Les guerres issues des printemps arabes ne sont pas terminées, la Tunisie toujours convalescente, le Liban et l'Irak sont au bord de l'implosion, la restauration politique « s' amorce en Syrie et s'achève en Egypte, le conflit israélo-palestinien se réveille et le Maroc plante l'entité sioniste au coeur du Maghreb. C'est dans ce contexte chaotique et volatile que le président Abdelmadjid Tebboune se rend au Caire pour rencontrer son homologue égyptien Abdelfatah Sissi. Ce rendez-vous entre les deux chefs d'Etat des pays les plus influents de la région est très attendu, aussi bien par les dirigeants arabes, que par Washington, Paris, Moscou, Pékin et Ankara, directement concernés par les soubresauts qui agitent le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. Le président Tebboune effectue sa troisième visite dans un pays arabe. En février 2020, il s'est rendu à Riyadh en Arabie saoudite, dans le cadre d'une visite d'Etat de 3 jours, à l'invitation du Serviteur des deux Lieux saints de l'Islam, le Roi SalmaneBen Abdelaziz Al-Saoud.
Le 16 décembre dernier, Abdelmadjid Tebboune s'est rendu en Tunisie dans le cadre d'une visite d'Etat à l'invitation de son homologue tunisien, Kaïs Saïed et depuis, hier, il est au Caire chez Abdelfatah Sissi. Par cette démarche, le président Tebboune démontre l'importance qu'accorde l'Algérie à la position de l'Egypte dans de nombreux dossiers qui minent les relations inter-arabes. Les rapports entre Alger et Le Caire ont toujours été amicaux et remontent au franc soutien de l'Egypte de Nasser à la guerre d'indépendance contre le colonialisme français.
L'hydre terroriste
L'Algérie, même en étant en guerre, n'a pas manqué d'exprimer son soutien pour l'Egypte, lors de l'agression tripartite (la France, le Royaume-Uni et Israël) en 1956. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, le peuple égyptien évoque avec beaucoup d'admiration et de fierté le rôle joué par l'Algérie dans les guerres israélo-arabes. L'armée algérienne a été aux premières lignes au front de la guerre contre Israël en 1967 et en 1973. Bien plus tard, et durant les révolutions du printemps arabe, l'Algérie a toujours marqué son soutien pour la stabilité de l'Egypte. Elle a exprimé un soutien indéfectible au peuple frère égyptien et plaidant avec force la non- ingérence étrangère dans ses affaires internes. Une position saluée par les dirigeants égyptiens qui ont jugé utile de faire appel au maréchal Abdelfatah Sissi pour mettre fin à une dangereuse dérive islamiste qui guettait le pays. C'est pour contrer la menace terroriste en Afrique du Nord que les deux pays ont renforcé leur coopération et ont choisi de s'unir, contre ce fléau transnational. Cette entente scellée, entre Alger et Le Caire, s'avère être un espoir pour les coopérations inter-arabes. Justement, c'est le but recherché par le président Abdelmadjid Tebboune puisque dans son projet de construction d'une Algérie nouvelle, l'objectif d'un Monde arabe apaisé, solidaire et responsable, figure en bonne position. Pour y parvenir, il y a des dossiers cruciaux qui ont besoin d'être traités. Tebboune les abordera avec son homologue égyptien. Il insistera sur la question palestinienne pour réitérer l'engagement de l'Algérie en faveur de l'initiative arabe de paix, visant à consacrer la solution à deux Etats et à libérer tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien. Les pays arabes divergent sur le dossier de la Palestine à telle enseigne que certains d'entre eux ont choisi de normaliser leurs relations avec l'entité sioniste. Une démarche que l'Algérie rejette dans le fond et dans la forme. Elle estime qu'elle n'est pas la bonne solution pour répondre aux exigences d'un peuple qui lutte pour le recouvrement de ses droits fondamentaux. La Syrie, est une autre péroraison. Pour l'Algérie, il est grand temps pour que ce pays fasse son retour à la Ligue arabe. Le président Tebboune a toujours incité les pays arabes à se tourner vers l'avenir et aspirer à des démarches ambitieuses et positives. Il plaide ainsi, pour un consensus autour de la question syrienne, tout comme il dit cautionner toutes les démarches visant à instaurer un nouveau climat apaisé et tout effort d'unification des rangs. Le brasier yéménite sera également abordé par les deux chefs d'Etat. Su cette question, la diplomatie algérienne dirigée par Abdelmadjid Tebboune contribue activement à la résolution de ce terrible conflit qui continue de faire des centaines de victimes.
Le brasier libyen
Il y a 3 jours, une frappe aérienne contre une prison tenue par les rebelles houthis a fait au moins 70 morts et une centaine de blessés au Yémen. L'attaque est attribuée à la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite. La veille, celle-ci avait revendiqué un raid contre la ville de Hodeïda qui a coûté la vie à 3 enfants. Outre tous ces dossiers, le question libyenne sera sur la table des discussions entre Tebboune et Sissi, surtout que l'Algérie et l'Egypte partagent tous les deux des frontières avec ce pays en proie à une grave crise depuis 2011. Le dossier libyen tient particulièrement à coeur au président Tebboune. À l'égard de la libye, la position algérienne a toujours été claire et constante. Elle consiste à préserver la souveraineté et l'unité territoriale de la Libye et à trouver un règlement inter-libyen à la crise. Ce sont tous ces dossiers lourds que va aborder le président Abdelmadjid Tebboune et Abdelfatah Sissi. Il ne s'agit pas d'une simple visite mais d'un grand rendez-vous qui peut dessiner des alliances capables de redistribuer les cartes et raccommoder un Monde arabe déchiré.
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Posté Le : 24/01/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Brahim TAKHEROUBT
Source : www.lexpressiondz.com