Algérie

Le prix des viandes en chute libre


En raison de la chute des prix de l'ovin, ceux des viandes rouges ont connu, depuis près d'un mois, une régression pour atteindre jusqu'à 400 DA le kilo dans certains marchés dits populaires. Hier, aux abattoirs d'Oran, les maquignons qui sont venus en nombre vendre leur cheptel étaient unanimes pour avancer que sans la sécheresse qui sévit actuellement dans les zones pastorales ainsi que la cherté des aliments de bétail, les prix n'auraient jamais atteint ce niveau non observé depuis près d'une décennie. Quant aux bouchers, qui achètent des ovins destinés à l'abattage réglementaire, ils estiment que certains prix à la consommation sentent la tricherie du fait que des brebis et même des agnelles sont sacrifiés en raison de la rareté de leurs aliments. Ainsi, hier au marché d'El-Hamri, les quelques bouchers ouverts affichaient des prix variant entre 420 et 480 DA le kilo de viande ovine le tout-venant. Pour les abats, un kilo est cédé à 180 DA. C'est cette nette différence qui fera dire à certains clients que si c'était des abats d'agneau ou de mouton, le prix serait plus élevé. Un autre habitué du marché explique que si pour la viande, celle de l'agneau véritable est rapidement connue grâce à l'estampillage, pour les abats, il est difficile de s'assurer qu'ils proviennent réellement d'un agneau ou d'un mouton, voire d'une brebis. La discussion dépasse le cadre du marché d'El-Hamri pour atteindre certaines régions avoisinantes où la viande ovine serait cédée jusqu'à 300 DA le kilo, notamment du côté de Sidi Khettab, dans la wilaya de Relizane, une localité connue pour ses nombreux commerçants qui exposent tout le long de la route nationale des dizaines de carcasses d'ovins, mais ne portant aucune marque d'estampillage de couleur verte, seul signe du contrôle de la viande au moment de l'abattage de l'animal. Au marché Michelet, connu pour être le plus brigué pour la qualité des viandes commercialisées, les prix sont plus élevés et se situent au-dessus de 500 DA le kilo. Idem pour certaines boucheries de «luxe» qui écoulent la viande ovine entre 500 et 540 DA le kilo le tout-venant, alors que les côtelettes ou la viande de gigot sont cédées à raison de 650 DA. L'un d'eux, Kamel, affirme avoir payé plusieurs carcasses vidées au niveau des abattoirs d'Oran à raison de 480 DA le kilo. Mais cette tendance à la baisse de la mercuriale des viandes ovines et à un degré moindre bovines, ne peut nullement durer, selon les connaisseurs du marché, étant donné qu'il suffit de la moindre averse pour que les éleveurs changent d'attitude en évitant, comme c'est le cas maintenant, de brader leur cheptel. Ils considèrent qu'en se débarrassant de la majorité de leurs bêtes, ils pourront se consacrer aux quelques jeunes brebis pour la reproduction et ce en perspective du mois de Ramadhan, en septembre prochain, et de l'Aïd El-Adha, deux mois après. Cependant, «les prix pratiqués à Oran comme dans tous les grands centres urbains du pays ne reflètent nullement ce qui est qualifié de bradage de cheptel dans les wilayas pastorales». C'est ce qu'a expliqué M. Abed de l'association qui oeuvre contre l'abattage clandestin. Notre interlocuteur a fait remarquer que les quelques bouchers de la ville qui procèdent à l'abattage de leurs bêtes après les avoir achetées chez les maquignons, ont payé, hier, la viande à raison de 500 DA le kilo et qu'ils avaient l'avantage de faire d'autres gains en vendant la toison à 350 DA et les boyaux également à 350 DA le kilo. Selon lui, cette différence de prix s'explique notamment par la forte demande, du fait de la présence de grands consommateurs tels les oeuvres universitaires. Quant à la viande congelée dont le prix n'a pas été affecté par cette diminution, M. Abed a indiqué que la demande locale sur ce produit reste supérieure à l'offre et ce en raison du nombre restreint d'opérateurs exerçant dans ce créneau et qui ne seraient que trois actuellement. Le prix ne pourrait, donc, nullement être affecté par l'actuelle fluctuation des prix de la viande fraîche.
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