Le président du Chili Sebastian Piera a écarté l'éventualité d'une démission et s'est dit ouvert à une réforme de la Constitution et au dialogue en cette troisième semaine de contestation dans son pays.Dix-huit jours après le début d'une fronde sociale inédite qui a fait 20 morts dans ce pays considéré jusqu'à récemment comme un des plus stables d'Amérique latine, la mobilisation ne faiblit pas. Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus lundi dans les rues, donnant lieu à de violents affrontements avec les forces de l'ordre. Mardi, quelque 2 000 personnes se sont rassemblées sur la Plaza Italia, dans la capitale, selon la municipalité de Santiago, où de légers incidents ont été rapportés.
La veille lundi, les rassemblements en divers endroits de Santiago et d'autres villes, comme Valparaiso et Via del Mar, ont donné lieu à de violentes altercations entre manifestants et forces de l'ordre. La crise sociale a commencé le 18 octobre après l'annonce d'une augmentation du ticket de métro, qui a été depuis annulée sans faire retomber la colère populaire.
Révoltés par les inégalités sociales et une élite politique jugée totalement déconnectée du quotidien de la grande majorité des Chiliens, les manifestants réclament notamment une réforme du système de retraites et une révision de la Constitution, tous deux hérités de la période de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990), ainsi que de profondes réformes du modèle économique ultralibéral chilien.
Cible de critiques, le chef de l'Etat, qui gardait le silence depuis plusieurs jours, a écarté l'éventualité d'une démission, que réclament de nombreux opposants. "J'irai jusqu'à la fin de mon mandat. J'ai été élu démocratiquement, par une large majorité de Chiliens, j'ai un devoir et un engagement envers mes électeurs et envers tous les Chiliens", a affirmé Sebastian Piera, interrogé par la BBC.
Après avoir décrété l'état d'urgence dans la foulée de la crise sociale, faisant appel aux militaires et instaurant un couvre-feu, le président s'est dit mardi pour la première fois ouvert au dialogue. Les manifestations quotidiennes ont été émaillées d'échauffourées, de pillages et d'accusations de violences policières. «Nous sommes disposés à discuter de tous les sujets, y compris une réforme de la Constitution», a-t-il déclaré après plusieurs jours sans annonce, un fait inhabituel pour ce dirigeant hyperactif et omniprésent. Approuvée en 1980 lors d'un référendum, la Constitution a permis aux partis conservateurs de conserver leur pouvoir, même une fois la dictature terminée en 1990.
Mardi, le président Piera, ancien hommes d'affaires, qui peine encore à calmer la colère de son peuple, a annoncé une série de mesures pour les PME affectées par la crise. Les 6.800 entreprises concernées par les destructions, pillages et incendies depuis le début de la crise, devront bénéficier d'aides financières, d'assouplissements dans les paiements et de réductions d'impôts. La crise a également affecté le peso qui a perdu mardi 1,8% - à 749 pesos pour un dollar - sa plus faible valeur depuis 2003, et les analystes estiment qu'il pourrait encore baisser. Selon un sondage de l'institut Criteria, 79% des Chiliens pensent en revanche que les manifestations «auront des conséquences positives». Le président Piera avait dû annoncer mercredi l'annulation du sommet de l'Apec (forum de coopération économique Asie-Pacifique) qui devait se tenir à Santiago les 16 et 17 novembre, et de la conférence de l'ONU sur le climat COP 25, également prévue dans la capitale en décembre.
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Posté Le : 07/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R I
Source : www.lnr-dz.com