Les avocats confiants Le procès en appel de Mohamed Benchicou, directeur gérant du Matin - journal suspendu de tirage depuis le 23 juillet dernier - se tiendra demain, mercredi 11 août, à la cour d?Alger. Procès attendu tant par la famille Benchicou et la corporation des journalistes que par les militants des droits de l?homme. Selon l?avis de certains juristes, ce procès mettra à rude épreuve l?indépendance de l?appareil judiciaire. Et quand bien même sa programmation a traîné un peu (40 jours après l?introduction du pourvoi en cassation), le collectif des avocats se montre « serein » quant au déroulement de ce procès. La sérénité du collectif est à retrouver dans les multiples déclarations des ministres de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, de la Communication, Boudjemâa Haïchour et du procureur général du parquet d?Alger, Keddour Beradja sur la souveraineté des magistrats à rendre justice. Déclarations survenues après le verdict du tribunal d?El Harrach, tombé tel un couperet le 14 juin 2004. Une onde de choc a aussitôt fait le tour des rédactions de presse. Mohamed Benchicou a écopé de deux ans de prison ferme et d?une amende de 20 millions de dinars. Depuis, le condamné est écroué à la prison d?El Harrach. Les avocats de la défense ont réfuté cette « lourde peine » en considérant que le procès « est à caractère politique » arguant que le dossier de leur client est « vide ». Ils se sont échinés à prouver, textes de loi et réponses de témoins à l?appui, que l?accusation de la partie plaignante, le ministère des Finances en l?occurrence, est dénuée de tout fondement, plaidant ainsi l?innocence de leur mandant. La partie civile, quant à elle, a tiré la substance de cette affaire d?une histoire de 13 bons de caisse trouvés par la PAF dans les affaires personnelles de Benchicou à son arrivée à l?aéroport d?Alger le 23 août 2003, alors de retour d?un voyage de Paris. Quelques jours après, une plainte a été déposée contre lui, non pas par la direction des douanes mais plutôt par le ministère des Finances. Plainte « l?accusant de transfert illégal de capitaux et d?infractions à la réglementation des changes ». Le procureur de la République a requis cinq ans de prison ferme et une amende équivalant au double de la valeur des bons de caisse, se référant au texte de loi réprimant ce genre de délit relevant du droit commun. La peine contre ce genre d?infraction se situe dans une fourchette allant de deux à sept ans de prison ferme. C?est ainsi que la juridiction d?El Harrach disait qu?elle a retenu contre Benchicou la peine minimale. Usant de la voie de recours conférée par la loi, la défense de Benchicou a fait appel le lendemain, 15 juin 2004. Cette affaire a ainsi défrayé la chronique de l?été. Un large mouvement de solidarité a vu le jour aussi bien en Algérie qu?à l?étranger. Pour rappel, la condamnation de Benchicou est survenue quelques jours seulement après l?emprisonnement de Hafnaoui Ghoul, correspondant de presse et militant des droits de l?homme, par le tribunal de Djelfa. De là, un comité national pour la libération de ces deux prisonniers a été créé pour porter leur cri de détresse aux ONG internationales. Nombre d?événements ont suivi la condamnation de Benchicou, notamment la vente aux enchères du siège de son journal, Le Matin, puis la suspension de son impression par les imprimeries de l?Etat, mettant ainsi en péril l?avenir d?une centaine de familles. Demain, tous les regards seront rivés sur le tribunal de Abane Ramdane, à Alger. Les plaidoiries des robes noires auront-elles demain de l?influence sur la décision « souveraine » du juge qui aura à présider l?audience en cette fin de semaine ?
Posté Le : 10/08/2004
Posté par : sofiane
Ecrit par : M. A. O.
Source : www.elwatan.com