Algérie

Le président de l’APC a présenté le bilan de son mandat: El Khroub, une expérience d’intercommunalité



Le président de l’APC a présenté le bilan de son mandat:  El Khroub, une expérience d’intercommunalité


C’est l’une des communes les plus visibles sur le territoire national. Ville-santé, jumelle de Mulhouse, pionnière dans le programme Capdel, la municipalité d’El Khroub, à l’est de Constantine, n’est ni pauvre ni démunie.

C’est une ville prospère, en pleine expansion. La preuve? Elle est aujourd’hui symbole d’intercommunalité avec trois nouvelles villes érigées sur son territoire. Autre particularité, son maire FFS, le Pr Abdelhamid Aberkane, ex-ministre de la Santé, a décidé de présenter le bilan de l’Assemblée devant la société civile, en un dernier exercice démocratique. Fait inédit. Il veut jouer la carte de la transparence jusqu’au bout de son mandat.

«L’ultime», dit-il, puisqu’il se retire de la vie politique, mais pas du combat citoyen, pour des raisons liées à son âge et à sa santé.

El Khroub est une région rurale et agricole qui, au fil du temps, s’est modernisée et a détrôné Constantine en termes de qualité de vie.

«Nous avons réussi dans certains secteurs mieux que Constantine, lors de l’événement ‘Capitale de la culture arabe’», a affirmé le maire avec un soupçon de raillerie.

L’édile n’est pas peu fier de son mandat. Et comment peut-il en être autrement, alors qu’il a réussi le challenge de détrôner le FLN de son fief de toujours. Un terrain familier, où il a auparavant effectué un mandat sous cette même bannière. Avec un budget de 160 milliards de centimes, la commune, selon son premier responsable, a fait des prouesses. Education, santé, environnement et espaces verts, éclairage public, emploi, désenclavement… Les avancées au profit du citoyen durant ces cinq dernières années ont connu un bond sensible, en dépit du grain de sel des «autorités». La Ville-santé s’est attelée à améliorer les conditions d’accueil et de fonctionnement dans ses structures sanitaires. Elle est la première municipalité sur le territoire national à s’être dotée d’un centre de santé communautaire. Elle a fait de son bureau d’hygiène une priorité et s’est lancée dans l’hospitalisation à domicile en collaboration avec l’association Waha d’aide aux malades du cancer. Elle s’est aussi distinguée par l’ouverture d’un centre pour les trisomiques, un autre pour les autistes et un espace pour les diabétiques au niveau de son EPSP, donnant ainsi une dimension réelle à son slogan «La municipalité, amie de la santé publique».

La présentation du bilan a révélé, à n’en point douter, des réalisations, des projets en instance et d’autres bloqués. Il ne faut pas perdre de vue que l’élu n’a pas les coudées franches et que sa marge de manœuvre est réduite. Le code communal ne lui confère pas les pleins pouvoirs. L’interférence de l’administration impacte par endroits le programme de développement communal (PCD). El Khroub, qui est une municipalité «d’opposition» avec 11 élus FFS, subit cette ingérence, quand bien même le président de l’APC s’abstient de polémiquer là-dessus. Il préfère mettre en lumière les acquis de la circonscription. Un budget de 45 milliards de centimes est alloué à la maintenance des 95 écoles primaires, réparties sur le territoire d’El Khroub et de la nouvelle ville Ali Mendjeli, dont elle a la charge administrativement, avec celles de Massinissa et Aïn Nahass.

Avec la création d’une EPIC pour leur gestion, plus une formalité qu’une entité effective, la définition des responsabilités et des prérogatives du maire en sort confuse.

«Il y a une légitimité, mais ces villes ont été érigées dans l’urgence. La logique territoriale dépasse les prérogatives de l’APC, le dispositif a brouillé les responsabilités», explique notre interlocuteur qui ne part pas avec un goût d’inachevé, mais regrette que quelques projets qui lui tiennent à cœur n’aient pas pu aboutir.

«Nous nous sommes battus pendant cinq ans contre les extensions illicites de constructions ou de commerces. Nous avons livré bataille contre ce phénomène, mais sans grand succès. La commune n’est pas habilitée à intervenir dans ce domaine. Elle doit saisir le chef de daïra, lui seul peut actionner la police de l’urbanisme.»

Et de citer l’exemple d’un cas flagrant au niveau du marché, sans que le propriétaire ne s’en inquiète: «J’ai même emmené le wali in situ, mais rien ne fut.» Un constat d’échec qui interpelle encore une fois sur le réel pouvoir des élus, phagocyté par celui de l’administration. Tel un leitmotiv, les écueils dans la gestion locale prennent tout leur sens dans le secteur du logement.

El Khroub a bénéficié d’un quota de 5.000 unités. Seules 1.300 ont été distribuées durant ce mandat. A deux reprises, les demandeurs ont manifesté leur mécontentement devant le siège de la daïra. La politique de la résorption de l’habitat précaire et du glissement de terrain a mobilisé tous les programmes de logements sociaux dans la wilaya. Les contraintes sont aussi palpables dans le dossier du foncier. Si les collectivités sont sommées par la tutelle de faire fructifier leur patrimoine pour renflouer la trésorerie, certains élans sont freinés. L’investissement est du ressort de la wilaya. Le projet d’un centre commercial devant prendre forme sur le site de l’ancien Souk el fellah a été bloqué par un wali. Une décision qui a privé la collectivité d’une manne financière régulière de 3 milliards de centimes.

L’autre grand chantier entamé est celui du désenclavement. La commune n’est pas seulement un centre urbain, elle est ceinturée d’une multitude de hameaux et de fermes. L’Assemblée a œuvré pour briser leur isolement en encourageant la construction de 750 logements ruraux, en traçant des routes et en les connectant aux systèmes AEP et d’assainissement.

«Nous espérons que la prochaine Assemblée élue poursuivra le même modèle de développement et peut-être faire mieux», a souhaité le maire sortant.

Et de s’attarder sur une autre initiative de son règne qu’est la démocratie participative. El Khroub dispose à la fin de ce mandat de 60 comités de quartier et d’une centaine d’associations. Elle a installé un conseil consultatif, très impliqué dans la gestion locale.

Pourquoi le choix du FFS ?

«Pour élargir le champ de la démocratie. Aucun parti n’est l’apanage d’une région», dira-t-il pour fermer ce chapitre.


Photo: La ville d'El Khroub

Naïma Djekhar


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