Alors que la justice devait trancher hier sur la question du renvoi de
l'affaire de l'assassinat de l'enseignant universitaire Ahmed Kerroumi devant
le tribunal criminel, un imprévu s'est produit. Le président d'audience de la
chambre d'accusation près la cour d'Oran, qui avait examiné cette affaire le 18
mars dernier et en devait rendre la décision hier après trois semaines de
délibéré, a eu subitement un malaise et s'est déclaré en incapacité de
poursuivre l'audience. En effet, selon nos informations, l'incident est survenu
au cours de l'audience, en fin de matinée, et le magistrat concerné, M.
Yacoubi, a dû être transporté dans une clinique cardiaque privée où il a été
maintenu sous haute surveillance médicale.
Renseignement pris auprès du parquet général de la cour d'Oran, on a pu
confirmer que le non-prononcé de la décision attendue hier était en rapport
direct avec un malaise qu'a eu le président d'audience et qui l'a empêché de
poursuivre la séance. Suite à cette déprogrammation pour cause d'état de santé,
l'audience a été reportée au dimanche 15 avril, précise-t-on de même source.
Toutefois, suite à ce fait, cette juridiction d'instruction de 2e degré
reprendra de zéro l'examen de l'affaire, comme si elle venait de la connaître
pour la première fois. Autrement dit, l'audience (débat, réquisitions du
ministère public, plaidoiries de la défense…), qui a eu lieu le 18 mars
dernier, sera considérée comme « nulle ». Un autre magistrat sera
éventuellement désigné pour examiner ce dossier, avec l'assistance de deux
conseillers s'entend.
Ce nouvel épisode - pour le moins inattendu - dans l'affaire d'assassinat
de l'enseignant universitaire Ahmed Kerroumi n'a pas manqué toutefois de
provoquer des réactions marquées par un ton de suspicion, voire de remise en cause
du motif invoqué, du côté des avocats de la défense et de la famille de
l'inculpé. En effet, ce énième report de l'affaire a apporté de l'eau au moulin
d'une défense peu approbatrice quant à la manière dont a été traitée cette
affaire tout au long de la procédure, depuis les premières investigations
diligentées par la police jusqu'au traitement du dossier par la chambre
d'accusation en passant par l'information judiciaire confiée au juge
d'instruction près la 9e chambre du tribunal d'Oran, sis Cité Djamel.
« Nous comprenons que soit reportée l'affaire pour cause de mauvais état
de santé de l'un des membres composant la chambre d'accusation, le président
d'audience en l'occurrence dans ce cas de figure. Cela peut arriver, c'est tout
à fait normal. Mais l'incompréhensible c'est la décision de revenir à la case
départ ; l'audience consacrée à l'examen du dossier a déjà eu lieu le 18 mars
(conclusions écrites remises, observations orales formulées, plaidoiries des
différentes parties effectuées, etc.), au terme de quoi la chambre a mis en
délibéré la décision sous quinzaine (le 1er avril). Cette date venue, le
‘verdict' n'a pas été rendu et on devait patienter une autre semaine
supplémentaire car la juridiction a décidé d'une prolongation du délibéré sous
huitaine sous prétexte qu'elle avait besoin de plus de temps pour bien fonder
sa sentence. Et nous voilà aujourd'hui partis pour une autre semaine de
suspense, vers l'inconnu », observe un des avocats de la défense. L'information
judiciaire ayant été menée à bout, le dossier devait être -conformément aux
dispositions du code de procédure pénale - examiné par cette juridiction avant
son envoi devant le tribunal criminel.
Théoriquement, deux suites principales sont à envisager : soit que le dossier
sera renvoyé, directement, devant le tribunal criminel, soit qu'il retournera
en instruction pour un éventuel complément d'information. Mais dans tous les
cas, pour le présumé auteur du crime, B. Mohamed, 28 ans, la comparution devant
la cour d'assises n'est qu'une question de temps. Reste à savoir néanmoins si
la chambre d'accusation approuvera ou non les demandes de la défense, qui se
résument en quatre points : l'accès à certains éléments matériels à charge mis
sous scellés, une contre-expertise ADN, un réexamen plus poussé de l'historique
des appels émis et reçus par le téléphone mobile de la victime durant sa
disparition et l'audition de certains «témoins-clés» - du point de vue des
avocats de l'inculpé. Ces requêtes avaient été rejetées, toutes en bloc, lors
d'un premier passage de l'affaire devant la chambre d'accusation,
rappelle-t-on. Mais rien n'empêche la défense de revenir à la charge, elle qui
dénonce «une instruction à sens unique, invariablement à charge».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 09/04/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Houari Saaïdia
Source : www.lequotidien-oran.com