Le printemps de Malevitch

Chaque année au 21 mars, sur l'hémisphère nord de la terre, le jour et la nuit s'entendent sur un éternel rythme cosmique en adoptant des durées exactement égales. C'est ce qu'on appelle l'équinoxe de printemps, saison des renouveaux où le soleil passe au zénith sur l'équateur terrestre. Mais si cette saison impérieuse pour la vie touche aussi l'Algérie, située dans l'hémisphère nord, la nuit y refuse encore d'être l'égale du jour et, à la place de nouvelles sèves vigoureuses, la biosphère locale a eu droit à un vieil arbre ramolli de 77 ans entouré de quelques arbustes assoiffés arrosés au goutte-à-goutte, qui n'aiment ni le printemps arabe, ni le printemps berbère, ni le printemps tout court.C'est où l'équinoxe ' L'image de ce printemps algérien est celle de Sellal en professeur de chimie organique, expliquant à une foule incrédule les bienfaits de la reconduction en montrant du doigt, tout au long de son cours, le portrait de Bouteflika d'il y a 15 ans, posé sur un chevalet derrière lui comme s'il s'agissait d'une ?uvre d'art. Surréaliste, absurde et aberrant, l'Algérie de 2014 aura au moins inventé ce procédé unique : une campagne présidentielle sans président, le candidat représenté sous la forme d'un tableau abstrait, un genre de «carré de Malevitch» du nom d'un peintre russe cubofuturiste, créateur du mouvement suprématiste.C'est où la fin de l'histoire ' Le printemps durera trois mois, comme chaque saison, avec un point culminant en avril, entre le poisson du 1er et les couleuvres du 17, et ne sera pas la saison des couleurs ou de la jeunesse, même en cas de nouvel effacement des dettes de l'Ansej pour raisons électorales.Mais ce 21 mars au Burundi, petit pays d'Afrique situé à la limite des hémisphères nord et sud, le Parlement vient de refuser le changement de Constitution permettant au Président en place depuis deux mandats d'en briguer un troisième. C'est où le Burundi '