Algérie

Le problème de la deuxième colonne



Comme un épicier qui trace une ligne verticale pour inscrire les recettes et les dépenses de chaque côté, prendre une feuille de papier et tracer deux colonnes. Dans la première colonne, inscrire les devoirs. Respecter l'ordre, ne pas s'énerver, baisser les yeux devant un policier, aimer son wali, payer ses impôts même si votre voisin ne les paye pas, revoter pour son président jusqu'à ce qu'il meure ou que l'on meurt. Rester quatre heures par jour dans la circulation en écoutant Qassaman, subir le terrorisme en faisant semblant de croire qu'il n'existe pas. Applaudir la nouvelle loi de finances tout en sachant qu'elle représente le contraire de celle de l'année d'avant. Accepter les prix du marché, ne rien demander à son maire, accepter la corruption au plus haut sommet de l'Etat et de se faire retirer son permis trois mois parce qu'on n'a plus d'eau pour ses essuie-glaces.Dans la deuxième colonne maintenant, inscrire ses droits. Celui de faire grève, de s'exprimer, de n'être pas d'accord, de manifester, s'organiser en syndicats, partis ou associations et de voter pour ses représentants. Une fois ces deux colonnes tracées, on peut s'apercevoir que les Algériens vivent dans un pays juste et équilibré. Il suffit pourtant de poser son crayon pour se rendre compte qu'il y a un problème. Pourquoi ' Parce qu'en réalité, la deuxième colonne a été discrètement subdivisée, les droits théoriques d'un côté, et en tout petit, les droits réels. Faire grève pose problème, s'exprimer et manifester aussi, se structurer en partis, syndicats ou associations est presque impossible et on ne vote pas pour ses représentants, ils sont imposés. Que faire ' Jeter son crayon et prendre quelque chose d'autre tout en faisant l'apologie de l'analphabétisme. Et se demandant si prendre les armes, la fuite ou un abonnement à Canal Satellite est inscrit dans la colonne devoirs ou droits.
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