Algérie

Le prix de la terreur


Trois cents kg de cocaïne, d'une valeur de près de 37 millions d'euros, ont été saisis samedi dernier par les douanes sénégalaises, alors que la drogue était acheminée dans un camion frigorifique depuis le Mali. C'est la plus grosse prise jamais intervenue dans la région et elle vient confirmer ce que l'on soupçonnait depuis longtemps. La connexion entre les trafiquants d'armes, de drogue et de migrants et les groupes terroristes n'est sûrement pas une hypothèse farfelue et il est certain, désormais, que la région du Sahel constitue une plaque tournante des trafics tous azimuts, entre les pays de production en Amérique latine et les pays destinataires en Europe. La Sahel-connection est bien rodée puisqu'elle bénéficie de l'écran soi-disant jihadiste des groupes extrémistes dont certains se revendiquent d'Al Qaïda et de Daesh. Les deux chauffeurs du camion portaient sur eux d'importantes sommes en dollars US, francs CFA et autres monnaies locales pour des besoins faciles à imaginer. Comme le Mali n'a pas d'ouverture sur la mer et comme les trafiquants ainsi que leurs comparses savent combien il est fatal d'espérer infiltrer le territoire algérien, les uns et les autres ont opté, depuis plusieurs années déjà, par la traversée de l'Afrique de l'Ouest qui, après une phase durant laquelle elle a servi de zone de transit, s'est transformée peu à peu en une région de forte consommation de drogue, selon un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) publié en juin dernier.Malheureusement, le Sahel n'est pas infecté uniquement par ce genre de virus. La conjugaison des crimes terroristes et des effets du changement climatique inflige d'énormes souffrances à des dizaines de milliers de personnes qui, face à ces aléas, se voient condamnées à l'exode. Abandonnant leur terre, leur troupeau, leur maison et donc leurs moyens de subsistance, ils sont des dizaines de millions de déplacés dans toute la région sahélienne, de sorte que le CICR alerte fréquemment sur l'ampleur de la menace qui se profile au plan de la stabilité de certains pays. En effet, les communautés et ethnies sont à ce point acculées qu'elles se livrent, de plus en plus, à des affrontements meurtriers pour s'assurer un minimum de survie. Les scènes de désespoir sont à la fois innombrables et quotidiennes et l'aide humanitaire qu'apportent les instances internationales juste symbolique. Le cercle vicieux de la double peine qu'incarnent le changement climatique et la recrudescence de la terreur terroriste et du banditisme ont connu une progression fulgurante depuis 2012, date à laquelle plusieurs forces d'intervention étrangère sont arrivées dans la région afin, disent-elles, de lutter efficacement contre la montée de ces périls. Au bout du compte, l'exaspération des populations est totale et leur doute aussi puisqu'à ce jour, ils sont des millions à se retrouver menacés également par la famine. Rien qu'au Mali, on compte 3 millions de personnes confrontées à cette tragédie et les conséquences à peine énoncées du conflit en Ukraine vont rendre ce défi plus ou moins insurmontable, surtout que de nombreux villages sont pris en étau par le bras de fer entre les deux principales nébuleuses de la vague terroriste, le Groupe de soutien à l'Islam et aux Musulmans (GSIM ou JNIM) et son rival l'Etat Islamique du Grand Sahara (EIGS) qui ont fait du Mali, du Niger et du Burkina le théâtre permanent de leurs exactions.
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