Algérie

LE PRÉSIDENT SOUDANAIS EN VISITE AU DARFOUR



Al Bechir qualifie de «mensonges» les accusations de génocide
Cette visite intervient une semaine après que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) ait réclamé un mandat d’arrêt contre lui. Le président soudanais Omar Al Bechir a qualifié hier de «mensonges» les accusations de génocide et de crimes de guerre au Darfour portées contre lui par le procureur de la CPI, à l’occasion d’une visite dans cette région placée sous haute sécurité. Se déplaçant en convoi, entouré d’hélicoptères ainsi que de soldats, de policiers et de membres de la Sécurité nationale juchés sur des véhicules avec des mitraillettes, M.Bechir a été accueilli à El-Facher, la capitale du Darfour-nord, par plus de 6000 manifestants. Fonctionnaires, membres de tribus et étudiants ont fait fête au chef de l’Etat sous un soleil de plomb, clamant leur loyauté au président. Une employée du gouvernement local a affirmé à l’AFP que sa hiérarchie avait demandé à tous les employés de se rendre au rassemblement, pendant lequel le président a dansé en levant sa canne au ciel.La visite de M.Béchir intervient un peu plus d’une semaine après que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, ait réclamé un mandat d’arrêt contre lui pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour, l’accusant de vouloir «mettre un point final à l’histoire des peuples Four, Masalit et Zaghawa». Des membres de ces groupes, dont certains font partie du Congrès national, le parti du président, se trouvaient parmi les manifestants, signe de la complexité du conflit au Darfour, où les violences, la famine et les maladies ont fait jusqu’à 300.000 morts selon l’ONU, quelque 10.000 selon le Soudan. Des centaines de personnes déplacées par les violences au Darfour, qui seraient en train de rentrer chez elles, hier, selon le gouvernement, ont aussi fait montre de leur soutien au chef de l’Etat devant l’aéroport d’El-Facher. «Ce que Ocampo a dit sur le Darfour, ce sont des mensonges (...). Nous devons trouver une solution au problème du Darfour», a affirmé M.Bechir devant la foule. «Je suis venu ici, au Darfour, pour dire une seule chose. Chaque personne déplacée doit retourner dans son village. Le gouvernement devra alors fournir les services sociaux», a-t-il poursuivi. Après El-Facher, où se trouve le quartier général de la force mixte ONU-Union africaine (Minuad), M.Bechir, dont la dernière visite au Darfour remonte à 2007, se rendra à Nyala dans le sud et El-Geneina dans l’ouest. Des diplomates ont été invités à prendre part au voyage.Le chargé d’affaires américain Alberto Fernandez ainsi que les ambassadeurs d’Egypte, d’Arabie saoudite et du Nigeria accompagnent le président. «Nous ne sommes pas sûrs de ce que M.Bechir va annoncer, ou s’il va annoncer quelque chose. Mais s’il le fait, nous devons être représentés au niveau approprié», a indiqué l’ambassade de Grande-Bretagne à l’AFP. «Bien entendu, cela ne signifie pas qu’il y ait du changement dans notre politique vis-à-vis de la CPI», a-t-elle ajouté. A Nyala, M.Bechir doit inaugurer des projets liés au développement. Il s’envolera ensuite aujourd’hui pour El-Geneina, non loin de la frontière tchadienne, avant de rentrer à Khartoum.La présidence soudanaise a refusé de commenter la tournée de M.Bechir, mais des analystes ont estimé qu’elle faisait partie d’une offensive de Khartoum pour contrer les accusations du procureur de la CPI. «Je pense que son but est de montrer que la population du Darfour n’est pas d’accord avec la CPI», a déclaré Adil el-Baz, rédacteur en chef du quotidien indépendant Al-Ahdath. «Cela lui donnera une nouvelle image auprès de la communauté internationale». Cette visite intervient alors que la Minuad a annoncé qu’un responsable de la sécurité de l’ONU était hospitalisé après avoir été battu par des soldats du gouvernement soudanais, qui l’avaient entraîné dans une base militaire.


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