Algérie

Le président du SNM en rajoute une couche



Le président du Syndicat national des magistrats s'en prend à un «groupuscule» d'avocats, qui «se voilant derrière leurs robes noires, s'adonnent trop au charlatanisme et aux affaires, exploitant des dossiers judiciaires et les détournant de leur contexte», invitant, au passage, les enfants du secteur, magistrats et avocats, à les «dénoncer» et à les «combattre».M. Kebci - Alger (Le Soir) - Mabrouk Issaâd qui intervenait, hier vendredi, à l'ouverture des travaux de la première session ordinaire du conseil national du Syndicat national des magistrats au niveau de l'hôtel l'Olympic, sis à Dély-Brahim, sur les hauteurs de la capitale, n'a pas du tout été tendre à l'endroit des avocats, pas tous, mais une «infime» partie de ce corps. Une corporation qui compte en son sein, a-t-il reconnu, des «sommités à la compétence avérée et reconnue qui donnent au quotidien des exemples en matière de défense des droits et de protection des libertés», exprimant le souhait de construire avec eux une «étroite et durable collaboration à même d'arriver à l'Etat de droit loin de toute enchère».
Cela dit, le président du SNM regrette la présence au sein de cette large corporation d'un «groupuscule» d'avocats qui, selon lui, «se voilant derrière leurs robes noires pratiquent trop de charlatanisme et autre affairisme, exploitant des dossiers judiciaires et les détournant de leur contexte», invitant, les enfants du secteur, magistrats et avocats, à les «dénoncer et à les combattre».
Cette «précision» du président du SNM vient au lendemain de l'incident survenu, le 24 septembre écoulé, entre le président de la première chambre pénale près la cour d'Alger et le bâtonnier de la capitale. Un incident à l'origine de la colère de la corporation des avocats que la réaction de la section d'Alger du SNM a exacerbée, elle qui avait apporté un soutien franc à l'un des siens, accusant Me Abdelmadjid Sellini d'avoir voulu «imposer sa requête contre l'avis du juge», à travers un comportement «répréhensible» qui constitue, selon elle, une «atteinte à une autorité d'une institution souveraine de l'Etat», passible, selon les articles 144 et 147 du code pénal, de jusqu'à deux ans de prison.
Evoquant le corps des magistrats, Mabrouk Issad a affirmé que cette session ordinaire du SNM intervient dans un contexte sensible pour le pays mais également pour cette corporation du fait des développements charriés par le mouvement populaire du 22 février 2019 marqué quant, notamment au rôle des magistrats. Et de soutenir que «débarrasser la corporation de tout appétit politique et de pressions individuelles doit être l'affaire de tous les segments de la société et pas seulement celle de catégories sans les autres». Et de préciser, dans cet ordre d'idées, que le SNM n'est pas un comité de soutien de personnes ou d'une partie opposante et sa marge d'indépendance est son capital constant qui n'autorise aucune concession».
Pour le président du SNM, la corporation des magistrats constitue en dépit des manques et des critiques, la «locomotive» de la justice alors que les avocats font office de « garantie de la défense de droits et la dénonciation des dépassements, estimant «qu'aucune man?uvre ne peut attenter à la relation fraternelle entre les magistrats et les avocats».
Vers un appui du projet de révision constitutionnelle
Au sujet du projet de révision constitutionnelle, le président du Syndicat national des magistrats soutient que ce texte est porteur de «dispositions inédites» pour le pouvoir judiciaire, exprimant, dans la foulée, l'espoir que les «lois organiques consacreront l'indépendance de la justice et garantiront la sécurité judiciaire de manière concrète». Ce qui ne laisse aucun doute quant à un appui du syndicat à ce projet, ce qui devrait figurer parmi les résolutions qui seront adoptées, aujourd'hui samedi, à l'issue de cette session du conseil national de l'organisation. Une session initialement prévue en avril dernier mais reportée donc à ce week-end pour cause de crise sanitaire induite par la pandémie du coronavirus.
Pour Mabrouk Issaâd, les magistrats sont «conscients des défis et des enjeux actuels et futurs et expriment leur disponibilité à accomplir leurs missions pour peu «qu'il y ait la volonté politique et la protection nécessaires pour assurer l'indépendance de la justice à même de garantir la tranquillité et la protection pour tous».
M. K.


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