Algérie

Le président Salva Kiir fait le grand ménage Sud-Soudan



Coup de tonnerre dans le ciel sud-soudanais pas tout à fait serein : le président Kiir a suspendu, mardi dernier, les 29 ministres du gouvernement et leurs adjoints. Mais la grande surprise reste le limogeage de deux poids lourds de la classe politique : le vice-président, Riek Machar, son grand rival politique, et le secrétaire général du parti au pouvoir (Mouvement populaire de libération du Soudan-SPLM), Pagan Amum, qui mène pour le Soudan du Sud des négociations serrées avec Khartoum. Une lutte au plus haut niveau du jeune Etat, estime l'ONG Enough Project, qui milite pour la paix aux Soudans. Objet de cette lutte : la présidentielle de 2015 à laquelle vont concourir, en rivaux sérieux, Salva Kiir et les deux personnalités clés réduites au silence. Le fragile consensus est totalement rompu et voue à la marginalisation la personnalité controversée de Machar, ralliant Khartoum après avoir fait défection dans les rangs du SPLM qu'il a rejoint une seconde fois. En avril, Salva Kiir a décidé de réduire ses pouvoirs, avant de l'envoyer, deux mois plus tard, à Khartoum pour des discussions avec le président Omar El Béchir. Sur fond de rivalité politique, la crise fait craindre une période d'instabilité dans le jeune Etat confronté à de sérieux défis : les stigmates de la guerre civile (1983-2005), la sécurité menacée par de sanglants affrontements ethniques et le lourd héritage du sous-développement. Deux ans après son accession à l'indépendance, proclamée le 9 juillet 2011, tout reste à faire dans l'un des plus pauvres pays du monde, du reste privé de sa principale recette (le pétrole). Tributaire des oléoducs de Khartoum qui a décidé de fermer les vannes, en l'absence d'un compromis mutuellement acceptable, la production est suspendue depuis un an. De fortes tensions entourent les négociations entre les deux « frères ennemis », supervisées par l'Union africaine. Aucun progrès n'a été enregistré sur les dossiers sensibles du partage du pétrole aux 3/4 hérité par le Soudan du Sud, le tracé des frontières et le statut contesté d'Abeye. Conséquence : le processus de négociation renvoyé aux calendes grecques. La remise en ordre se décline en rupture avec la génération des anciens cadres du SPLM qui ont joué un rôle clé dans le combat contre le régime de Omar El Béchir. « Donnez au président une chance de former son gouvernement. Il a déjà habilité les technocrates à gérer les affaires courantes », a déclaré, hier, Barnaba Marial Benjamin, l'ancien porte-parole du gouvernement et ministre de l'Information, sur une radio soutenue par l'ONU, Radio Miraya. Un appel au calme a été lancé, pendant que les forces de l'ordre prenaient le contrôle de la capitale, Juba, et la protection du complexe gouvernemental. Désormais, l'unité de façade a volé en éclats. Le malaise perceptible entre le président Kiir et les deux figures de proue renseigne sur la dégradation des relations devenues exécrables, depuis plusieurs mois, et l'état de divisions étalées sur la place publique. Dans la perspective de la présidentielle de 2015, l'homme fort du Sud-Soudan impose son autorité pour se présenter en candidat incontes té et sans concurrent.


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