Algérie

Le président Macron fixe les contours du débat national pour tenter d'éteindre les colères des Français



La "lettre aux Français" (4 pages), tant attendue et que le président français a publiée dès le soir de dimanche à travers les médias et les réseaux sociaux, vise à cadrer les enjeux du "grand débat national", mais à aucun moment ne remet en cause les réformes gouvernementales ou évoque de changement de cap, suite à la pression de la rue, animée par le mouvement des "gilets jaunes", depuis deux mois.C'est un message de fermeté qu'il a voulu transmettre à travers sa lettre et, en même temps, d'ouverture en appelant tous les Français à participer au "grand débat national". Il reconnaît d'emblée que le sens des injustices chez les Français est "plus vif qu'ailleurs", soulignant qu'un grand nombre de Français paie un impôt sur le revenu, "parfois lourd, qui réduit les inégalités".

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"Je sais, bien sûr, que certains d'entre nous sont aujourd'hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n'offre pas les mêmes chances de réussir selon le lieu ou la famille d'où l'on vient", a-t-il expliqué dans sa lettre qui contient un nombre de questionnements (une trentaine de questions).
Il propose, dans cette opération politique, à ses compatriotes d'entrer "dans une phase plus ample" et de participer à des débats près de chez eux ou de s'exprimer sur internet pour "faire valoir vos propositions et vos idées", accordant aux maires, dans ce débat, un "rôle essentiel".
Pour lui, ce débat devra répondre à des questions essentielles qui "ont émergé ces dernières semaines", annonçant retenir quatre grands thèmes : la fiscalité et les dépenses publiques, l'organisation de l'Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.
A peine diffusée, la "lettre aux Français" critiquée
A peine diffusée, la "lettre aux Français" a suscité des critiques auprès de la classe politique qui dénonce, entre autres, l'absence de débat sur l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) payé par les personnes détenant un patrimoine net taxable strictement supérieur à un certain seuil d'entrée au 1er janvier de l'année considérée. Supprimé en 2018, cet impôt constitue l'une des principales revendications des Français en colère qui, par souci d'équité, demandent son rétablissement.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a estimé qu'"on ne convoque pas tous les Français à un débat en leur interdisant de parler par exemple de l'ISF", soulignant que les conclusions du débat "doivent être celles des Français pas celles déjà prévues par le président de la République".
De son côté, le député de La France insoumise (LFI), Eric Coquerel, a critiqué encore une fois la verticalité de la politique du président Macron.
"Pas de question interdite mais pas touche aux mesures économiques et fiscales. Pour le reste les questions énumérées par Emmanuel Macron renseignent sur les décisions qu'il annoncera seul. Le peuple peut débattre, Jupiter tranchera", a-t-il écrit sur son compte Twitter, alors que le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a averti qu'il ne veut pas que "ce débat soit l'occasion d'éviter de répondre aux questions de justice fiscale et de justice sociale que posent les Français depuis des mois".

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D'après lui, "il doit encore moins servir à cautionner des politiques d'austérité encore plus sévères".
Pour sa part, le chef de fil de Générations, ancien candidat du PS à l'élection présidentielle, Benoît Hamon, a considéré cette lettre "décevante", "faible", "prévisible, sans souffle ni vision".
"Elle confirme nos inquiétudes. Le président de la République cherche par cette lettre à se sortir d'une mauvaise passe, mais pas à répondre aux Français", a-t-il soutenu.
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, a indiqué que le président Macron "ne cherche qu'à gagner du temps".
L'ancien cadre du Front national (devenu Rassemblement national) et qui a fondé le mouvement des Patriotes, Florian Philippot, a qualifié la lettre d'"extrêmement longue, illisible, et surtout des questions souvent fermées, orientées, des sujets fondamentaux absents".
Le président du parti Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a lui aussi publié une "lettre aux Français" dans laquelle il dénonce la politique menée par le président Macron.
"Le président doit retrouver le sens des responsabilités, cesser les provocations et les coups de mentons, respecter enfin les Français et changer profondément sa politique", a-t-il écrit.


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