Algérie

Le Président soutient Djoudi et boude Khelil


Fonds souverains : Bouteflika dit non ! Lors d’une audience consacrée, hier, au secteur des Finances, le président de la République a formulé un niet catégorique, du moins pour le moment, à l’option d’un fonds souverain défendue par le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, soutenant du coup le choix de son ministre des Finances. «Certains nous suggèrent de nous lancer dans l’aventure d’un Fonds souverain pour rentabiliser davantage nos réserves de change à l’étranger. J’estime que le pays continue d’avoir un énorme besoin de capitaux pour le développement de l’économie nationale qui ne plaide pas actuellement pour ce choix », a relevé le Président Abdelaziz Bouteflika. Dans un entretien à la chaîne de télévision France 24, le ministre de l’Energie et des Mines a affirmé que la création d’un fonds souverain est une option valable pour l’Algérie dans 4 ou 5 ans pour financer ses activités à l’extérieur du pays, même s’il a tenu à préciser, toutefois, que «l’Algérie n’est pas comme les pays du Golfe car elle va avoir besoin de toutes ses ressources pour les investir à l’intérieur du pays». Il rejoint ainsi les préoccupations du Président qui font que, dans ce contexte actuel, l’Algérie a des possibilités d’investissements extraordinaires à l’intérieur avec un programme de 150 milliards de dollars d’investissements (programmes de soutien à la relance économique et programmes complémentaires du Sud et des Hauts-Plateaux). En tranchant contre l’option d’un fonds souverain, le président Bouteflika conforte son ministre des Finances, Karim Djoudi, qui avait déclaré en mai dernier que «le fonds souverain n’était pas un moyen qui permettrait systématiquement de mieux gérer les réserves de change car il s’accompagne aussi d’éléments de risques». Pour Djoudi, la création de cette catégorie de fonds de placement exigeait un profond examen. «C’est une idée à laquelle il faut bien réfléchir car il faut avoir les moyens, les ressources humaines et faire éventuellement des partenariats pour essayer de décider où et comment investir, si on doit le faire à l’extérieur». Il faut dire que les dernières déclarations de Chakib Khelil constituent un net rebondissement dans la polémique ayant entouré l’idée de création d’un fonds souverain en Algérie, puisque c’est la première fois qu’un membre du staff gouvernemental se prononce en faveur de cette idée. Il est vrai que depuis quelques semaines, plusieurs experts financiers se sont prononcés en faveur de la création d’un fonds souverain alimenté par les réserves de change record dont dispose l’Algérie. Cette question est liée à la polémique de la gestion des 133 milliards de dollars US de réserves de change dont dispose l’Algérie à fin juin 2008 contre 78 milliards de dollars US à fin 2007, selon les chiffres annoncés par le Premier argentier du pays. Un matelas de devises engrangé grâce à l’envolée spectaculaire des prix de l’or noir. Et cette envolée devrait s’accentuer pour atteindre 200 milliards de dollars en 2010. L’enjeu est de taille! Beaucoup de voix se sont élevées, il y a quelques mois, contre le placement de ces réserves en bons du Trésor américain à cause, notamment, de la dévaluation du dollar et du fait que ces placements ne pouvaient en aucun cas apporter des dividendes importants. Certains experts sont même allés plus loin, en préconisant la création d’un fonds souverain pour rentabiliser cette manne financière. Lachemi Siagh, du cabinet Stratégica, a appelé, lui aussi, lors du 4e FIF d’Alger, à lancer un fonds souverain. «Si un fonds souverain algérien existait, aujourd’hui, il achèterait 10% de Société Générale et le savoir-faire bancaire de cette banque serait diffusé en Algérie autrement que par la cession de banques algériennes», avait-il déclaré. L’ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a estimé de son côté que 20% des réserves de change suffiraient pour le lancement d’un fonds d’investissement souverain, soit près de 25 milliards de dollars. Abed Tilioua
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