Algérie

Le prix de la négligence et de la contrefaçon Le monoxyde de carbone à l'origine d'une hécatombe



Le prix de la négligence et de la contrefaçon Le monoxyde de carbone à l'origine d'une hécatombe
La ville de Tébessa a été secouée, avant-hier, par un drame qui a endeuillé une famille, dont trois membres ont été retrouvés morts en fin d'après-midi, asphyxiés par le monoxyde de carbone à leur domicile, au quartier Trab Ezzahouani.
Il s'agit du père, 49 ans, et de ses deux enfants âgés de 15 et 4 ans, qui ont inhalé durant toute la nuit de dimanche à lundi le monoxyde de carbone émis par un poêle défectueux, selon la Protection civile. Ce drame s'ajoute à d'autres, enregistrés à Khenchela, Souk Ahras, Bordj Bou Arréridj et Batna où, durant le seul mois de janvier, l'on a déploré la mort de cinq personnes dans les mêmes circonstances.
Le monoxyde de carbone continue de faire des victimes malgré toutes les campagnes de sensibilisation et les écrits de la presse sur ce fléau qui prend de l'ampleur. En effet, chaque année à l'approche de la saison hivernale, c'est le branle-bas de combat au sein des services de Sonelgaz et de la Protection civile. Ces derniers ont lancé, au mois d'octobre dernier, une vaste campagne de sensibilisation sur les dangers liés à l'utilisation des appareils à gaz.
«Nous enregistrons chaque année un nombre important de victimes des asphyxies au monoxyde de carbone, en dépit des appels lancés à travers les médias pour le respect des normes d'installation des appareils à gaz et surtout les mesures de sécurité à prendre en cas de fuite de gaz et qui, par négligence ou laisser-aller, ne sont pas respectées», affirme Noureddine Tafer, chargé de communication à la direction de la Protection civile de la wilaya de Constantine. «En 2011, nos équipes ont effectué pas moins de 39 interventions où nous avons déploré le décès de deux personnes, alors que nous avons pu sauver 91 dont 46 femmes et 12 enfants, ce qui montre que la situation demeure alarmante», notera-t-il.
Pourtant, les mesures à prendre pour éviter ces accidents sont simples, mais elles ne sont pas rigoureusement respectées, selon les meneurs de cette campagne de sensibilisation. «Nous avons même fait du porte-à-porte dans les foyers, notamment ceux nouvellement raccordés au réseau de gaz pour expliquer aux gens les conseils à suivre, et par là même vérifier la conformité des installations, ce qui nous a permis de relever pas mal d'anomalies», explique Djihane Meziani, chargée de la communication à la direction de la distribution de Constantine. «Des appareils de chauffage placés dans des pièces sans aération, des conduits d'évacuation des gaz brûlés mal raccordés, des chauffe-bains installés dans les salles d'eau, des tuyaux d'évacuation obstrués ou non ramonés, des conduites de gaz non conformes sont autant de défaillances que nous avons soulevées et nous avons insisté pour qu'elles soient corrigées par nos clients», poursuit-elle. Mais ceci reste encore insuffisant, car dans nombre de cas, la défectuosité et la mauvaise qualité des appareils de chauffage sont pointées du doigt.
Les appareils de la mort
Depuis quelques années, l'on enregistre une prolifération inquiétante d'équipements de chauffage importés de Turquie ou de Chine, non conformes aux normes de sécurité, alors que d'autres produits contrefaits sont commercialisés en l'absence d'actions efficaces de la part des services de contrôle dépendant de la direction du commerce.
Ces appareils sont derrière de nombreux drames à l'exemple de celui qui a touché en 2009 la famille Hocini de la cité El Bir, à Constantine. Cette famille a perdu six enfants à cause d'un chauffage défectueux. «Les gens préfèrent souvent acheter des équipements moins chers et peu sûrs chez des revendeurs non agréés ; ils n'ont pas la moindre garantie et rien ne prouve qu'ils ne sont pas contrefaits, c'est ce que nous déplorons, surtout que le marché connaît une véritable anarchie où tout le monde importe n'importe quoi», affirme un distributeur d'appareils ménagers à Constantine, lequel insiste sur la nécessité de responsabiliser les commerçants pour qu'ils livrent des produits garantis et conformes.
«Le malheur est que personne n'a cherché à inquiéter ces barons de l'importation qui continuent d'endeuiller de nombreuses familles», regrette-t-il.
A noter qu'en 2009, la direction du commerce de la wilaya de Constantine a dressé des procès-verbaux de poursuites judiciaires à l'encontre de 17 opérateurs spécialisés dans la commercialisation d'équipements et accessoires pour chauffage au gaz. Le bilan d'une vaste opération de contrôle de la qualité, en direction des commerçants des tuyaux de gaz à l'échelle de la wilaya, a permis le prélèvement et l'analyse au niveau du laboratoire de contrôle de la qualité d'Alger de 12 échantillons. Suite à cette opération, 7 d'entre eux se sont avérés non conformes par rapport aux normes en vigueur régissant l'épaisseur de la paroi des tuyaux, leur diamètre intérieur et leur résistance.
Cette action a également entraîné la saisie de 2,969 tonnes de tuyaux jugés non conformes et la mise en 'uvre d'une procédure de fermeture administrative à l'encontre d'un producteur de tuyaux à gaz. Mais, pour autant, un entrepreneur agréé par Sonelgaz estime, sur la base d'une longue expérience du terrain, que la défectuosité des appareils de chauffage ne serait pas la seule en cause dans ces drames. Du point de vue de cet expert en la matière, le doigt doit être également pointé en direction d'autres paramètres. A savoir la mauvaise aération de certains logements, des appareils vétustes et trop souvent rafistolés par des bricoleurs érigés en artisans plombiers et, enfin, la non-conformité des systèmes d'évacuation et des canalisations de gaz situées à l'intérieur même des habitations.


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