Algérie

Le prix du Ramadhan



Le mois du Ramadhan est une période très indiquée pour faire connaissance avec toutes sortes de facettes de l’Algérien moyen. Epicurien, noceur, coléreux, fainéant, Khouya Zazaïri peut, aussi, être ce commerçant, très pieux en apparence, mais qui exagère dans les prix de ses marchandises. Si durant la journée, il ne se privera pas de vous griller le cœur et le porte-monnaie sur des charbons d’enfer, cela ne l’empêchera pas d’occuper, à l’heure des prières, les premières places à la mosquée. Une manière naturelle pour lui d’apaiser la flamme de ses prix afin de prétendre goûter aux délices de l’Eden. C’est que, tout comme le chemin du Paradis est semé de bonnes intentions, les places, elles, à la mosquée sont parsemées de mauvais commerçants. Enormément ! Oubliant, tout naturellement, pourrait-on penser, que le Ramadhan est un mois d’entraide, de concorde et de solidarité, la majorité de nos commerçants se transforment en de vrais dévoreurs de chair d’autrui, faisant l’impasse sur ce précepte de l’Islam «qui veut que celui qui cannibalise son frère ne peut guère prétendre au Salut divin». Haussant vertigineusement les prix des produits, trichant sur le poids, fraudant sur la qualité, jurant à tour de bras sans craindre de commettre de parjure, le commerçant véreux, ce même Khouya Zazaïri, vous le trouverez, le soir venu, bien callé, parmi les fidèles, occupant toujours les premiers rangs à la mosquée. Comme pour laver ses os de quelque impureté qui, indubitablement, lui colle à la peau. Toute honte bue, il oubliera, tout naturellement, les enfers qu’il aura fait endurer aux consommateurs et implorera tous les paradis promis aux gens justes. Pire, il est même capable, alors que vous ne le lui avez pas demandé, de vous faire une leçon sur le licite et l’illicite en Islam. Il vous dira, par exemple, que la démocratie est le pire ennemi du parfait croyant. Tout comme de responsabiliser la femme. Ou de veiller devant sa télévision. Mais oubliera de vous parler de ses prix qu’il aura multiplié par trois, sans aucune raison économique, privant, ainsi, ses semblables les plus fragiles, de vivre correctement leur mois sacré. Sacré Zazaïri, toujours si glorieux ! Même dans le paradoxe.


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