Algérie

Le procès de Si Louafi.R en visioconférence



Après une longue détention préventive, due à une ardue enquête écorchée par les revirements des déclarations et contradictions des trois inculpés qui arriveront enfin à accorder leurs violons, le procès fut fixé, mais a dû être remis à plus tard, pour des raisons plus ou moins objectives. Mercredi dernier donc, la juge du siège du tribunal entra, le teint frais et la mine joviale comme il arrive à tout magistrat qui n'a, pour le moment qu'une audience hebdomadaire, en attendant éventuellement l'ouverture de la nouvelle session criminelle, mais une audience qui en vaut quatre par le poids du rôle!Les débats de ce jour vont mettre aux prises le président et l'article 17 de la loi n° 04-18relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. D'ailleurs, pour la compréhension de cette chronique, il est utile de survoler l'article 17 en question: «-Est punie d'un emprisonnement de dix (10) ans à vingt (20) ans et d'une amende de
5000000 DA à 50000000 DA, toute personne, qui, illicitement, produit, fabrique, détient, offre, met en vente, vend, acquiert, achète pour la vente, entrepose, extrait, prépare, distribue, livre à quelque titre que ce soit, fait le courtage, expédie, fait transiter ou transporte des stupéfiants ou substances psychotropes.La tentative de ces infractions est punie des mêmes peines que l'infraction consommée.
Les actes prévus à l'alinéa 1er ci-dessus sont punis de la réclusion perpétuelle lorsqu'ils sont commis en bande organisée.» Le magistrat va débuter le procès via la visio, sur les chapeaux de roue: «Dites-nous un peu à quand remonte votre activité, et quels sont vos fournisseurs! Vous vous êtes mis dans de beaux draps! Je suppose que vous puissiez vous aider vous-même à vous en dégager rapidement, en racontant sincèrement tout au tribunal!»
Le président n'est pas à son premier trafiquant de drogue, en face de lui, même s'il se trouve derrière un écran; il sait, et normalement, par expérience, que ce genre d'inculpé, reste un dur à cuire! Il est d'autant sûr qu'il est prêt à se laisser bastonner mais, encore, plus sùr qu'il ne dira absolument rien qui puisse gêner ses copains de complices, nichés quelque part, dans un deux-pièces-cuisine d'une tentaculaire cité-dortoir de la ville, si ce n'est dans un immense bidonville du coin! Le détenu va entrer dans un monologue qui n'apprendra rien au tribunal. Il reconnaît les faits sans contrainte ni remords. Il a expliqué au tribunal les motifs de sa décision le plus simplement du monde. Ecoutons-le, car nous avons assisté à un authentique mea-culpa où les regrets semblent l'avoir noyé durant les 17 ans de «métier»: «Je suis épuisé par les levers tôt, les fuites en avant, les courses-poursuites avec les ser-vices de sécurité, le manque de sommeil, car il m'est arrivé de ne pas dormir deux heures de suite.»
Ces propos ont été salutaires pour tous les présents puisque les débats ont été «tronqués» par le court récit qui a permis au «chef de bande» de vider tout ce qu'il avait sur la conscience depuis un bon bout de temps!


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