Le net rejet par le Parlement tunisien du gouvernement proposé par Ennahdha est un coup dur pour le parti islamiste, les négociations étant désormais entre les mains du président Kais Saied qui doit trouver un nouveau Premier ministre. Au terme de plus de 12 heures de débats et d'un marathon de négociations de dernière minute, le Parlement a clairement rejeté dans la nuit de vendredi à samedi le cabinet proposé par Ennahdha, par 134 voix sur 219. Trois mois après les élections, cela augure à nouveau de plusieurs semaines de négociations laborieuses à l'issue largement imprévisible, alors que le pays fait face à d'importants défis sociaux et économiques. Le président Saied a désormais dix jours pour engager des consultations afin de trouver "la personnalité jugée la plus apte" qui aura un mois pour former un gouvernement. Il a commencé par recevoir samedi matin le chef d'Ennahdha et président du Parlement Rached Ghannouchi, insistant, selon la Présidence, sur "l'importance du respect de la Constitution". Vendredi soir, le patron de télévision Nabil Karoui, chef du parti Qalb Tounes, seconde force au Parlement (38 sièges), s'est présenté comme alternative, évoquant une "initiative nationale" fédérant des blocs et partis disparates. Il a cité les nationalistes arabes d'Echaab, les libéraux de Tahya Tounes et du bloc de la réforme nationale, des indépendants. Echaab a rapidement démenti rejoindre une telle alliance. M. Karoui, sous le coup de poursuites pour fraude fiscale, avait été battu à la présidentielle par Kais Saied qu'il avait qualifié de "islamo-conservateur renfermé". Le président Saied, un universitaire largement élu en octobre et très critique du système parlementaire, est un farouche indépendant qui n'a pas d'allié naturel dans l'hémicycle, et s'est positionné à égale distance des partis. Mais il est jugé plus proche des formations revendiquant les idéaux de la révolution de 2011, comme Echaab et le Courant démocratique de l'ex-opposant Mohamed Abbou. Il avait tenté de relancer des négociations entre ces formations et Tahya Tounes, le parti du Premier ministre sortant Youssef Chahed lors des négociations récentes. Si le candidat choisi par M. Saied échouait à son tour à former un gouvernement, l'heure serait à la dissolution de l'Assemblée, au risque de retarder encore les mesures nécessaires pour juguler l'inflation et le chômage pesant sur les ménages tunisiens.
R. I./Agences
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/01/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R I
Source : www.liberte-algerie.com