Algérie

Le procès des "innocents"



Le procès des
Personne ne plaide coupableLe point commun de toutes les plaidoiries a consisté en «l'absence des vrais coupables». Le non-lieu a été réclamé pour l'ensemble des accusés.Les avocats de la défense des accusés, poursuivent leurs plaidoyers, au procès d'El Khalifa Bank, dans une salle qui se désemplit de plus en plus. Cette 33e journée a été consacrée en grande partie aux responsables de la direction d'El Khalifa Bank, et compte pour l'avant-dernière audience des plaidoyers. La dernière prestation a été réservée aux défenseurs de Abdelmoumène Khalifa, prévue pour aujourd'hui.Dans ce sens, le juge Antar reçoit à la barre, Maître Belali Toufik, pour le compte d'Ighil Meziane, qui occupait le poste de conseiller à la direction sport d'El Khalifa Bank. Poursuivi pour vol caractérisé et escroquerie, le procureur général avait requis à son encontre une peine de 15 ans de prison. L'avocat avancera immédiatement «l'hypothèse du bouc émissaire» et dira que les vrais coupables ne sont pas jugés dans ce procès. Il poursuit en démontrant que son client ne connaissait pas les autres responsables d'El Khalifa Bank et par conséquent, l'accusation de constitution d'association de malfaiteurs ne tient pas la route. D'un autre côté, Maître Belali essaie d'expliquer que l'image de son client, qui était un sportif connu, a été utilisée à des fins malsaines.Bouc émissaireIl cite l'exemple de Lakhdar Belloumi, qui n'a pas été poursuivi, alors qu'il occupait la même fonction que son client. Il précise que le seul tort de son client était d'avoir bénéficié d'un crédit qu'il avait remboursé. Il argumente qu'en aucun cas, un retard de paiement n'est considéré comme un abus de confiance. D'autre part, il explique que l'accusation de vol caractérisé est contradictoire avec l'abus de confiance. Il rappelle que son client a déjà passé trois ans en prison et insiste sur l'absence de preuve, raison pour laquelle il demande le non-lieu.Lui succède à la barre, Daghmouche Atef, pour la défense de Chachoua Brahim, qui occupait le poste d'adjoint du directeur général de l'équipement à El Khalifa Bank. Poursuivi pour la même accusation et dont le procureur avait demandé une peine de 20 ans pour son cas. L'avocat explique que son client n'avait aucune relation avec la caisse principale. Il poursuit qu'il paie uniquement le lien de parenté avec Chachoua Abdelhafid et par conséquent toutes les accusations qui pèsent sur ce dernier, se transmettent à son client et s'empresse de réclamer l'innocence de son client.Suite à cela, Maître Deghmouche poursuit son plaidoyer pour la défense de M.Kechad, directeur de l'agence El Khalifa Bank de Blida, et poursuivi de faux et usage de faux de documents, abus de confiance, vol caractérisé et escroquerie.L'avocat rebondira en premier sur l'argument de base de sa défense et précise que son client ne peut être mêlé à ces affaires, car ce dernier n'était plus en poste au moment des faits et ce, en plus de l'expertise de l'agence qui a démontré qu'il n'y avait aucun déficit. L'avocat a rappelé à la cour que pendant sa détention, son client avait décroché trois diplômes de baccalauréat, dans trois filières différentes et qu'il avait droit à une remise de peine, d'une année par diplôme obtenu. Il ajoute que son client avait refusé la liberté provisoire, car il tenait à son innocence.En plus d'absence de preuves confirmant ces accusations, il réclame en dernier le non-lieu. A ce moment du procès, arrive à la barre, l'avocat de l'accusé Mir Omar. directeur de la fameuse agence El Khalifa Bank de Chéraga. Poursuivi pour vol caractérisé, abus de confiance, constitution de malfaiteur et escroquerie, le procureur avait retenu contre lui la peine de 15 ans de prison ferme. Il rappelle que son client avait déjà passé 11 ans en prison et le seul à avoir bénéficié de 24 mois de liberté provisoire. Sans trop tarder, l'avocat explique que son client était poursuivi dans les affaires de l'achat des centrales d'épuration d'eau et étrangement sans évoquer les détails, il réclame le non-lieu pour faute de preuves.Le peu de monde qui restait dans la salle s'est fortement étonné du plaidoyer. Alors que l'affaire des centrales d'épuration d'eau était au centre des enquêtes et des témoignages, son plaidoyer fut étrangement l'un des plus courts de cette journée.Sur ce, Maître Benouaret et prend la parole pour la défense du P-DG Digromed, poursuivi pour abus de confiance et vol caractérisé et pour lequel le procureur général avait réclamé une peine de six ans ferme. Maître Benouaret explique que son client avait oeuvré dans l'exercice de sa fonction totalement dans l'intérêt de sa société. Il précise que ses prérogatives lui permettaient de déposer des fonds à El Khalifa Bank et qu'en plus, cette stratégie avait généré des profits pour la société. Cela, en plus du fait que Digromed était l'une des rares entreprises à récupérer le produit de ses intérêts et ne laisser qu'un faible solde à la dissolution d'El Khalifa Bank. Il rappelle que son client n'avait été cité dans ce procès que par les accusés et non par les témoins. Il ajoute que sa relation avec El Khalifa Bank, était claire. Elle se basait sur deux conventions. Une première avec El Khalifa Bank, pour les dépôts et l'autre avec Khalifa Airways, pour les formations.RépétitionsIl insiste sur le fait que son client était parmi les premiers à adresser une lettre à El Khalifa Bank pour la récupération des placements et des intérêts. De ce fait Maître Benouaret essaie de démontrer que son client n'avait aucune relation ni avec la caisse principale ni avec les personnes qui effectuaient des retrait illégaux dans les agences du centre. Et ce, contrairement aux déclarations de Aziz Djamel, le directeur de l'agence d'El Harrach et du liquidateur M.Badsi. L'avocat dira que toutes ces raisons le poussent à demander un non-lieu pour son client.Maître Aït Boudjemaâ, plaidera pour l'accusé 103, en la personne de M.Meziane, directeur technique à El Khalifa pour les médicaments. Poursuivi pour abus de confiance, le procureur réclamera dans son cas une peine de 18 ans ferme. L'avocat précise qu'on ne peut parler d'abus de confiance dans le cas de son client. Ce dernier, qui était pharmacien de formation, avait gardé une voiture de service, qu'il a restituée au moment où le liquidateur avait émis une annonce, dans ce sens, dans la presse nationale.L'avocat dira que cela était suffisant pour innocenter son client, et il conclura en demandant le non-lieu. Ainsi le bal des avocats se poursuit au tribunal de Blida, à la barre, Maître Belali Toufik, lève son plaidoyer pour le compte du directeur général de la CNRM.Arifi. L'accusé est poursuivi pour abus de confiance et corruption, dans l'affaire des dépôts de fonds à El Khalifa Bank.L'avocat rappelle que le directeur qui lui a succédé avait déposé un montant de 1000 milliards de centimes, alors que durant son exercice, son client n'avait pas dépassé les 100 milliards de centimes. En ce qui concerne la carte de transport, il dira que son client n'avait effectué qu'un seul voyage avec celle-ci et il terminera en réclamant le non-lieu pour insuffisance de preuves.A l'issue de cette 33e journée, les présents dans la salle d'audience, sont sortis sans savoir vraiment quoi penser du déroulement de ce procès. Ceux que nous avons approchés disent qu'en plus de l'aspect des répétitions qui ont marqué ces derniers jours et qui consistaient à réentendre, les même propos que ceux des témoins, le plus déconcertant dans ces auditions, a été la légèreté des arguments et des détails de la défense d'une part. D'autre part, le point commun de toutes les défenses, a été sans faire trop de bruit, l'absence des vrais coupables. Ils expliquent que cela est normal que les avocats réclament l'innocence pour leurs clients, mais ce qui paraît très étrange, le non-lieu a été réclamé pour l'ensemble des accusés.A ce titre et si on suit ce raisonnement, il n'y aurait pas d'affaire El Khalifa Bank. Ils argumentent, en citant des procès où des avocats plus réalistes, réclamaient des remises de peines, ou le non-cumul de celles-ci. Ceci en plus du fait, que la défense de l'accusé principal Abdelmoumène Rafik Khalifa prévoit également de demander la relaxe.




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