Algérie

Le prix des atermoiements



L'Algérie n'en finit pas de subir les dégâts collatéraux induits par les révolutions arabes, particulièrement avec la Libye, un pays frontalier d'une grande importance stratégique tant pour les intérêts politiques qu'économiques. De nombreux rebondissements risquent de dégrader sérieusement les relations entre Alger et Tripoli. En effet, le président du CNT, Mustapha Abdeljalil, a annoncé samedi soir, dans une déclaration radiodiffusée, que son pays romprait ses relations diplomatiques avec l'Algérie si celle-ci ne lui livrait pas les enfants de Mouammar El Gueddafi, Hannibal et Aïcha, ainsi que les autres membres de la famille qui ont trouvé l'asile politique chez nous. Après la débâcle des troupes loyalistes, l'Algérie a accordé l'asile, pour «raisons humanitaires», à ce groupe de la famille du dictateur qui s'était présenté à la frontière algéro-libyenne.Une raison au moins justifiait cet accueil : Aïcha El Gueddafi était près d'accoucher, ce qu'elle a d'ailleurs fait moins de 24 heures après son entrée en territoire algérien. Malheureusement, elle n'a pas respecté l'obligation de réserve et s'était mise à faire des déclarations enflammées contre les nouvelles autorités de son pays à une chaîne de télévision basée à Damas. En fait, les sorties médiatiques de cette dame n'étaient que la goutte qui a fait déborder le vase, sinon le prétexte. En effet, l'Algérie s'étant montrée extrêmement hostile à la révolution libyenne dès son déclenchement à Benghazi, les officiels algériens exprimaient ouvertement leur antipathie à l'égard du mouvement qui allait aboutir, à la fin de la terreur exercée par El Gueddafi. Même le citoyen ne comprenait pas la position de son pays, une position qui manquait de prospective et qui allait à l'encontre des intérêts supérieurs de l'Algérie ainsi qu'une insulte pour l'avenir. La diplomatie algérienne, connue pour sa perspicacité, son sérieux et son sens de l'analyse, avait perdu pied dans cette affaire.
Ce que ne manquera pas de relever à son époque un colonel de l'armée libyenne, porte-parole de la rébellion, qui avait estimé que le peuple algérien soutenait la révolution, contrairement à ses dirigeants qui rendront tôt ou tard des comptes. La menace n'a pas été oubliée et les peuples qui vivent des situations difficiles n'ont pas la mémoire courte. Ils sauront être reconnaissants à ceux qui étaient de leur côté et ne pardonneront pas à ceux qui ont exprimé une quelconque animosité à leur égard. Le CNT est dans ce registre et l'Algérie risque de payer ses atermoiements et de perdre l'amitié d'un pays qui, historiquement, a toujours été solidaire avec elle.


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