Algérie

Le privilège de l'info



Quand Ould-Abbès et Ouyahia s'étaient livrés à une sourde guéguerre de timing pour «annoncer» leur soutien à la candidature d'Abdelaziz Bouteflika à sa propre succession, ce n'était certainement pas pour en informer l'opinion publique. Naturellement peu enclin à l'enthousiasme quand la perspective consiste, dans le meilleur des cas, à découvrir? ce qu'il sait déjà, l'Algérien ordinaire prend sa petite revanche avec un énième sourire dans la commissure des lèvres. De ces ricanements propres à l'homme de perspicacité qui a déserté ses illusions depuis trop longtemps pour qu'on vienne encore lui raconter des balivernes.De leur côté, Ahmed Ouyahia, Ould-Abbès et tous les habitués de l'exercice ne s'en plaignent pas pour autant. Quand ils parlent dans ce genre de situation, c'est pour suggérer un niveau d'information dû à leur rang. De n'être jamais évidents, ils ont tout le temps besoin de le prouver : nous appelons Bouteflika à se présenter et nous le soutenons, parce que nous? savons qu'il ne saurait en être autrement. C'est dans une large mesure ce qui explique le silence embarrassé des deux parties actuellement. Maintenant que tout ne semble pas? évident, il va falloir attendre ou prendre des risques qui, même calculés, n'intègrent pas leur ADN politique. Quand Benyounès a cru pouvoir introduire une dose de suspense dans sa vie d'aligné clinique, il était dans la même «philosophie». En s'en remettant au choix «souverain» de Bouteflika de? se présenter, il évacue avec une grossière roublardise l'autre partie de l'équation, celle qui fait que la liberté de décision suppose aussi qu'il puisse renoncer à une autre mandature ! En s'engageant depuis peu dans un gauche exercice de rattrapage, il surfe entre le petit pas et le propos sibyllin destiné à vendre une proximité encore moins évidente que celle des premiers de cordée de l'Alliance. Il rejoint ainsi, sans grande ostentation, le radeau enfiévré de «l'initiative» sur lequel Amar Ghoul et Makri donnent l'impression de tenir un gouvernail de bric et de broc. A moins que tout ce beau monde n'ait tout faux, ce qui expliquerait le recul discret d'Ouyahia et du nouveau préposé au FLN, logiquement plus proches du secret des dieux. Il se peut bien que ce soit cette proximité «au-dessus de la mêlée» que revendique madame Hanoune depuis quelque temps trop prudente pour son genre. C'est pourtant elle qui a le plus attiré l'attention. En dépit de l'hilarité soulevée par ses «sources officielles pas très officielles», beaucoup d'Algériens, plus curieux qu'intéressés, il est vrai, attendront demain. Si les annonces suggérées se confirment, cela confortera, à coup sûr, sa position. Si le bide est au bout, elle pourra toujours dire qu'elle a été bernée, surtout que dans sa formulation, elle s'est aménagée une confortable porte de sortie. Mais n'est-ce pas que, pour elle comme pour les autres, le tout est de? prétendre à l'information quand personne ne sait qui informe qui '
S. L.


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