Algérie

Le président Wade sort par la petite porte de l'histoire



Le président Wade sort par la petite porte de l'histoire
Le «vieux», comme le surnomment ses proches, s'est fait battre à  plate couture, dimanche, par son rival et ex-Premier ministre, Macky Sall, 50 ans, lors du second tour de l'élection présidentielle.
Humilié, il sort ainsi par la petite porte de l'histoire du Sénégal après avoir pourtant incarné pendant les années 1990 l'espoir, le changement et surtout l'image d'un opposant intègre attaché à  la démocratie. Le continent et les Sénégalais se souviendront désormais de lui comme un infâme dictateur et un assoiffé de pouvoir qui ne vaut certainement pas mieux que Mugabe. Pour rester au pouvoir et s'offrir une rallonge de 6 autres longues années, Abdoulaye Wade n'a pas hésité, en effet, à  triturer la Constitution sénégalaise qui limitait les mandats présidentiels à  deux, à  mater son peuple, à  prendre le risque insensé de plonger son propre pays dans la guerre civile et à  éliminer de manière ignoble (il a instrumentalisé la justice) certains de ses adversaires, à  l'image du très populaire chanteur Youssou Ndor. N'était effectivement la sagesse et le haut sens des responsabilités de l'opposition, le Sénégal aurait pu basculer dans le chaos. La contestation de la candidature de M. Wade, interdite par Wade himself, fera tout de même une quinzaine de morts et au moins 150 blessés. Le mérite revient surtout au peuple sénégalais et particulièrement aux partisans du mouvement du 23 juin (M23) et des jeunes du groupe Y'en a marre qui – malgré les menaces, les lynchages, les emprisonnements et le coup de force de Abdoulaye Wade – n'ont pas cédé à  la tentation de la violence.
Au contraire, ces militants sénégalais pro-démocratie se sont mobilisé hier comme un seul homme pour infliger un camouflet mémorable au président Wade et sauver ainsi la démocratie sénégalaise. Le «vieux» reconnaît sa défaite Preuve en est, Macky Sall a recueilli près de 70% des suffrages exprimés. Du jamais vu au Sénégal. Dans un bref éclair de lucidité, l'un des rares à  avoir eu ces derniers mois, le «vieux» a fini dimanche soir, soit quelques heures après par la fermeture des bureaux de vote, par se rendre à  l'évidence qu'il avait perdu et qu'il était devenu indésirable.
Pour sans doute aussi tenter de sauver la face et surtout de se la jouer fair-play, le successeur d'Abdou Diouf – qui aura finalement bénéficié de la complaisance des Etats-Unis et de la France – a reconnu la victoire de Macky Sall en le félicitant, dans la nuit du dimanche à  lundi. En dépit des craintes suscitées par la nouvelle candidature du président Wade, ce dernier a reconnu avoir perdu le second tour de la présidentielle de dimanche. «Les résultats en cours indiquent que M. Macky Sall a remporté la victoire. Comme je l'avais toujours promis, je l'ai donc appelé dès la soirée du 25 mars au téléphone pour le féliciter», a affirmé Abdoulaye Wade dans un texte diffusé par la présidence. Espérant néanmoins garantir une place au soleil à  son fils Karim, le président sortant mise sur les prochaines élections législatives pour reconquérir une partie du pouvoir. «L'échéance de l'élection présidentielle passée, nous faisons maintenant cap sur celles des législatives de juin prochain. Je vous demande donc de rester mobilisés avec la même foi, le même courage et la même détermination pour engager cette nouvelle bataille électorale», a-t-il affirmé, engageant ses électeurs à  «taire les querelles et resserrer [leurs] rangs pour relever les défis» futurs. Quel culot !


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