Le printemps arabe risque de conduire à "pire"

Le président de l'Assemblée nationale algérienne Mohamed Larbi Ould Khelifa a estimé lundi que les conséquences du Printemps arabe, qui a conduit au renversement de régimes dictatoriaux, risquaient de provoquer une situation "pire" qu'auparavant. "Dans certains de ces pays, le printemps (arabe) s'est transformé en tempête augurant que la situation ne sera pas meilleure que celle qui l'a précédée, voire pire", a déclaré M. Ould Khelifa dans un discours à l'ouverture d'une journée parlementaire sur la démocratie. Ces évènements "ont fait montre de la maturité du peuple algérien", a-t-il ajouté. Lors de la campagne électorale pour les élections législatives du 10 mai, l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, avait qualifié le Printemps arabe de "déluge" qui a "colonisé" l'Irak, "détruit" la Libye, "divisé" le Soudan et aujourd'hui "affaiblit" l'Egypte. Cette déclaration avait suscité de vives réactions parmi les pays touchés par cette vague. Pour éviter toute contagion des révoltes arabes en Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, a mis en oeuvre des réformes politiques au printemps 2011 qui ont notamment permis la naissance d'une quarantaine de partis politiques, mais le Front de Libération nationale (FLN), le parti présidentiel, demeure dominant. Le président de l'Assemblée nationale a par ailleurs sévèrement critiqué la France qui a, selon lui, "privé les Algériens de démocratie" durant la colonisation (1830 à 1954). "Plusieurs chercheurs ont parlé de génocides et de destruction matérielle et morale du peuple dans toutes les régions du pays, mais seulement quelques-uns d'entre eux s'intéressaient à la privation des survivants des droits les plus fondamentaux de la citoyenneté dans leur pays", a précisé M. Ould Khelifa. "Les cercles d'outre-mer n'ont pas le droit de se proclamer professeurs jaloux de la démocratie et des droits de l'Homme dans notre pays, parce que leur passé ne les habilite pas à le faire", a-t-il ajouté. L'Algérie a conquis son indépendance, dont elle fête le cinquantenaire cette année, suite à plus de sept ans de guerre meurtrière.