Algérie

Le prêt «islamique» un recours en pointillé face à la croissance en «mode carcasse»


L'Algérien moyen n'aime pas le crédit. Avatar urbain de la vieille peur paysanne de l'usurier à laquelle la religiosité fondamentaliste est venue ajouter une couche depuis vingt ans. Le niveau de l'épargne des ménages en Algérie est le plus élevé en Afrique. Celui de l'endettement un des plus faibles. Dans l'économie capitaliste moderne, l'épargne sert à lever des fonds. Pour consommer aujourd'hui ce que l'on peut payer demain et après-demain. Logements, automobiles, études universitaires. La prise de risque sur l'avenir est le moteur de la croissance. Selon une boucle vertueuse, en temps normal, qui part de la consommation pour aboutir à l'investissement et aux nouveaux emplois. Ce modèle est marginal en Algérie. Cela n'est pas sans conséquences. Déjà sur l'ambiance paysagère.
Le pays présente le peu enviable taux record de maisons non achevées rapportées au nombre de permis de construire délivrés, d'où la prédominance de l'ocre de la brique locale sur les bords des routes. Le nombre de «carcasses» proposées à la vente n'a jamais cessé d'augmenter depuis deux décennies. Les auto-constructeurs n'arrivent pas à finir et deviennent vendeurs pour tenter de basculer vers l'acquisition dans l'ancien bâti ou pour rentrer dans les nouveaux systèmes d'aide au logement. La croissance algérienne ne profite pas du cycle financier universel.
La plupart des ménages acquièrent l'équivalent de qu'ils ont déjà gagné. Et épargné. Pas de ce qu'ils peuvent rembourser sur un horizon temporel raisonnable. Pousser à la caricature, ce cycle débouche sur une crise d'impayés, comme c'est le cas dans l'espace OCDE depuis l'éclatement de la bulle des subprimes aux Etats-Unis en août 2007. Mais ignoré par la majorité des acteurs, la marginalité de ce cycle financier du crédit aux ménages étrangle la croissance économique et l'emploi. Le gouvernement algérien s'est gargarisé d'être à l'abri de la crise du système financier mondial. Personne n'en doutait. Le pays n'y est pas entré. A commencer dans son fonctionnement domestique. Une agence bancaire pour 28 000 habitants pour les banques publiques algériennes, pour 9000 habitants en Tunisie.
Aucun centre d'études n'a évalué l'incidence économique du refus dominant chez les Algériens de s'endetter auprès des banques pour faire aboutir leurs projets personnels. Et surtout les causes profondes de ces m'urs. Le docteur Hachemi Siagh est le spécialiste arabe de la finance en «milieux de culture intense». Il explique comment le comportement sociétal «contraint» par des valeurs fortes porte une incidence déterminante sur le fonctionnement économique, en particulier sur les transactions financières. Une influence de «l'environnement intangible» que la théorie économique conventionnelle ignore. Son récent livre, Les arcanes de la finance islamique décrit comment la finance éthique, dans laquelle il situe la finance islamique, apparaît nettement aujourd'hui comme une réponse opérationnelle face à la folie spéculative des produits dérivés et de la titrisation outrancière.
Les autorités algériennes n'ont pas réfléchi réellement à la question. Elles ont autorisé l'entrée des produits de la finance islamique sur le marché, avec, dans le même mouvement, une véritable prudence politique vis-à-vis d'une dynamique qu'un banquier conventionnel a un jour qualifié, «de réseaux bis des mosquées salafistes». L'alternative est pourtant stratégique. Qu'est-ce qui est le plus préjudiciable à la croissance économique, à la création d'emplois et à la hausse du revenu moyen national ' L'archipel des carcasses en instance d'être achevées ou vendues ou un bond en avant de la «Mourabaha», le prêt sans intérêt, mais avec une marge bénéficiaire, que proposent les banques islamiques.
Le rejet du crédit conventionnel par les ménages algériens est un vrai cas d'école de prégnance de «l'environnement intangible» sur l'activité économique. Même le taux bonifié à 1% pour l'acquisition de logements a mis deux ans pour décoller. Et ne dépasse pas les 50% des engagements du crédit logement chez la CNEP, à peine 36 milliards de dinars en 2011 pour seulement 21 000 dossiers traités. Le frein est idéologique. Le refus du «riba» est un «environnement intangible» avec lequel doit traiter la modernisation financière de l'économie. Les Algériens des années 70 raillaient les hindouistes qui mourraient de faim en respectant le sacré de leurs vaches. Les Algériens pas ou mal logés sont, 40 ans plus tard, dans une configuration similaire.
En plus délicate. Aucune institution religieuse n'existe pour apporter l'«Ijtihad» nécessaire dans ce cas. En toute logique rationnelle, un taux d'intérêt de 1% n'est pas du «riba». Il est inférieur de 4 points au taux d'inflation. Celui qui le pratique, l'Etat, ne gagne pas par l'usure. Il perd même de l'argent en prêtant à ce taux. En attendant, le gouvernement tolère la finance islamique, et croule sous les liquidités dans ses banques. Contre la croissance molle qui perdure, un recours plus fort aux produits financiers islamiques, est une piste supplémentaire à scruter. Sauf à être partisan de la décroissance. Les carcasses se dégradent, physiquement et sur le plan comptable, plus vite que les maisons finies.


mr" je vous doit tout le respect je veu bien construire un ferme pour vache laitier mes il ya le problème d’intirées puisque si1% il ya qua lenlver pour les agriculteur comça tout le monde et conton merci.
belhadi mohamed - FERMIE - alger, Algérie

07/01/2013 - 58861

Commentaires

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)