Algérie

Le procès



Le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou. » Ce mot de sagesse séculaire a traversé les réalités des nations du monde avec un seul remède contre le mal : l'éducation à l'esprit critique. Une tension permanente pour un idéal en conflit avec d'ubuesques situations. Ainsi, dans l'actualité du monde arabe de la reprise du procès public à l'encontre de l'ancien dictateur Saddam Hussein et du raz de marée de réactions suite à l'enflure de caricatures sur l'Islam publiées par un petit journal inscrit en son périmètre danois. D'entrée, le magistrat irakien d'ethnie kurde a tenté de dresser la posture réelle et présente de Saddam, au cas où il refuserait d'en avoir conscience. « Je suis le juge, lui a-t-il intimé, et vous devez m'obéir. » Avant d'exiger de sortir du tribunal, l'inculpé a refusé « naturellement » son état de justiciable : « Vous êtes Irakien. Vous ne pouvez pas me donner des ordres sur ce ton. Je vous ai gouverné pendant 35 ans. » Il a probablement tort, et la conscience pleine de sang de ses concitoyens, le dictateur, mais sa raison est saisissante aussi. Comment, bon Dieu, une nation de la trempe de l'Irak, moulée de Mésopotamie, a-t-elle pu supporter 35 ans durant un joug aussi éradicateur de vie et sombrer facilement dans la logique d'éclatement en particules ethnico-religieuses sous l'armada US ' Comment les rouages de l'esprit critique ont-ils pu être érodés autant pour sécréter un appareil de tyrannie et une classe sociale tampon qui ont fait de l'ombre au pays réel 'Des chancelleries scandinaves incendiées à Damas et Beyrouth ont incrusté d'autres signes de folle démesure en répartie à la publication, quatre mois après, de caricatures de presse. A Beyrouth, renaissant fragilement de la guerre civile des années 70/80 et de l'assassinat du Premier ministre Hariri, les quartiers chrétiens mitoyens du consulat danois ont revécu les affres des guerres de religion. Le leader de l'organisation ad hoc proclamée Mouvement national pour la défense de Mohamed, activant des foules juvéniles en furie, y a vu moyen de « rendre justice ». Cependant que l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a fustigé dans cette nouvelle barbarie des « actes dangereux qui sapent les efforts de la défense du monde musulman ». Nos dictatures attardées sont-elles donc condamnées à ne faire vivre que de mots et de mort '


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