison pour "atteinte à un symbole de la Révolution". Dans la foulée, le chef de l'Etat avait demandé au gouvernement d'élaborer une loi criminalisant l'attaque contre les symboles de la Révolution et le racisme. Une loi que le procureur adjoint du tribunal de Larbâa est, en principe, censé appliquer !
Ali BOUKHLEF
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Posté Le : 22/02/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ali BOUKHLEF
Source : www.liberte-algerie.com