Algérie

Le procès de Réda City 16 renvoyé au 31 décembre : Le juge refuse la mise en liberté des quatre détenus et la levée des ISTN



Il y avait foule, hier, au tribunal de Sidi M'hamed près la cour d'Alger, où le procès du rappeur Réda City 16, de son vrai nom Rada Hmimid, était inscrit au rôle. Dès 9h30, le juge a fait son apparition avec une pile de dossiers qu'il examine avant que les détenus soient installés dans le box.C'est Réda City 16 qui entre le premier, avec son beau-frère, salué par ses proches. Il est suivi par ses deux codétenus, les blogueurs Ahmed Chaoui et Madani Rouabhi.
Le juge appelle les trois autres prévenus : Billal Tahkout, fils du puissant concessionnaire automobile, présent depuis l'ouverture de l'audience dans le hall du tribunal, et Lyes Hadibi, restés en liberté provisoire, ainsi qu'Amir Boukhors, considéré en état de fuite. Les sept mis en cause sont poursuivis pour, entre autres, «chantage» et «diffamation».
Si l'on se réfère à l'enquête judiciaire, certains mis en cause auraient fait chanter deux hommes d'affaires, Mazouz et Bellat, en les menaçant de publier des enregistrements vidéos privés avec la présumée complicité du blogueur Amir DZ, et d'autres auraient payé ce dernier pour diffuser des informations sur les victimes, absentes à l'audience. Le juge fait savoir aux nombreux avocats que «la présence de la partie civile est très importante pour le procès».
Le ton est donné pour un report et la défense en profite pour faire ses demandes. Les premiers avocats plaident la liberté provisoire pour les détenus. «Réda City 16 souffre de plusieurs maladies chroniques. Il a été opéré à deux reprises. Il n'a jamais été poursuivi et présente toutes les garanties pour répondre aux convocations de la justice. Sa place est au sein de sa famille», déclare l'avocat avant que d'autres ne lui emboîtent le pas pour plaider la liberté aux trois prévenus restants.
Plusieurs avocats se succèdent pour réclamer la levée de l'ISTN (interdiction de sortie du territoire national). «Le prévenu n'a jamais enfreint ses obligations à l'égard de la justice. C'est un opérateur qui a besoin de se déplacer à l'étranger. Le bloquer avec une ISTN, c'est porter atteinte à l'économie du pays.
Il fait marcher de nombreuses sociétés qui risquent d'être bloquées»,souligne la défense de Tahkout, composée d'au moins six avocats. L'un d'eux s'étonne que les poursuites soient maintenues à l'encontre du fils de Mahieddine Tahkout, le patron du groupe Cima Motors, alors que «la partie civile s'est désistée par écrit de la plainte au niveau du juge d'instruction. Sur quelle base Billal Tahkout est-il poursuivi et maintenu sous ISTN ' Nous demandons au tribunal de lever cette interdiction», lance la défense de Tahkout.
Les mêmes propos sont tenus par l'avocat de Lyes Hadibi précisant toutefois : «Mon mandant est un journaliste qui a besoin de se déplacer à l'étranger pour faire son travail. Comment peut-il exercer son métier s'il est bloqué dans son pays en raison d'une interdiction de sortie du territoire ' Il offre toutes les garanties pour être au service de la justice à n'importe quel moment.»
Le juge s'adresse à Réda City 16 : «De quoi souffrez-vous '» Le prévenu : «J'ai un problème de reins. J'ai été opéré à deux reprises, en plus de l'arthrose et de deux hernies discales. Il y a deux jours, j'ai été évacué à l'hôpital. Mon état de santé se dégrade, parce que les médicaments que je reçois en prison sont différents de ceux que je ramenais de France.»
Le représentant du ministère public rejette les demandes de mise en liberté provisoire et de levée de l'ISTN, avant de redonner la parole au président qui décide de renvoyer l'affaire au 31 décembre. Certains avocats, notamment ceux de Tahkout, ne semblent pas d'accord. «Vous ne pouvez pas partir ailleurs. Vous passerez votre réveillon en Algérie», lance le magistrat au prévenu.
Dans la salle, les présents sont crispés, alors que dehors, la foule importante exprime sa déception de ne pas voir les quatre détenus retrouver leur liberté.


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